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Du parvis de l’Opéra de Lyon aux J.O : le triomphe du breakdance

Mis à jour le 11/06/2024
Phénomène underground à l’origine, le breakdance est aujourd’hui l'une des formes d'expression les plus influentes de la culture urbaine. Au-delà de performances impressionnantes, cette danse hip-hop porte les valeurs fortes du respect, de l’inclusivité et du dépassement de soi. Il n'est donc pas étonnant de voir le breakdance entrer aux prochains Jeux Olympiques. À Lyon, cette discipline a trouvé un écho vibrant et fédéré une véritable communauté artistique depuis 30 ans. Elle attire aussi les familles, leur faisant partager une expérience où fusionnent musique, danse et libre expression.

Les racines du breakdance – aussi appelé break, breaking et b-boying – demeurent quelque peu mystérieuses. Ce que l’on peut affirmer, c’est que tout a commencé dans le Bronx durant les années 70. À cette époque, le contexte social est marqué par une profonde misère des communautés afro-américaines, confrontées au chômage et aux guerres de gangs.

Une discipline née dans la rue

C’est dans ce climat que le hip-hop voit le jour, accompagné de toute une culture urbaine incluant les graffeurs, les DJ, les MC (premiers rappeurs) et les breakers. Lors des rassemblements de quartier, ces derniers dansent essentiellement sur les “breaks” rythmiques du morceau, esquissant des mouvements inspirés autant par la danse que par les bagarres de rue. “Au lieu de se tirer dessus, les gangs ont choisi la danse pour régler leurs différends. Avec le temps, les incidents violents se sont atténués, mais l’esprit de défi est resté, donnant naissance aux battles », explique Riyad Fghani, directeur artistique de Pockemon Crew.

Progressivement, les “bboys” et “bgirls” (danseurs et danseuses de break) ont perfectionné leur style en explorant les techniques au sol et en puisant l’inspiration dans les pas de James Brown, le kung-fu de Bruce Lee ou les figures acrobatiques de capoeira.

Spectacle De la rue aux Jeux Olympiques de Pockemon Crew
Pockemon Crew, dans leur dernière pièce De la rue aux Jeux Olympiques © Matthew Totaro

Une danse inspirée par différentes cultures, musiques et histoires de vie

Ziks, professeur de break à l’école TakaMouv (Lyon 1er), explique : “C’est une forme de danse fortement influencée par différentes cultures, différents styles musicaux mais aussi par les situations de la vie quotidienne. Par exemple, il y a un pas appelé l’Apache, inspiré des danses tribales, l’Indian Step, qui trouve son origine dans les danses des tribus indiennes et aussi le salsa step, qui est influencé par les danses latines. C’est une pratique en constante évolution et le processus d’apprentissage est continu.”

Dans les années 80 et 90, le message de paix et de solidarité porté par les “crews” (groupes de danse) new-yorkais trouve un écho au-delà des frontières et séduit un nombre croissant de jeunes qui se rassemblent dans la rue pour pratiquer cette danse. Aujourd’hui, chaque ville du monde a ses artistes hip-hop et Lyon ne fait pas exception.

Breakdance, from New-York to Lyon

Depuis les années 90, Lyon joue un rôle essentiel dans l’évolution du breakdance et de la danse hip-hop en France. Le parvis de l’Opéra, souvent considéré comme le cœur battant du break, a vu défiler plusieurs générations de danseurs sous ses lampions rouges. Qu’ils soient débutants ou experts, ils se retrouvent quotidiennement pour échanger, perfectionner leurs mouvements et participer à des battles planifiées ou improvisées.

Cet espace a été le berceau de nombreux talents lyonnais, parmi lesquels le chorégraphe Mourad Merzouki, qui a d’abord dansé avec la compagnie Accrorap avant de fonder la compagnie Käfig, mais aussi le fameux Pockemon Crew qui a régné sur les compétitions mondiales de breakdance pendant près de vingt ans.

