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Seth fait rêver les enfants
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Seth fait rêver les enfants

Mis à jour le 18/03/2024

Artiste urbain passionné, Julien Malland, alias Seth, sillonne le monde pinceaux en bandoulière pour partager son art dans les rues avec d’autres street-artistes. Pour le musée d’art contemporain de Lyon, il a imaginé une installation inédite et convié 9 « collègues » graffeurs à « prendre la parole » sur les murs. Une exposition rare et spectaculaire qui fait un bien fou. Rencontre avec un globe-trotter au grand coeur.

Quel est le sujet de l’exposition Wall drawings, icônes urbaines que vous présentez à Lyon ?
Cette exposition montre comment certains artistes des quatre coins du globe se réfèrent à leur culture traditionnelle pour peindre des choses qui parlent du monde d’aujourd’hui. Derrière leur travail il y a un discours et la volonté de faire réfléchir les gens.

En quoi consiste l’installation que vous avez réalisée à Lyon ?
Elle présente ce que je fais généralement dans la rue mais de manière adaptée aux murs du musée. J’ai peint une tête d’enfant dans laquelle on rentre et qui donne accès à une salle où sont exposés à peu près mille dessins d’enfants du monde entier, âgés de 6 à 10 ans. Je leur ai demandé de représenter leur imaginaire, leurs rêves, de réaliser une sorte d’autoportrait mais sans portrait.

Qu’en est-il ressorti ?
Plein de trucs géniaux car les enfants sont très libres dans leur manière de s’exprimer. Certains ont expliqué ce qu’ils voulaient devenir quand ils seraient plus grands, d’autres ont raconté leur quotidien, leurs rêves…

Comment avez-vous collecté ces dessins ?
Au Brésil, à Lyon et à Paris, j’ai sollicité des écoles. En Chine, je suis allé moi-même les chercher dans les classes, à Bali c’était dans un orphelinat, au Japon c’est une professeur de dessin qui les a collectés.

Ces enfants ont-il des rêves communs ?
Il y a des représentations qui se ressemblent mais aussi de grandes différences. Chez les enfants d’Ukraine, il y a des choses assez dures en lien avec la guerre par exemple.

En complément de ces dessins, vous avez affiché de grandes photos.
Ce sont des enfants chinois et tibétains en habits traditionnels que j’ai rencontré en Chine, ils posent en présentant leur dessin à la place de leur visage.

Pourquoi un tel intérêt pour les enfants ?
Parce qu’ils ont une liberté de penser et de dessiner que l’on perd en devenant adulte, on est formaté. Mon travail est centré sur l’imaginaire, le monde intérieur, les enfants sont la base de tout ça.
Avez-vous réussi à garder cette part d’enfance en vous ? J’aurais bien aimé, mais non ! Je ne suis pas du tout libre comme un enfant qui dessine ce qui lui passe par la tête sans réfléchir, je fais très attention au regard des autres.

Quand vous dessinez dans les rues à l’autre bout du monde comment communiquez-vous avec eux ?
C’est souvent le dessin qui sert de prétexte et nous permet d’échanger. Ils viennent voir ce que je fais, je les fais dessiner sur mes cahiers ou je fais des ateliers avec eux.

Ils vous inspirent ?
Parfois. Le dernier mur que j’ai fait au Sichuan (Chine) représente un dessin d’enfant. Je leur ai demandé de dessiner leur montagne. Puis j’ai dessiné une fille en robe traditionnelle en train de dessiner sur le mur avec la montagne qui continue derrière le bâtiment. J’utilise souvent l’image de l’enfant pour contraster avec la dureté du monde, car je vais dans des endroits qui ont une histoire assez terrible. Dessiner un enfant dans un lieu totalement détruit, chaotique, crée une image forte.

Dans vos oeuvres, le visage des personnages est souvent caché ou énigmatique.
J’aime bien que les passants s’approprient mes dessins, qu’ils puissent imaginer ce que le personnage est en train de faire et lessentiments qu’il peut éprouver.

L’été dernier, vous avez accompli un très beau projet en Chine.
J’ai invité quinze artistes du monde entier et nous avons peint quinze écoles chinoises. Nous avons donné accès à l’art dans des lieux défavorisés et créé des échanges avec les enfants de ces écoles. Nous ferons la même chose l’an prochain en Ukraine.

Dessiner permet de transmettre ses idées.
C’est un peu un combat. Parce que le monde se globalise, les gens commencent à avoir les mêmes rêves partout. Il ne faut pas se contenter de ce que nous dit la société pour être heureux. Dans nos fresques, nous montrons que chacun a son imaginaire et qu’en le développant on peut être heureux.

Les murs ont la parole

Seth nous présente les 9 artistes qui ont travaillé à ses côtés pour l’exposition. « Le Belge Charley Case a représenté une vague avec des personnages pour parler des problèmes de migration. De son côté, Jaz fait souvent de grands murs pour évoquer l’histoire de son pays, l’Argentine, qui s’est construit sur les rapports entre les hommes et les cultures. Kid Kréol & Boogie est un duo de Réunionnais qui invente une tradition graphique, car la culture réunionnaise n’en n’avait pas jusque-là. Addam Yekutieli alias Know Hope vient d’Israël, il traite de la problématique de la frontière. Reko Rennie, Australien, reprend les motifs aborigènes de sa famille en les modifiant de manière contemporaine. Saner se base sur la culture traditionnelle mexicaine pour créer des personnages masqués et costumés. Teck est Ukrainien, il travaille sur les icônes orthodoxes de l’église. Elliot Tupac est issu d’une famille d’affichistes péruviens, il se sert de l’esthétique des posters chicha annonçant les concerts, pour diffuser des messages. Et Wenna, muraliste chinoise, invente un monde où elle mélange différentes cultures asiatiques du dessin. »

Par Blandine Dauvilaire

Exposition wall drawings, îcones urbaines, jusqu’au 15/01/2017.

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