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L’amour à hauteur d’en­fant

Publié le 28/01/2021

Par Clarisse Bioud – Illus­tra­tions de Camille Gabert /

Haut comme trois pommes et déjà amou­reux? Oui, les petits peuvent voir l’amour en grand, avec des émotions aussi fortes que les adultes. Mais comment le senti­ment amou­reux naît-il et se mani­feste-t-il chez l’en­fant? Et comment, en tant que parents, se posi­tion­ner vis-à-vis de cet état amou­reux? De la cour de récré au cabi­net d’un pédo­psy­chiatre, Grains de Sel a cher­ché à mieux cerner le miracle de l’amour. 

Caro­line n’en revient pas. Son fils de 3 ans, Rafael, ne décolle pas de Jalia, une petite fille qu’il a rencon­trée à la crèche et avec laquelle il est scola­risé en petite section de Mater­nelle cette année.

Le matin en arri­vant dans la classe, ils se cherchent mutuel­le­ment. Ils passent leur jour­née ensemble, se font des câlins au point de tomber par terre. Si Jalia pleure, Rafael va lui cher­cher son doudou et tout faire pour la conso­ler” raconte la jeune femme, qui ajoute:  “Il ne dit pas qu’elle est son amou­reuse, mais si je lui demande si elle est sa chérie, il me répond un grand “ouiiiiiii”.” 

© Camille Gabert

Au commen­ce­ment il y a l’oe­dipe

Même si ce petit garçon ne le nomme pas, est-ce déjà d’amour dont il est ques­tion dans cette rela­tion-là? La réponse est oui selon le pédo­psy­chiatre lyon­nais Joseph Tenen­baum, qui place le seuil de l’âge à partir duquel on peut tomber amou­reux à 3 ans, et donc à l’en­trée en mater­nelle, pour une raison bien précise : “Un enfant peut tomber amou­reux à partir de la période de l’oe­dipe, qui va durer en gros de l’âge de 3 à 6 ans; c’est souvent plus tardif chez les filles, à partir de 4–5 ans.

Basique­ment, pour le commun des mortels, l’œdipe corres­pond à ce moment où le petit garçon dit vouloir se marier avec sa maman et la petite fille avec son papa. “C’est vrai, mais ce n’est pas que cela. L’oe­dipe est l’âge à partir duquel l’en­fant éprouve la fin de la toute puis­sance infan­tile, la fin de l’idée que tout est possible et que les parents répondent à tout. C’est une grande phase de désillu­sion­ne­ment et de perte.” Une perte qui rend l’en­fant dispo­nible à la rencontre de l’autre dont il espère qu’il va combler ce manque. “C’est cela la recherche amou­reuse: l’autre est appelé à répondre à l’ab­sence de cet objet perdu à jamais”, explique Joseph Tenen­baum qui rappelle qu’on a à faire avec l’oe­dipe toute sa vie, à chaque expé­rience de sépa­ra­tion ou de deuil, qui fait écho à cette perte initiale.

Loin de se concen­trer sur un moment, cette période de l’oe­dipe consti­tue “un voyage, une traver­sée” qui s’étend donc géné­ra­le­ment sur les trois années de Mater­nelle: “Entre 3 et 6 ans, il y a encore tout un flot­te­ment où les choses sont encore très ambi­va­lentes, confuses, les fron­tières ne sont pas très claires. Les enfants expé­ri­mentent la diffé­rence entre l’amour et l’ami­tié et la diffé­rence des sexes” ajoute le pédo­psy­chiatre. Même si, comme a pu le consta­ter Karine Pasquier, ensei­gnante en moyenne et grande sections de Mater­nelle, “ils peuvent encore très bien être atti­rés par le même sexe qu’eux, sans en perce­voir aucune gêne.” “Tout est encore très plas­tique en Mater­nelle, confirme J. Tenen­baum. C’est une mise en jeu, y compris dans le sens du jeu entre les pièces comme en méca­nique. Rien n’est gravé dans le marbre à cet âge-là. A partir de 7–8 ans, c’est plus fixé: les enfants savent en géné­ral vers qui ils sont atti­rés.

