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Mourad Merzouki: « La Danse des Jeux est un geste commun partagé »

Publié le 29/04/2024
Figure incontournable de la scène hip-hop française, Mourad Merzouki, directeur du Pôle Pik à Bron et fondateur du festival Karavel sur le territoire lyonnais, a su métissé sa danse hip-hop de bien d’autres disciplines artistiques. Chorégraphe de la Danse des Jeux* interprétée partout et par tout amateur, petit ou grand, pour célébrer les JO, il nous partage sa vision du break et des conséquences possibles de son statut olympique.

Lire aussi sur Grains de Sel : Du parvis de l’Opéra de Lyon aux J.O : le triomphe du break­­dance

Qu’est-ce qui vous a attiré dans le hip-hop au départ?

Mourad Merzouki: Au départ, j’ai été attiré par le côté spec­ta­cu­laire et virtuose de la danse hip-hop, mais aussi par la géné­ro­sité et l’ap­proche de cette esthé­tique. C’est une danse qui se renou­velle constam­ment, qui peut se pratiquer partout et qui est extrê­me­ment commu­ni­ca­tive. La danse hip-hop a beau­coup évolué au fil du temps pour deve­nir ce qu’elle est aujourd’­hui. Elle a su s’ou­vrir et s’en­ri­chir de diffé­rentes disci­plines grâce à cette liberté qui lui est propre.

Comment votre propre approche de la danse hip-hop a-t-elle évolué?

Je suis passé d’une danse en solo, plutôt démons­tra­tive et fron­tale, à des danses de groupe avec une écri­ture choré­gra­phique plus complexe. On a fait évoluer notre rapport à la musique, au corps et au contact. Tout ça en presque trente ans. La danse hip-hop a aujourd’­hui une approche à la fois dyna­mique et poétique, avec une danse d’au­teur. 

En tant que danseur, comment navi­guer entre l’as­pect spor­tif voire compé­ti­tif du break­dance et l’ex­pres­sion artis­tique indi­vi­duelle ? 

Ces deux aspects sont tota­le­ment complé­men­taires et c’est cela qui est passion­nant. D’un côté, cette danse conti­nue à se chal­len­ger dans les circuits de compé­ti­tion, permet­tant aux danseurs d’évo­luer au niveau tech­nique. Et d’un autre côté, la danse hip-hop est aussi un voca­bu­laire qui peut corres­pondre à l’écri­ture choré­gra­phique. Ce sont ces allers et retours constants entre le sport et la danse, entre la rue et la scène, qu’il faut conti­nuer de faire exis­ter car c’est ce qui fait la force et la singu­la­rité du hip-hop.

Le break­dance fera ses débuts olym­piques à Paris cet été. A votre avis, quel impact cela aura-t-il sur sa percep­tion mondiale ?

Les JO de Paris 2024 sont une excel­lente vitrine qui permettent de parta­ger la danse hip-hop à tous les publics, qu’on soit connais­seur ou non. Cet événe­ment ne se limite pas à l’ap­proche spor­tive du hip-hop car, au-delà de la compé­ti­tion, les orga­ni­sa­teurs ont solli­cité diffé­rents artistes pour faire vivre cette danse autour de rendez-vous qui vont animer ces Jeux Olym­piques.

C’est inté­res­sant de montrer sa dimen­sion spor­tive mais égale­ment artis­tique, et une belle recon­nais­sance pour la danse hip-hop. C’est aussi l’es­poir de voir ce mouve­ment conti­nuer à se déve­lop­per. Je pense notam­ment aux écoles de danse qui vont certai­ne­ment béné­fi­cier d’un engoue­ment, encore plus fort, des jeunes géné­ra­tions pour la danse hip-hop. 

Comment est née l’idée de la Danse des Jeux que vous avez choré­gra­phiée dans le cadre des JO ?

Depuis de nombreuses années, dans mon travail, je fais beau­coup de projets en lien avec les amateurs, avec tous ces publics qui ne sont pas forcé­ment danseurs. J’ai été solli­cité pour imagi­ner une danse parti­ci­pa­tive, une danse inclu­sive, que tout le monde pour­rait apprendre, notam­ment les plus jeunes, afin de fédé­rer un maxi­mum de personnes pour célé­brer l’ar­ri­vée des Jeux Olym­piques et Para­lym­piques tout au long de l’an­née, lors de moments convi­viaux.

Quel message avez-vous voulu trans­mettre à travers cette choré­gra­phie ?

La Danse des Jeux, c’est un geste commun partagé. Pour moi, c’est montrer que la danse permet de se rassem­bler dans un esprit festif, inclu­sif et fédé­ra­teur. C’est reve­nir à l’es­sen­tiel, c’est-à-dire rappe­ler que la danse permet de rappro­cher les gens.

Il était donc impor­tant de ne pas réali­ser une choré­gra­phie complexe, mais plutôt un enchaî­ne­ment de mouve­ments qui puissent être repris par tous à l’unis­son à l’image des « ola » dans les stades de foot­ball. D’où ces mouve­ments simples, acces­sibles à tous, afin que chacun puisse s’en empa­rer faci­le­ment et spon­ta­né­ment.

Le commu­niqué offi­ciel mentionne le déploie­ment de cette danse dans les écoles depuis la rentrée scolaire 2023. Avez-vous des retours à ce sujet?

La Danse des Jeux a avant tout été pensée comme un projet parti­ci­pa­tif et péda­go­gique pour les plus jeunes. Ainsi, depuis la rentrée de septembre, elle est apprise dans les écoles en France, et même à l’étran­ger. C’est un formi­dable succès ! Les ensei­gnants s’en sont très vite emparé avec leurs élèves et nous rece­vons régu­liè­re­ment des vidéos.

Ça me fait énor­mé­ment plai­sir de voir tous ces jeunes, sourire aux lèvres, reprendre et s’ap­pro­prier la Danse des Jeux. Il y a même un concours qui est orga­nisé dans les écoles avec plus de 25 000 inscrits à ce jour ! 

Danse des Jeux interprétée par des enfants
Danse des Jeux © Julie Cherki

Qu’ai­me­riez-vous dire aux enfants passion­nés de hip-hop qui aspirent à suivre les traces de Mourad Merzouki ?

La danse hip-hop est un moyen d’ex­pres­sion qui permet d’exis­ter, d’être avec l’autre et de parta­ger des beaux moments. C’est toute sa force. C’est le point de départ que je retien­drais. Person­nel­le­ment, cela m’a permis d’exis­ter dans une société, de trou­ver ma place dans un monde compliqué. J’in­vite la jeunesse à s’in­té­res­ser à cette danse parce qu’elle permet de dire des choses et de se connec­ter aussi à d’autres personnes, à d’autres esthé­tiques, à d’autres univers.

Merci d’avoir lu cet article ! Si vous avez un peu de temps, nous aime­­­rions avoir votre avis pour nous aider à nous amélio­­­rer. Pour ce faire, vous pouvez répondre anony­­­me­­­ment à ce ques­­­tion­­­naire ou nous envoyer un email à cbioud@­grains­de­sel.com. Merci beau­­­coup !

Mourad Merzouki
Mourad Merzouki © Julie Cherki

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