Début avril, la 23e Fête du livre jeunesse de Villeurbanne réunira une cinquantaine d’auteurs.es et d’illustrateurs.trices jeunesse pour des rencontres, spectacles et ateliers. Une fête joyeuse et populaire, la dernière de Gérard Picot, directeur artistique et fondateur du festival, qui tire sa révérence. Interview.
« Grandir » sera le thème de cette édition. Pourquoi ce choix ?
C’est tellement compliqué de grandir ! C’est bourré de traumatismes. Et pourtant, l’enfant arrive toujours à s’émerveiller… Et puis, grandir, on le fait toute notre vie. On n’en sort pas de ce lien à l’enfance : on traîne nos boulets, on se demande ce qu’on a fait de nos promesses d’enfant. Tous les auteurs invités cette année ont traité cette notion de grandir, avec ce que ça implique de bonheur et de difficulté.
Un mot sur l’invitée d’honneur, Magali Le Huche ?
Magali est appréciée autant en CP avec Jean-Michel le Caribou qu’au collège avec la bande dessinée Nowhere Girl, qui raconte comment les Beatles l’ont sauvée de l’échec scolaire quand elle avait 11 ans. Elle dit aux enfants qu’ils peuvent tout faire dans la vie, qu’ils doivent avoir confiance en eux. C’est ça la Fête du livre jeunesse : des moments d’intimité avec les auteurs, une jubilation partagée pour que les enfants disent : « C’est quand la prochaine ? » À la Maison du livre, elle va créer toute une exposition qui va envoyer du lourd ! Ses albums y seront déclinés en quatre univers colorés, avec le rez-de-chaussée consacré à Jean-Michel le Caribou.
Quels sont vos coups de cœur ?
Les Souffleurs vont amener la poésie au creux de l’oreille du public en lui chuchotant des poèmes. Et nous allons balancer 50 000 poèmes du haut de la Maison du livre pour danser sous une pluie de poésie ! Côté spectacles, il y aura La Plus Petite Grande Roue du monde, une roue de huit mètres activée par un fou furieux hilarant, et la Rattenfanfare : des musiciens déguisés en rat qui vont se glisser parmi le public… On veut désacraliser le livre, que les enfants voient que les adultes peuvent les faire triper, mais aussi qu’ils soient acteurs : ils co-animeront les débats parce qu’ils posent les vraies questions, des questions sans filtre. Et ça fait des merveilles.
C’est votre dernière année à la tête de la Fête après 23 ans. Quel est votre sentiment ?
J’ai eu pendant 23 ans des conditions de travail idéales. Mon métier, c’est de dire que tout est possible. Je ne suis pas sûr que le prochain directeur artistique aura la même liberté… Mais ce n’est pas parce que c’est ma dernière Fête du livre à Villeurbanne que c’est ma dernière ! J’aime les défis : à Lyon, il n’y a rien sur la poésie pour les enfants… Comment souhaitez-vous voir évoluer la Fête du livre jeunesse? Prenez-en soin. Et restez fou ! On a créé une fête du livre respectée qui attire les éditeurs. Beaucoup sont menacées par les politiques, comme celle de Saint-Priest qui n’existe plus. J’espère que les élus donneront les moyens de réaliser de belles choses. Pour moi, il faut finir sur du Picot, et du Picot, il va y en avoir! Je vais plier le game !
Une fête qui promet bien des surprises
Deux jours durant, petits et grands pourront rencontrer les auteurs.es qui les font grandir : Serge Bloch, Delphine Perret, Emmanuelle Houdart, Claire Garalon ou encore Magali Le Huche. L’auteure de la série Paco et de Jean-Michel le Caribou dessinera en direct lors du concert d’inauguration de l’École nationale de musique, avant de laisser place aux marionnettes du spectacle participatif Le Ballet du montreur. Tout au long de la Fête, des ateliers créatifs seront proposés par des illustrateurs ou des étudiants de l’école Émile Cohl, et l’équipe de l’artiste JR photographiera les enfants en train de dévorer leur livre préféré avant d’afficher les portraits sur les murs de la ville. À vos bouquins !
Infos pratiques
23e Fête du livre jeunesse de Villeurbanne, les samedi 2 et dimanche 3 avril de 10h à 19h, à la Maison du livre, de l’image et du son et plusieurs lieux de Villeurbanne. Tout public. Programme complet sur fetedulivre.villeurbanne.fr.
Article rédigé par Louise Reymond • Photo d’ouverture : © DR