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Mortelle Adèle, l'héroïne qui défie les stéréotypes de genre - Personnage détouré © Mr Tan et Diane le Feyer d'après l’œuvre créée par Mr Tan et Miss Prickly
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Mortelle Adèle, l’héroïne qui défie les stéréotypes de genre

Mis à jour le 02/01/2024

Elle est une star de la BD jeunesse. Aux antipodes de l’archétype de la petite fille douce et sage, Mortelle Adèle est une tornade de liberté pour les filles… comme pour les garçons ! Son créateur Antoine Dole et Diane Le Feyer, illustratrice lyonnaise, nous parlent de cette héroïne qui se joue des stéréotypes de genre.

Pour lire la site de ce dossier: Littérature jeunesse: halte aux stéréotypes de genre !

Antoine, vous avez créé Mortelle Adèle lorsque vous subissiez du harcèlement scolaire au collège pour qu’elle soit tout votre contraire. Le contraire de garçon, c’était fille ?

Antoine Dole : Je ne sais pas si c’était aussi binaire dans ma tête. Je pense que la question du genre est surtout dans celle des adultes. À l’époque, je voulais me projeter dans un personnage imaginaire qui soit différent de moi, puisque rien ne fonctionnait chez moi. J’ai toujours été à côté des stéréotypes masculins: j’étais timide avec une voix trop aiguë, à un âge où les garçons ont des choses à démontrer de leur masculinité naissante. Mais ça ne m’a jamais dérangé de parler à travers la voix d’une fille.

Pourquoi ne pas avoir créé un personnage de petit garçon dans lequel d’autres garçons timides se seraient peut-être reconnus ?

Antoine Dole : Ma situation était si douloureuse qu’il fallait la mettre à distance. Et puis à 14 ans, je n’avais pas du tout la notion d’aider les autres (rires). Mais aujourd’hui, Adèle à un public très mixte avec 45 % de garçons. C’est peu courant pour une héroïne. Les petits garçons se reconnaissent dans Adèle parce qu’elle
fait ce qu’elle veut sans être contrainte par le fait d’être une fille.
Diane Le Feyer : Je pense que c’est important de proposer des modèles qui parlent aux garçons et aux filles car c’est le monde de demain.

Adèle n’est pas douce ; elle torture son chat. Elle n’aime pas la mode ; elle a fondé le club des bizarres… Est-ce une héroïne qui défie les stéréotypes de genre ?

Antoine : Une planche définit bien Adèle : celle où elle se fait traiter de garçon manqué. Elle répond qu’elle est une petite fille parfaitement réussie. Elle ne se pose pas de questions sur ce qui est pour les garçons ou pour les filles. En 2011, quand on m’a demandé si je voulais en faire une BD, j’ai pensé à mon
neveu et à ma nièce. Je voulais montrer à mon neveu qu’on peut avoir des héroïnes, être inspiré par des femmes et devenir un homme à travers ça. Quant à ma nièce, j’étais frustrée quand je voulais lui acheter des BDS, car je trouvais toujours des trucs de danse ou sur une bande de copines, mais rarement sur l’ambition, affirmer son caractère… Donc j’ai fait cette BD pour montrer que le champ des possibles est vaste et qu’elle peut être présidente de la galaxie si elle veut.

Mortelle Adèle, l'héroïne qui défie les stéréotypes de genre - planche © Mr Tan et Diane le Feyer d'après l’œuvre créée par Mr Tan et Miss Prickly
Planche tirée de la BD Mortelle Adèle © Mr Tan et Diane le Feyer d’après l’œuvre créée par Mr Tan et Miss Prickly

Comment avez-vous donné son apparence à Mortelle Adèle sans tomber dans des stéréotypes ?

Antoine : Adèle est la seule de son école qui porte un uniforme, une manière de dire qu’elle ne se présente pas par son apparence. Quand on la dessine, on ne pense pas forcément à une petite fille : Adèle est transcendée par sa personnalité, elle est née à un endroit de l’enfance d’hyper sincérité où on n’est ni fille ni garçon.
Diane : Son esprit, sa vie et sa parole sont pensés par un garçon et dessinés par une fille, donc Adèle porte en elle un dialogue universel. Quand je la dessine, je suis encore enfant. On ne peut pas faire de livre jeunesse si on ne peut pas se connecter à son enfant intérieur. Je regarde aussi ceux qui sont autour de moi : il n’y a pas un moule fille et un moule garçon, chaque enfant construit sa personnalité en piochant dans tout ce à quoi il a accès. Donc il faut cette diversité dans les livres pour qu’ils se retrouvent.

Depuis quelques années, de plus en plus de personnages jeunesse transgressent les rôles genrés…

Antoine : On continue de voir des ouvrages très stéréotypés. S’ils se vendent, c’est que la société les accepte. Tous les jours, sur les réseaux sociaux, des adultes désapprouvent le fait de montrer une petite fille libre et impertinente comme Adèle. Donc ce n’est pas encore ça, mais je me réjouis que ça change. Aujourd’hui, on a une héroïne qui amène les enfants à s’accepter qu’ils soient fille ou garçon, à un âge où on dose ces deux entités en soi…
Diane : Adèle prône l’acceptation de soi au-delà du clivage traditionnel fille-garçon. Dans les courriers qu’on reçoit, beaucoup la remercient de montrer qu’on peut être qui on est.


Photo d’ouverture: Mortelle Adèle © Mr Tan et Diane le Feyer d’après l’œuvre créée par Mr Tan et Miss Prickly

Mortelle Adèle, l'héroïne qui défie les stéréotypes de genre - Personnage détouré © Mr Tan et Diane le Feyer d'après l’œuvre créée par Mr Tan et Miss Prickly

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