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Smartphone, impacts et bon usage chez les enfants © Susie Waroude
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À l’aide, mon enfant a un smart­phone !

Mis à jour le 10/10/2023

Dans un monde de plus en plus connecté, les smart­phones sont deve­nus des compa­gnons indis­pen­sables pour les adultes, mais aussi pour de nombreux enfants. Cepen­dant, l’om­ni­pré­sence de ces petits appa­reils tech­no­lo­giques dans le quoti­dien des plus jeunes soulève de nombreuses inquié­tudes. Grains de Sel est allé inter­ro­ger parents et spécia­listes afin de déter­mi­ner les bons usages à adop­ter et éviter les débor­de­ments dange­reux.

Lire la suite de ce dossier : «  Smart­phone: la meilleur arme des parents, c’est l’écoute »

Les kids ne perdent pas de temps ! Neuf ans et neuf mois, c’est l’âge moyen auquel un enfant reçoit son premier smart­phone d’après un sondage de Média­mé­trie mené en 2020. Aujourd’­hui, près d’un enfant sur huit (entre 7 et 10 ans) en possède un. Il y a plusieurs raisons à cet engoue­ment précoce. Tout d’abord, c’est souvent un cadeau des parents qui souhaitent donner un peu de respon­sa­bi­lité à leur enfant. D’autres admettent avoir simple­ment cédé aux demandes répé­ti­tives de leur progé­ni­ture. Enfin, beau­coup craquent par peur que leur enfant se sente exclu à l’école ou pour éviter qu’il s’en­nuie. Bien que la grande majo­rité des parents estiment que ces petits écrans de poche permettent à leurs enfants de s’adap­ter à leur époque, leurs effets nocifs suscitent toujours autant de débats.

Le smart­phone, de plus en plus tôt entre les mains des enfants

L’évo­lu­tion rapide de la tech­no­lo­gie a entraîné une utili­sa­tion précoce et géné­ra­li­sée des smart­phones, susci­tant de nombreuses préoc­cu­pa­tions parmi les experts en déve­lop­pe­ment de l’en­fance et profes­sion­nels de la santé. Avec les possi­bi­li­tés infi­nies et les distrac­tions instan­ta­nées qu’offre le smart­phone, nos chers petits sont de plus en plus suscep­tibles de deve­nir accros à ce gadget magique ! Avec son écran lumi­neux, ses couleurs écla­tantes et ses appli­ca­tions inter­ac­tives, le smart­phone a tout pour séduire les enfants qui peuvent alors passer des heures à jouer, regar­der des vidéos ou se bala­der sur les réseaux sociaux.

Mais cette utili­sa­tion exces­sive peut avoir un impact néga­tif sur leur déve­lop­pe­ment émotion­nel et social. D’où l’at­ten­tion parti­cu­lière des parents et de tout profes­sion­nel de l’en­fance à ce phéno­mène de société. Le choix de l’âge auquel offrir à un enfant son premier smart­phone est une ques­tion déli­cate. Selon Chris­tophe Doré, inter­ve­nant et forma­teur à l’as­so­cia­tion Fréquence École, « il n’y a pas d’âge idéal pour confier un smart­phone à un enfant. La déci­sion dépend de son envi­ron­ne­ment physique, son degré de matu­rité et les appli­ca­tions spéci­fiques qu’il sera auto­risé à utili­ser…  »

Néan­moins, il est géné­ra­le­ment recom­mandé d’at­tendre l’en­trée au collège, où les enfants commencent à montrer une capa­cité accrue à gérer les tech­no­lo­gies numé­riques. Cela dit, il reste essen­tiel de fixer des limites claires et de super­vi­ser atten­ti­ve­ment l’uti­li­sa­tion du smart­phone afin d’as­su­rer la sécu­rité et le bien-être de l’en­fant, tout en encou­ra­geant une utili­sa­tion saine et équi­li­brée de la tech­no­lo­gie.

