Le musée des Beaux-Arts de Lyon rend hommage à un artiste majeur et pourtant méconnu des Français : Joseph Cornell (1903 – 1972). Pionnier du collage, du montage et de l’assemblage artistique, cet américain occupa une place essentielle auprès des surréalistes en exil à New York comme Man Ray, Dalí, Duchamp, Max Ernst… Principalement axée sur les années 1930 à 1950 (apogée du mouvement aux États-Unis), constituée de 250 œuvres, l’exposition fait dialoguer les pièces de Cornell chargées de poésie avec celles de ses amis surréalistes. Les enfants découvriront avec beaucoup de plaisir les fameuses boîtes vitrées, de toutes tailles, dans lesquelles cet autodidacte glissait des « trésors » variés (papiers pliés, grains de sable colorés, objets détournés), célébrant la dimension merveilleuse de chaque chose, fut-elle minuscule. De quoi inspirer nos bricoleurs en herbe. Tout comme ses collages pleins de délicatesse, chargés de références, qui mettent le regard en joie.
C’est ce mélange des genres, ces décalages fantaisistes, ce goût des surprises, qui confèrent au travail de Joseph Cornell son charme extraordinaire. Fasciné par le monde du cirque et de la magie, il composa aussi des montages de films teintés de mélancolie. Car si l’homme avait le regard vif et l’esprit souple, on sent tout au long du parcours palpiter son cœur sensible. Entouré d’amis célèbres, baigné dans cette ambiance extrêmement créative, il préféra garder une certaine indépendance.
Les deux dernières salles sont d’ailleurs consacrées aux œuvres de Cornell réalisées après la seconde guerre mondiale. Les boîtes vitrées sont toujours là, mais leur contenu a évolué. Plus abstraites, épurées, habillées de ciels étoilés, évoquant davantage le pop art et le minimal art, elles sont surtout une fenêtre ouverte sur l’âme d’un très grand artiste, à découvrir absolument.
Blandine Dauvilaire.