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Smartphone, impacts et bon usage chez les enfants © Susie Waroude
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Smart­phone : « La meilleure arme des parents, c’est l’écoute »

Mis à jour le 25/10/2023

Depuis près de trente ans, l’as­so­cia­tion lyon­naise Fréquence École s’en­gage à combler le vide en matière d’édu­ca­tion aux usages numé­riques. De l’école primaire jusqu’à la forma­tion profes­sion­nelle, elle inter­vient sur diffé­rentes théma­tiques, afin d’ac­com­pa­gner les enfants, les ados et même les parents à appré­hen­der les contraintes et déve­lop­per de nouvelles compé­tences numé­riques. Forma­teur et respon­sable des inter­ven­tions en milieu scolaire, Chris­tophe Doré nous livre ses conseils pour aider nos enfants à maîtri­ser l’usage de leur smart­phone.

Lire la suite de ce dossier: « Au secour, mon enfant à un smart­phone ! »

Quelles inter­ven­tions menez-vous dans les écoles ?

« Nous propo­sons des ateliers adap­tés aux diffé­rents cycles scolaires pour permettre aux enfants de comprendre le monde média­tique dans lequel ils avancent et déve­lop­per des compé­tences essen­tielles avant leur grand saut dans l’ado­les­cence. Pour les CP/CE2, l’objec­tif est de sensi­bi­li­ser à la fois aux tech­no­lo­gies et aux usages du numé­rique sous forme de petits jeux péda­go­giques. Avec les CM1/CM2, on commence vrai­ment à abor­der ce qu’est le réseau Inter­net, la diffé­rence entre un navi­ga­teur et un moteur de recherche, un média social… L’in­ten­tion est un peu la même avec les collé­giens, simple­ment avec un peu plus de profon­deur et de vrais débats sur la nature des médias sociaux, l’iden­tité numé­rique, le harcè­le­ment, mais aussi l’im­pact envi­ron­ne­men­tal et écono­mique.

Inter­ve­nez-vous auprès des enfants au sujet du smart­phone ?

L’ex­po­si­tion Insup­por­table portable a été conçue lors de l’évé­ne­ment Super Demain 2020. C’était une expo­si­tion ludique et inter­ac­tive visant à recréer le dialogue entre les parents et les enfants autour de cet objet si conflic­tuel. En abor­dant des situa­tions spéci­fiques telles que l’uti­li­sa­tion du smart­phone en
vacances, à table, en sortie et au lit, on a permis aux adultes d’ex­pri­mer leurs craintes et leurs appré­hen­sions, tandis que les enfants ont pu expliquer ce qu’ils recher­chaient et ce dont ils avaient besoin.

Vos enfants ont-ils déjà un smart­phone ?

Je suis papa de deux garçons de 15 et 12 ans et tous les deux sont équi­pés. Mais je suis dans une situa­tion parti­cu­lière car je suis séparé de leur mère et c’était impor­tant pour la commu­ni­ca­tion. À son entrée en 6e, l’aîné a eu un dumb­phone qui a fini inuti­lisé au fond d’un tiroir. Puis à l’en­trée en 4e, on lui a acheté un smart­phone avec un forfait limité, sans Inter­net mobile, et que j’ai pu para­mé­trer. En ce qui concerne le second, il a grillé quelques étapes et j’es­saie de respec­ter son inti­mité tout en ayant un mini­mum de visi­bi­lité et de contrôle sur ce qu’il fait.

Quels sont les prin­ci­paux défis et problèmes dans l’uti­li­sa­tion du smart­phone chez les enfants ?

Mon acti­vité profes­sion­nelle m’a appris à ne pas me foca­li­ser sur l’ou­til, mais plutôt à me concen­trer sur l’usage. Des usages néfastes pour les enfants, on peut en trou­ver à la pelle et il y en avait bien avant le smart­phone, donc l’ou­til lui-même ne me pose pas de problème. Les défis sont beau­coup plus liés à l’âge
des enfants, la gestion du temps, etc.

Malgré tout, le smart­phone ampli­fie ces usages néfastes et peut avoir un impact dange­reux sur la vie des enfants ?

Il y a des impacts, mais cela fonc­tionne dans les deux sens. Du côté posi­tif, nous avons un accès rapide à une base d’in­for­ma­tions qui nous permet de nous instruire, de nour­rir une discus­sion, de trou­ver rapi­de­ment des réponses. En ce qui concerne les impacts néga­tifs, nous pouvons évoquer la capa­cité de concen­tra­tion. Person­nel­le­ment, lorsque je n’avais pas de smart­phone, je pouvais passer des heures à regar­der les murs de ma chambre juste par flemme de travailler ! Nous avons tendance à diabo­li­ser les écrans et igno­rer le véri­table problème. Smart­phone ou pas, lais­ser un enfant livré à lui-même aura des effets néfastes sur son déve­lop­pe­ment person­nel.

À partir du moment où l’on prend le temps d’ex­pliquer et de suivre les enfants dans leur utili­sa­tion du numé­rique, on peut tout à fait abou­tir à un usage sain et maîtrisé. Et si cet usage effraie ou peut paraître dispro­por­tionné pour certains adultes, c’est aussi la panique morale d’une ancienne géné­ra­tion qui juge la jeunesse sans essayer de la comprendre. Moi j’ai regardé des dessins animés japo­nais, qui avaient tout pour me rendre sangui­naire et psycho­pathe, mais tout s’est bien passé ; mes parents ont écouté du rock à la radio et ils s’en sont sortis !

Soit, mais alors y a-t-il un âge pour donner le premier smart­phone ?

Le bon âge n’existe pas : il y a telle­ment de situa­tions et d’en­fants diffé­rents. Ça dépend égale­ment de l’en­vi­ron­ne­ment physique, du degré de matu­rité de l’en­fant et des appli­ca­tions qu’on envi­sage de lais­ser utili­ser. Après, de mon point de vue, le smart­phone ne devrait pas être le premier termi­nal numé­rique qu’on donne à un enfant. Les miens, par exemple, ont commencé avec un ordi­na­teur.

Quelle approche peuvent adop­ter les parents pour déve­lop­per chez leurs enfants un usage équi­li­bré du smart­phone ?

Vaste ques­tion. On cherche le Graal de la gestion du temps des enfants, sans consta­ter souvent que ceux qui passent le plus de temps devant l’écran, ce sont les adultes ! Le premier conseil que je donne­rais donc, c’est de montrer l’exemple. Ensuite, il faut encou­ra­ger, soute­nir et déve­lop­per les passions des enfants, qu’elles soient numé­riques ou pas. Enfin, la prin­ci­pale arme des parents, ce sont les ques­tions et l’écoute. Inte­ra­gis­sez chez vous, parlez, écou­tez vos enfants ! Ce qui importe, dans nos inter­ven­tions, c’est de réus­sir à porter ce discours sans qu’il soit culpa­bi­li­sant pour les parents. In fine, mon objec­tif est de rassu­rer les inquiets et d’inquié­ter ceux qui ne le seraient pas assez ! J’es­saie de faire de ces objets numé­riques, qui sont source de conflit, des outils de paren­ta­lité. »


frequence-ecoles.org

Propos recueillis par Julien Duc • Photo d’ou­ver­ture © Susie Waroude

Smartphone, impacts et bon usage chez les enfants © Susie Waroude

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