Lire aussi sur Grains de Sel : Mourad Merzouki: « La Danse des Jeux est un geste commun partagé »

Mourad Merzouki et Pockemon Crew, ambassadeurs du hip-hop lyonnais

“On peut indéniablement parler de style lyonnais, assure Riyad Fghani, son directeur artistique. Le côté gros charrieurs c’est le style français, nous on a un petit côté humoristique en plus. Ça dépasse l’arrogance pour carrément devenir de la moquerie.” En parallèle à son succès, Pockemon Crew a collaboré avec des artistes de renommée internationale comme Madonna et exploré l’hybridation des langages chorégraphiques avec les danseurs de l’Opéra National de Lyon dans des créations telles que Millésime et Contrappunto*.

De nos jours, Lyon abrite de nombreux événements centrés sur la culture hip-hop et le breakdance, comme le festival Karavel et la finale du Red Bull BC One, événement d’envergure mondiale, et même la Biennale de Danse.

Contrappunto, spectacle de Pockemon Crew et du ballet de l'Opéra de Lyon
Spectacle Contrappunto, par Pockemon Crew et le Ballet de l’Opéra de Lyon © Ch. Bergeat

La consécration du breakdance par les Jeux Olympiques

En 2018, le breakdance a débarqué aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires. La médaille d’argent et la quatrième place obtenues alors ont confirmé la position de la France comme l’une des nations dominantes.

L’officialisation du breaking comme sport de haut niveau en 2019 et son intégration parmi les disciplines additionnelles aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 lui donnent une portée médiatique sans précédent. Pour l’occasion, la Fédération Française de Danse s’est entourée d’experts et a organisé la structuration fédérale du Breakdance en France afin de créer une équipe officielle. Les commissions ont également travaillé sur la reconnaissance des danseurs, leur suivi médical, leur condition de vie, ainsi que  la création d’un diplôme d’entraîneur de breaking.

En ce qui concerne la compétition officielle, les breakers seront jugés par des arbitres à partir de critères de notation définis sur la technique, la qualité d’exécution des mouvements, le rapport à la musicalité, l’énergie, l’originalité et le charisme.

Battle enfants, Pôle Pik, Bron
Battle au Pôle Pik, à Bron © DR

Une visibilité accrue mais le risque d’une dénaturation

La réaction au sein de la communauté est plutôt positive. “Cela fait plusieurs années que l’on considère le breakdance comme un sport. L’entraînement et les prouesses physiques rivalisent bien avec celles des sportifs de haut niveau” affirme Riyad Fghani. De son côté, Eym, professeure de break à L’Urban Arts Academy (Lyon 3e), se réjouit de la visibilité accrue pour la discipline et estime que cela valorise le métier difficile de danseur.

Néanmoins, d’autres expriment leurs inquiétudes quant à une éventuelle dérive vers une pratique trop codifiée et dénaturée. “Globalement c’est positif parce qu’on va mettre en valeur le break à échelle mondiale mais, qui dit sport dit fédération, dit encadrement, diplôme etc. Je m’inquiète de ce que ça peut engendrer pour la suite et si ça ne risque pas de casser un peu le côté street et underground du hip-hop, “ avance Ziks, le professeur de TakaMouv.

Le breakdance est-il une danse ou un sport?

Cette interrogation anime la communauté hip-hop depuis des années. Né comme une forme de danse, le breaking a progressivement évolué pour s’hybrider avec des acrobaties impressionnantes. Les battles, véritables institutions de cette culture, lui apportent une dimension compétitive et les breakers sont désormais considérés comme de véritables athlètes de la rue, prêts à repousser les limites de la performance physique.

Pour Eym, “L’aspect artistique et sportif se complètent parfaitement”. Elle souligne également que “les critères de battles sont assez larges pour laisser place à l’individualité et permettre à chaque danseur d’exprimer sa personnalité”. Une réflexion partagée par Riyad: “Les battles sont l’antichambre de la création artistique. Cela permet de tester certaines idées techniques sur le public et de peaufiner les spectacles du Pockemon Crew”.

