Le Guide
des sorties et loisirs des familles
dans la métropole de Lyon
stage hip-hop enfants TakaMouv Lyon
Accueil Dossiers Du parvis de l’Opéra de Lyon aux J.O : le triomphe du break­­dance
Share

Du parvis de l’Opéra de Lyon aux J.O : le triomphe du break­dance

Publié le 29/04/2024
Phénomène underground à l’origine, le breakdance est aujourd’hui l'une des formes d'expression les plus influentes de la culture urbaine. Au-delà de performances impressionnantes, cette danse hip-hop porte les valeurs fortes du respect, de l’inclusivité et du dépassement de soi. Il n'est donc pas étonnant de voir le breakdance entrer aux prochains Jeux Olympiques. À Lyon, cette discipline a trouvé un écho vibrant et fédéré une véritable communauté artistique depuis 30 ans. Elle attire aussi les familles, leur faisant partager une expérience où fusionnent musique, danse et libre expression.

Les racines du break­dance – aussi appelé break, brea­king et b-boying – demeurent quelque peu mysté­rieuses. Ce que l’on peut affir­mer, c’est que tout a commencé dans le Bronx durant les années 70. À cette époque, le contexte social est marqué par une profonde misère des commu­nau­tés afro-améri­caines, confron­tées au chômage et aux guerres de gangs.

Une disci­pline née dans la rue

C’est dans ce climat que le hip-hop voit le jour, accom­pa­gné de toute une culture urbaine incluant les graf­feurs, les DJ, les MC (premiers rappeurs) et les brea­kers. Lors des rassem­ble­ments de quar­tier, ces derniers dansent essen­tiel­le­ment sur les “breaks” ryth­miques du morceau, esquis­sant des mouve­ments inspi­rés autant par la danse que par les bagarres de rue. “Au lieu de se tirer dessus, les gangs ont choisi la danse pour régler leurs diffé­rends. Avec le temps, les inci­dents violents se sont atté­nués, mais l’es­prit de défi est resté, donnant nais­sance aux battles », explique Riyad Fghani, direc­teur artis­tique de Pocke­mon Crew.

Progres­si­ve­ment, les “bboys” et “bgirls” (danseurs et danseuses de break) ont perfec­tionné leur style en explo­rant les tech­niques au sol et en puisant l’ins­pi­ra­tion dans les pas de James Brown, le kung-fu de Bruce Lee ou les figures acro­ba­tiques de capoeira.

Spectacle De la rue aux Jeux Olympiques de Pockemon Crew
Pocke­mon Crew, dans leur dernière pièce De la rue aux Jeux Olym­piques © Matthew Totaro

Une danse inspi­rée par diffé­rentes cultures, musiques et histoires de vie

Ziks, profes­seur de break à l’école TakaMouv (Lyon 1er), explique : “C’est une forme de danse forte­ment influen­cée par diffé­rentes cultures, diffé­rents styles musi­caux mais aussi par les situa­tions de la vie quoti­dienne. Par exemple, il y a un pas appelé l’Apache, inspiré des danses tribales, l’In­dian Step, qui trouve son origine dans les danses des tribus indiennes et aussi le salsa step, qui est influencé par les danses latines. C’est une pratique en constante évolu­tion et le proces­sus d’ap­pren­tis­sage est continu.”

Dans les années 80 et 90, le message de paix et de soli­da­rité porté par les “crews” (groupes de danse) new-yorkais trouve un écho au-delà des fron­tières et séduit un nombre crois­sant de jeunes qui se rassemblent dans la rue pour pratiquer cette danse. Aujourd’­hui, chaque ville du monde a ses artistes hip-hop et Lyon ne fait pas excep­tion.

Break­dance, from New-York to Lyon

Depuis les années 90, Lyon joue un rôle essen­tiel dans l’évo­lu­tion du break­dance et de la danse hip-hop en France. Le parvis de l’Opéra, souvent consi­déré comme le cœur battant du break, a vu défi­ler plusieurs géné­ra­tions de danseurs sous ses lampions rouges. Qu’ils soient débu­tants ou experts, ils se retrouvent quoti­dien­ne­ment pour échan­ger, perfec­tion­ner leurs mouve­ments et parti­ci­per à des battles plani­fiées ou impro­vi­sées.

Cet espace a été le berceau de nombreux talents lyon­nais, parmi lesquels le choré­graphe Mourad Merzouki, qui a d’abord dansé avec la compa­gnie Accro­rap avant de fonder la compa­gnie Käfig, mais aussi le fameux Pocke­mon Crew qui a régné sur les compé­ti­tions mondiales de break­dance pendant près de vingt ans.

