Gianni Colo­simo est un sacré farceur. Dès l’en­trée de son expo­si­tion consa­crée à L’Art contem­po­rain raconté aux enfants, on est tenté de courir toucher toutes ces œuvres appé­tis­santes et ludiques qui brillent sous des lumières soignées, tels des jouets dans un maga­sin. Mais les petites mains devront rester sages, car les 49 sculp­tures et instal­la­tions déployées à la Sucriè­re* ne se dévorent que des yeux ou presque. Sur 1 700 m², le plas­ti­cien italien revi­site des œuvres emblé­ma­tiques d’ar­tistes du XXe siècle, pour les mettre à la portée des plus jeunes, en utili­sant tous les codes de l’uni­vers enfan­tin (formes, couleurs, matières, dimen­sion affec­ti­ve…). Et c’est souvent réussi. Comme La Jolie Plage de Daniel, hommage aux fameuses rayures de Daniel Buren, qui recouvrent ici des mini­ca­bines de plage et tran­sats. Un peu plus loin, c’est Le Berceau de Jan, d’après Jan Fabre, qui intrigue : Colo­simo a recou­vert un lit à barreaux de milliers de scara­bées aux reflets métal­li­sés, et habillé les draps de stylo-bille. Au fond, une gigan­tesque arai­gnée en fils barbe­lés rappelle les sculp­tures de Louise Bour­geois. Juchée sur une patte, la silhouette de Louise l’équi­li­briste donne son nom à l’œuvre. Clin d’œil à la précé­dente expo­si­tion accueillie dans ce lieu, Les Petites Chaises et la table de Chiharu [Shiota, ndlr] sont empri­son­nées dans un entre­lacs de fils colo­rés. Si le célèbre urinoir de Duchamp a été remplacé par Le Pot de chambre de Marcel, Colo­simo a choisi de suspendre au plafond un véri­table équidé, baptisé L’Âne d’or de Mauri­zio, pour saluer le travail de Mauri­zio Catte­lan (les pièces d’or dispo­sées au sol faisant allu­sion à Peau d’âne).
Grâce aux diffé­rents niveaux de lecture des œuvres, parents et enfants entre­ront à leur rythme dans cette expo­si­tion bien plus savante qu’il n’y paraît. Les jeunes visi­teurs pour­ront poser toutes leurs ques­tions aux média­teurs, suivre une visite guidée, ou, de retour à la maison, faire leurs propres recherches sur les œuvres qui ont inspiré Gianni Colo­simo. 
 
Blan­dine Dauvi­laire.