Vieilles pierres, poésie du temps qui passe à la Fonda­tion Bullu­kian

Qui eut dit qu’ad­mi­rer des pein­tures de vieilles pierres pouvait être si capti­vant ? Celles de Yann Lacroix le sont pour­tant, présen­tées à la Fonda­tion Bullu­kian pour l’ex­po­si­tion Imago après une rési­dence de quatre mois au cœur de l’ab­baye royale de Fonte­vraud dans la Loire.

Là, l’ar­tiste a eu tout le loisir d’“attra­per le temps”, celui qu’il ne saisit pas en ville, lui qui a grandi au cœur du parc natu­rel des volcans d’Au­vergne.

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En tête à tête avec le monas­tère, il s’est impré­gné de ses moindres recoins, ses insai­sis­sables reliefs. “Fonte­vraud est un bijou de pierre, un lieu vide à priori sans couleur”, raconte le direc­teur de l’édi­fice, prenant le relai de l’ar­tiste qui perd ses mots dans son humi­lité.

Mais à qui prend le temps de regar­der, les pierres révèlent leurs secrets. Là, l’une d’elle porte les symboles d’une civi­li­sa­tion anté­rieure, réem­ployée pour construire les temples de la suivante. Une poétique du temps à laquelle Yann Lacroix est sensible.

De Faute­vraud à Lyon en passant par l’Ar­mé­nie

Comme un gage d’in­tem­po­ra­lité et d’uni­ver­sa­lité, il aime à mélan­ger les sources icono­gra­phiques, peignant au milieu d’une façade d’ab­baye des morceaux d’édi­fices armé­niens ou lyon­nais, comme dans ce grand diptyque inti­tulé Lugdu­num.

Toujours entre l’his­toire et la poésie, l’ar­tiste donne ainsi à ses toiles une dimen­sion hypno­tique, qu’il répète un motif d’arche de façon quasi psyché­dé­lique ou qu’il capture notre regard dans le cadre d’une fenêtre où un vert paysage fait vibrer le gris pierre.

Nature chère à l’ar­tiste auver­gnat et qui se retrouve dans chacune des toiles, s’in­fil­trant à travers les pierres, s’of­frant au travers d’une meur­triè­re…

On déam­bule face à ces tableaux qui respirent la séré­nité des lieux sacrés, au son d’un infime souffle de duduk, instru­ment tradi­tion­nel armé­nien proche du haut­bois. Clin d’œil à l’Ar­mé­nie où la musique joue un rôle essen­tiel dans les lieux sacrés. Apai­sante visite, pour les adultes comme pour les enfants qui pour­ront à leur tour faire parler les pierres, le temps d’un atelier artis­tique (dès 5 ans).

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