Certains craignent que cette reconnaissance institutionnelle ne conduise à une « sportification » du breaking, diluant sa richesse artistique au profit d’une quête de la performance physique. Exemple avec l’improvisation qui pourrait devenir de plus en plus restreinte si les danseurs anticipent leur chorégraphie en fonction des critères de jugement.

cours de break enfants, TakaMouv, Lyon 1er
Cours de break pour enfants chez TakaMouv, Lyon 1er © Karim Chelly

C’est pourquoi Ziks émet des réserves, rappelant que “la base du break est artistique » et que “l’essence même de la discipline réside dans la capacité à se distinguer des autres, créer des mouvements uniques qui captivent et inspirent”.

La frontière entre le sport et l’art demeure étroite mais c’est peut-être là que réside l’essence véritable du breakdance : une fusion harmonieuse de l’expression artistique et de la compétition sportive, une forme d’art vivant qui s’épanouit autant dans l’arène que dans la rue.

Où démarrer le breakdance à Lyon?

Bien plus qu’une activité récréative, la danse hip-hop offre aux enfants une multitude de bienfaits physiques et sociaux. A Lyon, plusieurs structures leur permettent de s’initier.

C’est le cas de TakaMouv. Chaque mercredi, Ziks et son équipe accueillent les enfants âgés de 4 à 9 ans pour des cours d’initiation au hip-hop. Ici pas de chorégraphie à travailler.

L’accent est mis sur les fondamentaux et les enfants apprennent à développer les bases, enchaîner les techniques et même créer leurs propres pas. « L’objectif principal est d’apprendre aux enfants à improviser, » explique le jeune professeur. « On clôture chaque cours par un cercle de freestyle afin que les élèves prennent conscience du regard des autres et se préparent aux battles dans un esprit bienveillant.”

Peace, Love, Unity and Having Fun

Avant de se lancer dans la danse, les enfants apprennent également les valeurs fondamentales du hip-hop : “Peace, Love, Unity and Having Fun”. Pour Ziks, il s’agit “d’éveiller leur curiosité au maximum et leur faire comprendre que le hip-hop ne se résume pas à un simple cours de danse hebdomadaire.” “C’est une culture et un style de vie, ajoute-t-il. Il faut savoir faire preuve de solidarité et de respect envers les autres, comme dans une grande famille.”

Cette recette rencontre un franc succès. Tous les cours affichent complet et les enfants en sont les meilleurs porte-paroles: « J’aime beaucoup ce cours parce que quand je danse, je m’amuse avec mes amis, je ressens de la musique et j’apprend plein de choses“ témoigne Loïse, 10 ans. Pour elle, le hip-hop est une histoire de famille, puisque sa mère et sa petite sœur sont également inscrites au cours. De son côté, Nina, 5 ans, avoue être encore trop timide pour rejoindre le cercle de freestyle, mais adore retrouver ses amis chaque semaine pour danser.

cours de breakdance pour enfants, Urban Art Academy Lyon 3e
Cours de break pour enfants à l’Urban Art Academy, Lyon 3e © DR

A Lyon 3e, L’Urban Art Academy propose des cours d’initiation et de breakdance pour enfants et ados. Et là non plus, pas question d’apprendre à tourner sur la tête dès les premiers cours! “C’est avant tout un éveil corporel et musical pour travailler les mouvements de bases” précise Emeline alias Eym, la directrice et professeure de break. Pour elle qui a pratiquement tout appris en autodidacte, “il est important de passer par une école pour apprendre les bases, ne pas se faire mal et partir sur les bonnes voies, surtout quand on est jeune.”

Enfin, à Bron, le Centre chorégraphique Pôle Pik, dirigé par Mourad Merzouki, dispense des cours hebdomadaires de breakdance et de hip-hop. Conçus pour s’adapter aux capacités de chacun, ils permettent aux jeunes d’acquérir les bases tout en ouvrant le dialogue sur d’autres disciplines telles que le cirque, le théâtre ou encore la musique.

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