Il ou elle m’aime un peu, beau­coup, passion­né­ment…

Si l’on peut alors parler d’amour dès l’âge de 3 ans, rares sont les enfants qui parviennent à défi­nir ce que le mot “amour” signi­fie pour eux et pourquoi ils sont amou­reux de telle ou telle personne, si ce n’est répé­ter “je l’aime, c’est tout”, avec les yeux qui brillent. C’est donc du côté de leur compor­te­ment qu’il faut aller regar­der pour en savoir un peu plus. Chez les plus petits, on peut noter une certaine exclu­si­vité dans la rela­tion amou­reuse. Ainsi Rafael (3 ans), insé­pa­rable de Jalia, semble indif­fé­rent aux autres enfants de son âge, et même au monde qui l’en­toure, comme installé à l’in­té­rieur d’une bulle avec l’élue de son cœur.

L’autre jour, au square, un copain lui a demandé plusieurs fois de jouer avec lui. À force de s’en­tendre dire non, le petit garçon lui a demandé pourquoi et Rafael a répondu “parce que tu n’es pas Jalia!”, raconte sa maman, avant de pour­suivre: “Le jeudi avant les vacances de Noël, le Père Noël est venu à l’école: c’était quand même LE gros événe­ment! Quand le soir, j’ai demandé à Rafael qui il avait vu ce jour-là, il m’a répondu “Jalia!” Même le Père Noël ne fait pas le poids face à elle!” 

Pour Nathan, 8 ans, “ il y a les copains et les amou­reuses, c’est très impor­tant pour lui”, selon Auré­lie, sa mère. Et ce, depuis le début de la Mater­nelle: “Il était parfois amou­reux de filles bien plus grandes qui s’oc­cu­paient de lui comme d’un enfant plus petit.” Depuis, il avoue assez régu­liè­re­ment sa flamme, sur des dessins ou des petits mots, quitte à ne pas rece­voir de réponse posi­tive en retour, comme il le confie lui-même à propos d’une fille de sa classe: “J’ai écrit “est-ce que tu es amou­reuse de moi?” sur un papier. Quand on est remonté de la récré, j’ai posé le papier sur son bureau. Elle m’a donné un autre papier avec un gros “non” écrit dessus.”

Fata­liste, Nathan ne lui en a pas voulu et, quelques temps plus tard, il a jeté son dévolu sur une autre élève de sa classe, cette fois-ci avec succès. Et il a voulu la gâter: “Un jour à la sortie de l’école, la mère de cette petite fille m’a dit qu’elle rentrait à la maison avec des cadeaux de Nathan qui avaient l’air précieux”, révèle Auré­lie. Elle inter­roge alors Nathan qui lui avoue s’être servi dans sa boîte à bijoux! “Il voulait lui faire plai­sir en lui donnant de jolies choses. J’ai expliqué qu’on pouvait fabriquer ses propres cadeaux, mais qu’on n’avait pas à en offrir tous les jours pour expri­mer son amour… surtout si on les avait pris ailleurs!” 

A l’école juste­ment, Pauline Seguin, insti­tu­trice en banlieue lyon­naise, note une diffé­rence de matu­rité entre les CE2 et les CM1 dans leur compor­te­ment face au senti­ment amou­reux: “Les premiers vont dire plus libre­ment qu’ils sont amou­reux. Pour les autres, quand on parle d’amour notam­ment à travers une œuvre litté­raire, je sens chez eux une certaine gêne: ils ont les joues rouges, ils rient un peu niai­se­ment.” 

