Au Festival de Cannes 2016, Divines a reçu la Caméra d’Or qui consacre le meilleur premier film, toutes sélections confondues. Sa réalisatrice, Houda Benyamina, a alors fait un discours débordant qui fut diversement apprécié. Son œuvre vaut mieux que cela et renouvelle avec une énergie explosive le « film de filles de banlieue ».
Dounia et Maimouna sont inséparables depuis l’enfance. Ensemble, elles ont toutes les audaces et surtout celle de s’extraire à tout prix de leur condition. Les pieds ancrés dans une réalité difficile, Dounia comprend vite que son BEP d’hôtesse ne la mènera nulle part. Elle décide de prendre son destin en main et d’aller chercher l’argent là où il se trouve. Sa tchatche, sa débrouillardise et l’amitié infaillible de sa copine Maimouna seront ses meilleures armes. Sa plus grande faiblesse, aussi.
Cette fable, qui illustre la volonté de sortir de la banlieue et de la dèche, possède une énergie unique. Non seulement Houda Benyamina regarde la réalité en face, mais elle parvient à parsemer son récit d’humour et de scènes aussi émouvantes qu’épatantes : le cours de BEP qui dégénère, les rêves inaccessibles partagés sur un parking, la fascination pour la danse, etc. Si ce film possède cette puissance, c’est en grande partie grâce à ses interprètes, surtout à la jeune Oulaya Amamra, sœur de la réalisatrice, qui crève littéralement l’écran.
Véronique Le Bris