Lire aussi sur Grains de Sel : Mourad Merzouki: « La Danse des Jeux est un geste commun partagé »

Mourad Merzouki et Pocke­mon Crew, ambas­sa­deurs du hip-hop lyon­nais

“On peut indé­nia­ble­ment parler de style lyon­nais, assure Riyad Fghani, son direc­teur artis­tique. Le côté gros char­rieurs c’est le style français, nous on a un petit côté humo­ris­tique en plus. Ça dépasse l’ar­ro­gance pour carré­ment deve­nir de la moque­rie.” En paral­lèle à son succès, Pocke­mon Crew a colla­boré avec des artistes de renom­mée inter­na­tio­nale comme Madonna et exploré l’hy­bri­da­tion des langages choré­gra­phiques avec les danseurs de l’Opéra Natio­nal de Lyon dans des créa­tions telles que Millé­sime et Contrap­pun­to*.

De nos jours, Lyon abrite de nombreux événe­ments centrés sur la culture hip-hop et le break­dance, comme le festi­val Kara­vel et la finale du Red Bull BC One, événe­ment d’en­ver­gure mondiale, et même la Bien­nale de Danse.

Contrappunto, spectacle de Pockemon Crew et du ballet de l'Opéra de Lyon
Spec­tacle Contrap­punto, par Pocke­mon Crew et le Ballet de l’Opéra de Lyon © Ch. Bergeat

La consé­cra­tion du break­dance par les Jeux Olym­piques

En 2018, le break­dance a débarqué aux Jeux Olym­piques de la Jeunesse à Buenos Aires. La médaille d’argent et la quatrième place obte­nues alors ont confirmé la posi­tion de la France comme l’une des nations domi­nantes.

L’of­fi­cia­li­sa­tion du brea­king comme sport de haut niveau en 2019 et son inté­gra­tion parmi les disci­plines addi­tion­nelles aux Jeux Olym­piques et Para­lym­piques de Paris 2024 lui donnent une portée média­tique sans précé­dent. Pour l’oc­ca­sion, la Fédé­ra­tion Française de Danse s’est entou­rée d’ex­perts et a orga­nisé la struc­tu­ra­tion fédé­rale du Break­dance en France afin de créer une équipe offi­cielle. Les commis­sions ont égale­ment travaillé sur la recon­nais­sance des danseurs, leur suivi médi­cal, leur condi­tion de vie, ainsi que  la créa­tion d’un diplôme d’en­traî­neur de brea­king.

En ce qui concerne la compé­ti­tion offi­cielle, les brea­kers seront jugés par des arbitres à partir de critères de nota­tion défi­nis sur la tech­nique, la qualité d’exé­cu­tion des mouve­ments, le rapport à la musi­ca­lité, l’éner­gie, l’ori­gi­na­lité et le charisme.

Battle enfants, Pôle Pik, Bron
Battle au Pôle Pik, à Bron © DR

Une visi­bi­lité accrue mais le risque d’une déna­tu­ra­tion

La réac­tion au sein de la commu­nauté est plutôt posi­tive. “Cela fait plusieurs années que l’on consi­dère le break­dance comme un sport. L’en­traî­ne­ment et les prouesses physiques riva­lisent bien avec celles des spor­tifs de haut niveau” affirme Riyad Fghani. De son côté, Eym, profes­seure de break à L’Ur­ban Arts Academy (Lyon 3e), se réjouit de la visi­bi­lité accrue pour la disci­pline et estime que cela valo­rise le métier diffi­cile de danseur.

Néan­moins, d’autres expriment leurs inquié­tudes quant à une éven­tuelle dérive vers une pratique trop codi­fiée et déna­tu­rée. “Globa­le­ment c’est posi­tif parce qu’on va mettre en valeur le break à échelle mondiale mais, qui dit sport dit fédé­ra­tion, dit enca­dre­ment, diplôme etc. Je m’inquiète de ce que ça peut engen­drer pour la suite et si ça ne risque pas de casser un peu le côté street et under­ground du hip-hop, “ avance Ziks, le profes­seur de TakaMouv.

Le break­dance est-il une danse ou un sport?

Cette inter­ro­ga­tion anime la commu­nauté hip-hop depuis des années. Né comme une forme de danse, le brea­king a progres­si­ve­ment évolué pour s’hy­bri­der avec des acro­ba­ties impres­sion­nantes. Les battles, véri­tables insti­tu­tions de cette culture, lui apportent une dimen­sion compé­ti­tive et les brea­kers sont désor­mais consi­dé­rés comme de véri­tables athlètes de la rue, prêts à repous­ser les limites de la perfor­mance physique.

Pour Eym, “L’as­pect artis­tique et spor­tif se complètent parfai­te­ment”. Elle souligne égale­ment que “les critères de battles sont assez larges pour lais­ser place à l’in­di­vi­dua­lité et permettre à chaque danseur d’ex­pri­mer sa person­na­lité”. Une réflexion parta­gée par Riyad: “Les battles sont l’an­ti­chambre de la créa­tion artis­tique. Cela permet de tester certaines idées tech­niques sur le public et de peau­fi­ner les spec­tacles du Pocke­mon Crew”.