Smartphone, impacts et bon usage chez les enfants © Susie Waroude
© Susie Waroude

Gare aux effets secon­daires du smart­phone sur les enfants

En tant que parent, il est diffi­cile de se faire une idée claire parmi les recom­man­da­tions contra­dic­toires du monde scien­ti­fique. Au cours des dernières années, un grand nombre d’études ont été publiées, mettant en garde contre les dangers des écrans tout en souli­gnant leurs avan­tages péda­go­giques. « Contrai­re­ment aux adultes, il existe peu d’études scien­ti­fiques concluantes sur le déve­lop­pe­ment du cerveau durant l’en­fance. Il est donc véri­ta­ble­ment diffi­cile de mesu­rer l’im­pact du smart­phone sur les plus jeunes », révèle Irène Cris­to­fori, ensei­gnante et cher­cheuse en neuros­ciences à l’Uni­ver­sité Claude-Bernard, Lyon 1.

L’en­fance et l’ado­les­cence sont pour­tant des périodes cruciales dans le déve­lop­pe­ment neuro­lo­gique humain, en œuvre jusqu’à l’âge de 25 ans selon Irène Cris­to­fori. Le cerveau subit des chan­ge­ments struc­tu­rels et fonc­tion­nels signi­fi­ca­tifs qui exposent les enfants à un risque plus élevé d’ad­dic­tion. Souvent, les parents choi­sissent la solu­tion facile en utili­sant smart­phones et autres écrans comme une sorte de baby-sitter virtuel afin d’oc­cu­per ou de calmer leurs enfants.

La satis­fac­tion instan­ta­née qu’en procure l’uti­li­sa­tion peut ainsi créer une dépen­dance chez l’en­fant et s’ag­gra­ver au fil du temps, entraî­nant des troubles de l’at­ten­tion et des diffi­cul­tés sur le plan psycho­lo­gique, social et rela­tion­nel. Pour bien se déve­lop­per, un enfant a besoin d’in­te­ra­gir avec le monde exté­rieur, d’uti­li­ser ses mains pour faire toutes sortes d’ac­ti­vi­tés, de lire des livres… Autant d’oc­cu­pa­tions stimu­lantes insi­dieu­se­ment évin­cées par le temps d’écran. Idéa­le­ment, le smart­phone devrait prendre moins de place dans la vie des pré-ado, en pleine construc­tion.

« Les smart­phones peuvent servir de supports péda­go­giques, mais ne peuvent pas rempla­cer l’as­pect social, l’in­te­rac­tion et l’imi­ta­tion qui sont des procé­dés impor­tants dans l’ap­pren­tis­sage des enfants.  »

Irène Cris­to­fori, cher­cheuse en neuros­ciences

Un usage péda­go­gique du smart­phone pour les enfants

Dans certains cas toute­fois, smart­phones et autres tablettes peuvent stimu­ler la motri­cité fine de nos bambins via des appli­ca­tions spéci­fiques. Aussi leur utili­sa­tion dans les salles de classe devient-elle de plus en plus courante depuis quelques années. Ces appa­reils mobiles permettent en effet aux enfants d’ac­cé­der faci­le­ment à une multi­tude de ressources en ligne pour appro­fon­dir leurs connais­sances. De nombreuses appli­ca­tions sont conçues dans des domaines tels que les mathé­ma­tiques, les langues, les sciences ou encore l’his­toire et proposent des acti­vi­tés éduca­tives pour rendre l’ap­pren­tis­sage plus enga­geant et ludique.

Sans pour autant rempla­cer le profes­seur, ces appa­reils numé­riques permettent aussi d’in­di­vi­dua­li­ser l’en­sei­gne­ment en fonc­tion du niveau d’un élève, de favo­ri­ser son auto­no­mie et de lutter contre l’échec scolaire. Irène Cris­to­fori alerte toute­fois: « les smart­phones et tablettes peuvent servir de supports péda­go­giques, mais ne peuvent pas rempla­cer l’as­pect social, l’in­te­rac­tion et l’imi­ta­tion qui sont des procé­dés impor­tants dans l’ap­pren­tis­sage des enfants.  » Il convient donc de trou­ver un équi­libre entre l’uti­li­sa­tion des tech­no­lo­gies et les méthodes d’en­sei­gne­ment plus tradi­tion­nelles, afin de garan­tir une expé­rience d’ap­pren­tis­sage équi­li­brée.

