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La nature est bien fête

Mis à jour le 06/11/2023

Depuis plus de dix ans, l’auteure-illustratrice Clémentine Sourdais conçoit ses livres comme des décors de théâtre pour mettre en scène des contes traditionnels ou déclarer sa flamme à la nature. Dans son dernier album, dont elle a écrit le texte, elle nous raconte la randonnée d’une petite fille en montagne, partie à la découverte de la nature et d’elle-même.

Clémentine Sourdais parle avec les mains, d’une gestuelle souple et sensuelle qui vient souligner ses propos comme une chorégraphie. « Je suis très manuelle et très tactile », confirme l’intéressée, avant de plonger les lèvres dans son chaï latte. Ce sens du toucher, hyper-développé, est chez
elle inné. Quand elle était petite, bien plus que le dessin, son truc à elle, c’était la poterie. « Je fabriquais beaucoup d’objets usuels et quelques saynètes de narration, avec des maisons dont on pouvait enlever le toit, des cours d’école, des personnages… » Un goût pour les histoires et les décors que Clémentine relie au théâtre. Car née à Avignon, elle a eu très tôt l’habitude d’assister au festival en famille : « J’ai eu la chance d’être au contact de grandes œuvres dans des lieux spectaculaires qui m’ont marquée. » Aujourd’hui encore très intéressée par le théâtre, on retrouve toujours dans son travail « un lien entre une fiction, une narration, un espace et une mise en scène. » Des histoires, elle en a aussi fait le plein dans la librairie jeunesse de ses parents : « J’avais accès à tout l’éventail de ce qui existait, avec des livres très spécifiques comme les Prélivres de Bruno Munari, mais aussi les Tom-Tom et Nana: c’était une grande richesse, une fenêtre sur le monde et sur des personnalités singulières. Cela me passionnait. » Depuis l’enfance, elle l’affirme : « Les livres, c’est ma maison ! » Après deux ans aux Beaux-Arts de Marseille où elle peine « à inventer son propre langage », Clémentine migre à l’école Émile Cohl de Lyon dont les huit heures de pratique artistique quotidienne lui permettent d’acquérir « une solide formation, essentielle ». Un diplôme et un premier bébé plus tard, elle prend le temps de dessiner d’immenses scènes de marchés d’un peu partout dans le monde et d’adapter, avec son amoureux, un conte mongol. Ces créations séduiront des éditeurs et lanceront sa carrière d’illustratrice. Le tournant s’opère il y a une dizaine d’années, lorsqu’elle crée « un mini-livre en dentelle de papier » pour le concours de livres minuscules organisé par le musée de l’Imprimerie de Lyon. Le découvrant, les éditions Hélium lui commandent une série de livres en papier découpé sur les contes de Perrault. Le Petit Chaperon rouge, Le Chat botté… des récits ancrés dans nos mémoires que l’illustratrice va mettre en scène dans de précieux « livres- objets » qui se déplient comme un accordéon entre les mains de l’enfant, d’un côté en couleur, de l’autre en noir pour se raconter l’histoire en théâtre d’ombres.

Nature et découvertes

D’un tempérament indépendant, Clémentine travaille seule. À une exception près : avec son amie Charline Picard, auteure-illustratrice, elle a publié une série sur les quatre saisons en mettant l’accent sur la nature qui l’attire et la passionne de plus en plus. « Contrairement à Charline qui est née près du lac d’Annecy, je n’ai pas eu la transmission d’un savoir de la nature. J’ai l’impression qu’il me manque quelque chose : j’ai envie de comprendre comment ça marche ! », confie-t-elle. Ces livres ont donc été l’occasion d’effectuer de nombreuses recherches : « C’est la première fois que j’allais au département sciences de la bibliothèque de la Part-Dieu ! » Le résultat ? De superbes ouvrages fourmillant d’informations, agrémentées de jeux, de poèmes et de recettes, le tout traité avec une grande variété d’illustrations.

« La nature, c’est quelque chose de contemplatif et de poétique ; ça t’emporte en fait ! », s’exclame Clémentine, qui vient de publier

La Grande Escapade, au Seuil Jeunesse. Riche de découpes et de pop-up, cet album, qui compte aussi des planches naturalistes, est une ode à la nature et à la liberté. On y suit la jeune Brume qui, après s’être disputée avec sa mère, part au sommet de la montagne. Une histoire que, pour la première fois, Clémentine a écrite seule. Pour une raison simple : « Cette petite fille, c’est moi ! Mais c’est aussi un enfant d’aujourd’hui. J’ai grandi à une époque où on avait beaucoup plus de liberté, où on pouvait se promener seul. Découvrir mon quartier toute seule en vélo, c’était puissant ! » Pour les illustrations aussi, Clémentine s’est reconnectée à l’enfant qu’elle était, retrouvant « le plaisir de dessiner en assumant ce qui sort en premier, de frotter, de gratter, de faire des trucs plus libres à la peinture… » Dans cette quête d’émancipation, Clémentine veut aujourd’hui pousser plus loin la conception de livres-objets, mais aussi l’écriture comme pour mieux sonder ce qu’elle a en elle : « J’ai du mal à sortir de moi, ça reste assez sérieux et introspectif. J’aimerais faire remonter plus de joie, ce trait de personnalité que j’ai », sourit-elle en agitant les mains dans une dernière voltige.

clementinesourdais.squarespace.com

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