Certains craignent que cette recon­nais­sance insti­tu­tion­nelle ne conduise à une « spor­ti­fi­ca­tion » du brea­king, diluant sa richesse artis­tique au profit d’une quête de la perfor­mance physique. Exemple avec l’im­pro­vi­sa­tion qui pour­rait deve­nir de plus en plus restreinte si les danseurs anti­cipent leur choré­gra­phie en fonc­tion des critères de juge­ment.

cours de break enfants, TakaMouv, Lyon 1er
Cours de break pour enfants chez TakaMouv, Lyon 1er © Karim Chelly

C’est pourquoi Ziks émet des réserves, rappe­lant que “la base du break est artis­tique » et que “l’es­sence même de la disci­pline réside dans la capa­cité à se distin­guer des autres, créer des mouve­ments uniques qui captivent et inspirent”.

La fron­tière entre le sport et l’art demeure étroite mais c’est peut-être là que réside l’es­sence véri­table du break­dance : une fusion harmo­nieuse de l’ex­pres­sion artis­tique et de la compé­ti­tion spor­tive, une forme d’art vivant qui s’épa­nouit autant dans l’arène que dans la rue.

Où démar­rer le break­dance à Lyon?

Bien plus qu’une acti­vité récréa­tive, la danse hip-hop offre aux enfants une multi­tude de bien­faits physiques et sociaux. A Lyon, plusieurs struc­tures leur permettent de s’ini­tier.

C’est le cas de TakaMouv. Chaque mercredi, Ziks et son équipe accueillent les enfants âgés de 4 à 9 ans pour des cours d’ini­tia­tion au hip-hop. Ici pas de choré­gra­phie à travailler.

L’ac­cent est mis sur les fonda­men­taux et les enfants apprennent à déve­lop­per les bases, enchaî­ner les tech­niques et même créer leurs propres pas. « L’objec­tif prin­ci­pal est d’ap­prendre aux enfants à impro­vi­ser, » explique le jeune profes­seur. « On clôture chaque cours par un cercle de free­style afin que les élèves prennent conscience du regard des autres et se préparent aux battles dans un esprit bien­veillant.”

Peace, Love, Unity and Having Fun

Avant de se lancer dans la danse, les enfants apprennent égale­ment les valeurs fonda­men­tales du hip-hop : “Peace, Love, Unity and Having Fun”. Pour Ziks, il s’agit “d’éveiller leur curio­sité au maxi­mum et leur faire comprendre que le hip-hop ne se résume pas à un simple cours de danse hebdo­ma­daire.” “C’est une culture et un style de vie, ajoute-t-il. Il faut savoir faire preuve de soli­da­rité et de respect envers les autres, comme dans une grande famille.”

Cette recette rencontre un franc succès. Tous les cours affichent complet et les enfants en sont les meilleurs porte-paroles: « J’aime beau­coup ce cours parce que quand je danse, je m’amuse avec mes amis, je ressens de la musique et j’ap­prend plein de choses“ témoigne Loïse, 10 ans. Pour elle, le hip-hop est une histoire de famille, puisque sa mère et sa petite sœur sont égale­ment inscrites au cours. De son côté, Nina, 5 ans, avoue être encore trop timide pour rejoindre le cercle de free­style, mais adore retrou­ver ses amis chaque semaine pour danser.

cours de breakdance pour enfants, Urban Art Academy Lyon 3e
Cours de break pour enfants à l’Ur­ban Art Academy, Lyon 3e © DR

A Lyon 3e, L’Ur­ban Art Academy propose des cours d’ini­tia­tion et de break­dance pour enfants et ados. Et là non plus, pas ques­tion d’ap­prendre à tour­ner sur la tête dès les premiers cours! “C’est avant tout un éveil corpo­rel et musi­cal pour travailler les mouve­ments de bases” précise Emeline alias Eym, la direc­trice et profes­seure de break. Pour elle qui a pratique­ment tout appris en auto­di­dacte, “il est impor­tant de passer par une école pour apprendre les bases, ne pas se faire mal et partir sur les bonnes voies, surtout quand on est jeune.”

Enfin, à Bron, le Centre choré­gra­phique Pôle Pik, dirigé par Mourad Merzouki, dispense des cours hebdo­ma­daires de break­dance et de hip-hop. Conçus pour s’adap­ter aux capa­ci­tés de chacun, ils permettent aux jeunes d’ac­qué­rir les bases tout en ouvrant le dialogue sur d’autres disci­plines telles que le cirque, le théâtre ou encore la musique.

Merci d’avoir lu cet article ! Si vous avez un peu de temps, nous aime­­­rions avoir votre avis pour nous aider à nous amélio­­­rer. Pour ce faire, vous pouvez répondre anony­­­me­­­ment à ce ques­­­tion­­­naire ou nous envoyer un email à cbioud@­grains­de­sel.com. Merci beau­­­coup !

stage hip-hop enfants TakaMouv Lyon

Vite ! Une idée de sortie en famille

Poterie, Judo, Arts du Cirque...

A découvrir également
Plus de publications à afficher
Consent choices