Smartphone, impacts et bon usage chez les enfants © Susie Waroude
© Susie Waroude

Vivre sans smart­phone, cap ou pas cap ?

Dans la sphère domes­tique aussi, rares sont les parents qui font le choix d’éduquer leurs enfants sans télé­phone portable. Aman­dine fait excep­tion. Ayant grandi sans écran, elle a décidé de suivre cette approche avec ses deux fils, Lucas (7 ans) et Thomas (5 ans). Elle et son mari ont fait le choix de s’in­ves­tir dans l’édu­ca­tion de leurs enfants en favo­ri­sant les acti­vi­tés créa­tives, les jeux et les sorties en famille : « On est fans de Grains de Sel et de Lyon Family Crunch ! Il y a toujours une tonne d’ac­ti­vi­tés, de musées et de sorties à faire. Il suffit de bien se rensei­gner. » Même lorsque le temps est pluvieux, impos­sible pour la petite famille de rester cloî­trée chez elle : « On met les K-way, les bottes et on va au parc ! »

Dans leur envi­ron­ne­ment libéré de tout pixel, le seul point noir s’avère être l’école d’an­glais du petit Lucas qui donne des exer­cices ludiques à réali­ser sur smart­phone. « Autant je comprends les petites histoires à écou­ter en anglais, mais les jeux pour moi ça n’a aucun sens. Du coup, on ne les fait pas  », déplore Aman­dine en haus­sant les épaules. Pour autant, elle ne se voile pas la face et sait que le moment venu, proba­ble­ment au détour du collège, il faudra accep­ter les smart­phones : « Je n’ai pas envie de leur faire vivre ce que j’ai vécu avec les choix très tran­chés de mes parents. Ça peut créer un senti­ment de malaise et de déca­lage avec les autres.  »

Le smart­phone: oui mais avec un droit de contrôle

Dans un autre genre, Sophie a adopté une approche tout en nuance quant à l’uti­li­sa­tion du smart­phone par ses enfants. Cons­ciente des avan­tages et des incon­vé­nients, elle a donné à ses fils de 9 et 6 ans un ancien modèle pour qu’ils puissent jouer à des petits jeux et explo­rer Inter­net, avec l’ac­cord préa­lable obli­ga­toire de leurs parents. Selon elle, « le plus gros avan­tage de cette déci­sion est l’oc­cu­pa­tion du temps  ». Elle souligne que ses enfants appré­cient parti­cu­liè­re­ment les jeux éduca­tifs et les appli­ca­tions en anglais. En ce moment, son fils est passionné par les miné­raux et il utilise le smart­phone pour des recherches à leur sujet, quand il n’écoute pas de la musique. À l’école, tout va bien: le télé­phone n’a pas empiété sur les acti­vi­tés extra-scolaires des garçons, qui s’épa­nouissent dans le judo, le théâtre et le piano.

Pour Sophie, cet utili­sa­tion tout en sobriété du télé­phone portable permet à ses enfants de profi­ter de leur smart­phone de manière contrô­lée et produc­tive. Elle reste atten­tive à leur utili­sa­tion et encou­rage des acti­vi­tés diverses pour enri­chir leur déve­lop­pe­ment. Et pour parer les excès, les garçons utilisent le smart­phone tous les deux jours, pendant une tren­taine de minutes. Sophie admet cepen­dant devoir être présente pour régu­ler cet usage, car « le temps passe rapi­de­ment quand ils sont absor­bés par leur télé­phone ! »


Rédigé par Julien Duc • Photo d’ou­ver­ture © Susie Waroude

Smartphone, impacts et bon usage chez les enfants © Susie Waroude

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