A tout juste 13 ans, Jeanne n’a quant à elle aucun mal à décrire et analy­ser le senti­ment amou­reux: “Être amou­reux, c’est avoir le senti­ment d’exis­ter, sentir que tu as besoin de faire quelque chose pour l’autre, penser à lui le soir, sourire quand il sourit, être triste quand il est triste.” Il faut dire que la jeune adoles­cente a déjà une solide expé­rience en la matière, affir­mant que, depuis la Mater­nelle, elle a toujours été amou­reuse: “Je ne supporte pas de ne pas avoir de personne sur qui passer mon temps! Mais quand j’étais petite, peut-être que parfois, je m’in­ven­tais des histoires.” Si les plus jeunes peinent à expliquer comment distin­guer l’amour et l’ami­tié, Jeanne est quant à elle très claire : “J’ai plein d’amis garçons. La diffé­rence, c’est qu’a­vec un ami, tu penses plus à jouer et à rigo­ler. Par exemple, à la piscine, tu t’amuses à t’écla­bous­ser. Avec un amou­reux, tu veux être collé à lui.” Et quand Jeanne tombe amou­reuse, elle adopte toujours la même atti­tude: “Je cherche à impres­sion­ner l’autre. Si je suis forte dans un truc, par exemple en maths, je lui propose mon aide. S’il me fait un compli­ment sur mes chaus­sures, je vais avoir envie de les mettre tout le temps!” 

Ces diffé­rents témoi­gnages d’en­fants montrent que, pour beau­coup d’entre eux, l’amour fait partie de leur quoti­dien. Pour le pédo­psy­chiatre Joseph Tenen­baum, rien de plus “natu­rel”: “On dit bien “tomber amou­reux”: c’est quelque chose qui nous tombe dessus, qui vient nous bouger.” Et la taille de l’en­fant n’a rien à voir avec celle de ses senti­ments, bien au contraire! “Le senti­ment est de même nature et de même force que chez l’adulte, voire plus fort encore puisqu’il s’agit de la première fois.” 

© Camille Gabert

Les feux de l’amour

Si la plupart du temps, les jeunes enfants ont du mal à poser des mots sur les émotions qu’ils ressentent, nombreux sont ceux qui décrivent les sensa­tions corpo­relles déclen­chées en présence de l’être aimé. “J’ai très chaud”, dit Nathan, “Je trans­pire, j’ai chaud, parce que je suis en stress”, affirme aussi Jeanne. ”Comme chez l’adulte, les réac­tions physio­lo­giques vont de pair avec l’af­fect, et marquent le senti­ment amou­reux, indique J. Tenen­baum. On a le cœur qui bat, la pres­sion sanguine qui augmente, on a chaud, on peut avoir les mains qui trans­pirent. Des signes qui ne trompent pas et permettent de faire la diffé­rence avec l’ami­tié qui peut provoquer des sensa­tions fortes mais en géné­ral pas celles-là!

Il faut ajou­ter que dans ces histoires d’amour là, il est déjà ques­tion de sexua­lité et ce, dès le plus jeune âge. “Entre 3 et 6 ans, la ques­tion sexuelle est omni­pré­sente car c’est la décou­verte de la diffé­rence des sexes et donc du corps de l’autre. Il y a une grande curio­sité sexuelle: on veut regar­der, toucher en jouant au docteur ou au papa et à la maman. La pulsion est très présente à ce moment-là”, explique encore J. Tenem­baum. A partir de 6–7 ans, les pulsions se calment, le senti­ment amou­reux reste, mais il est un peu désexua­lisé. La sexua­li­sa­tion refera son appa­ri­tion au moment du tsunami pulsion­nel de l’ado­les­cence.” Un “boule­ver­se­ment hormo­nal” dont on pourra peut-être lire une mani­fes­ta­tion, incons­ciente, dans la méta­phore gour­mande utili­sée par Jeanne la collé­gienne pour défi­nir l’amour: “L’amour c’est comme un hambur­ger, à la fois atroce et génial. Le pain moel­leux, le steak juteux, la salade amère et la tomate sucrée. Un mélange de doux et de dur.” Chez les adoles­cents, “le senti­ment amou­reux se teinte à nouveau de la ques­tion du désir sexuel au sens large, de l’at­trac­tion physique pour l’autre”, conclue en écho le docteur Tenen­baum.

