Le musée de Grenoble crée l’événement en consacrant une exposition à la dernière période artistique de Vassily Kandinsky (1866–1944). Figure majeure de l’art moderne, inventeur de l’art abstrait, le peintre fuit l’Allemagne nazie en décembre 1933 pour trouver refuge à Paris avec sa femme. Durant 10 ans, il va développer un nouveau langage pictural où s’entremêlent le vocabulaire géométrique qu’il pratiquait au Bauhaus (école où il enseignait), des tracés plus libres et des motifs tout droit sortis des ouvrages scientifiques qui le passionnent. Pour faire découvrir cette « période parisienne » méconnue du public, le musée a sélectionné des oeuvres peintes et des dessins représentatifs des dernières années de sa vie.
Peu à peu, Kandinsky adoucit les angles qui structurent ses toiles, délaisse les teintes sourdes pour privilégier la couleur de plus en plus vive, libère sa fantaisie. S’inspirant de la botanique, de l’étude des cellules au microscope ou de la voie lactée, il explore l’infiniment petit et l’infiniment grand en créant des formes inédites. Certaines ressemblent à des nuages échappés d’une lampe magique, d’autres font penser à des feuilles d’arbres stylisées, toutes évoluent en apesanteur.
Apogée de ce travail joyeux, la toile Bleu de ciel réalisée en 1940, est composée de petits êtres festifs qui planent sur fond d’azur. Dans les dernières années de sa vie, l’artiste crée aussi des tableaux chargés de compartiments ou de cases, qu’il remplit de drôles d’insectes et végétaux. Ces oeuvres proches des dessins d’enfants stimulent l’imagination. Et c’est bien là que réside le caractère universel de Kandinsky, capable de susciter l’étonnement et la joie chez les petits comme les grands. À voir absolument.
Blandine Dauvilaire