Doit-on montrer les atrocités des pays instables ou en guerre aux enfants ? « Il le faut », répond Nora Twomey qui a grandi dans l’Irlande conflictuelle des années 1970. Selon elle, les enfants le savent par la télévision ou les discussions. Autant qu’ils soient avertis jeunes de la dureté du monde pour mieux l’appréhender. Un point de vue discutable mais qui explique qu’elle ait choisi d’adapter le livre de Deborah Ellis, qui raconte la vie de la jeune Parvana, à Kaboul, sous le régime taliban.
Parvana, 11 ans, voit son père injustement envoyé en prison. Cette décision arbitraire met les siens en danger car ce « Baba » est le seul homme de la famille, et depuis l’instauration de l’Émirat islamique d’Afghanistan, les femmes n’ont le droit ni de travailler, ni de sortir seules. Pour trouver de quoi survivre, Parvana choisit de se couper les cheveux et de se faire passer pour un garçon. Mais son rêve est de retrouver ce père instruit et conteur et c’est d’ailleurs le souvenir de ces contes qui lui donnera le courage de tenir bon.
Comme dans Brendan et le secret de Kells ou Le chant de la mer que Nora Twoney a co-réalisés, un soin particulier a été apporté aux décors, aux visages et surtout aux séquences contées. L’animation traditionnelle est très colorée et les dessins superbes, mais leur beauté ne compense pas la dureté du récit, ces injustices, les difficultés de vivre sans identité, ni aucune liberté. Et cette démonstration rugueuse n’est qu’à peine atténuée par la richesse culturelle et patrimoniale de l’Afghanistan, ce qui était un des points forts du livre originel. Mieux vaut le savoir avant de voir ce film audacieux mais difficile.
→ Durée: 1h33 • Sortie : 27 juin