© Camille Gabert

Faire comme papa, maman… et Ariol

Mais reve­nons à nos plus jeunes enfants qui, s’ils ressentent de véri­tables senti­ments et émotions d’amou­reux, cherchent aussi à imiter les plus grands, que ce soit les adultes de leur entou­rage ou les héros de leurs livres et dessins animés préfé­rés. Il suffit d’ob­ser­ver ce qui se passe dans une cour de récréa­tion, avec le jeu du papa et la maman qui se pratique même entre enfants du même sexe (des petites filles, surtout). “Dans le fait d’être amou­reux, le modèle paren­tal de chacun joue beau­coup, note Joseph Tenen­baum. Il y a un jeu d’iden­ti­fi­ca­tion avec les deux parents, car l’oe­dipe, ce n’est pas seule­ment être attiré par le parent de l’autre sexe, c’est très ambi­va­lent.

De son côté, l’en­sei­gnante Pauline Seguin se souvient du mariage orga­nisé en grandes pompes dans son école, par deux élèves de 8–9 ans: “Ils m’avaient donné un carton d’in­vi­ta­tion, la petite fille est arri­vée en robe blanche à dentelle, le mariage a eu lieu dans la cour à l’heure de la récré, créant un attrou­pe­ment d’en­fants. On a dû casser leur rêve car ça prenait de trop grosses propor­tions!” Il s’avère d’ailleurs, raconte l’ins­ti­tu­trice, que “le divorce” a eu lieu l’an­née d’après, l’un des deux mariés ayant jeté son dévolu sur un autre enfant. Pour Joseph Tenen­baum, tous les enfants sont amou­reux de la même façon, ils ont tous aussi chaud les uns que les autres, mais “les moda­li­tés amou­reuses sont très condi­tion­nées par les modèles qui ne se jouent pas de la même manière, suivant les civi­li­sa­tions et les discours trans­mis: qu’est-ce qu’être un homme, une femme, qu’est-ce qu’être viril, fémi­nine, quelles sont les places de chacun?” Ainsi, tous les enfants connaissent le senti­ment amou­reux, mais “la façon dont ils vont le mettre en scène et dont la rencontre avec l’autre va se tramer, dépend des facteurs exté­rieurs et de la culture sur laquelle tout ça vient prendre appui.

Autres points de réfé­rence pour les enfants, en matière de rela­tions amou­reuses: les livres jeunesse. Si les histoires de prin­cesses et de cheva­liers ou les contes de fées tels que Poucette ou Peau d’Âne, ont encore le vent en poupe, ils sont souvent “revi­si­tées aujourd’­hui, notam­ment à travers de nouvelles illus­tra­tions”, indique Céline Galtier de la librai­rie spécia­li­sée jeunesse A titre d’aile (Lyon 1er). La libraire note que l’on trouve aussi, sur le thème de l’amour, “des histoires inédites qui s’écartent un peu des grands clas­siques comme dans Louve de Fanny Ducassé dont l’hé­roïne tombe amou­reuse d’un homme-loup. Cette histoire d’amour ouvre vers une autre théma­tique, celle de la diffé­rence.

Mais le gros succès des cours de récré, ce sont les séries Ariol, Les P’tites Poules ou Mortelle Adèle: “On est ici vrai­ment du côté du point de vue de l’en­fant et de son quoti­dien”, explique Céline Galtier qui consi­dère que “ces petits héros peuvent aider les enfants à gérer et nommer leurs émotions, et à construire leur iden­tité amou­reuse.” On ne doute pas en effet que de nombreux petits garçons de 8 ou 9 ans aient déjà traversé les mêmes émotions que l’im­payable et atta­chant ânon Ariol, amou­reux transi de sa copine de classe, la petite vache Pétula.

De son côté, pour répondre à ce qu’est l’amour, Chloé, 7 ans, fait spon­ta­né­ment réfé­rence à l’une de ses dernières lectures, Le loup qui cher­chait une amou­reuse d’Oriane Lalle­mand et Eléo­nore Thuillier: “Quand tu es amou­reux, tu as le coeur qui bat très très vite, tu es flagada, tu es tout mou, comme le loup”, avant de convoquer un autre héros culte de la bande-dessi­née: “ Et puis tu ne sais pas quoi dire, comme Obélix qui est amou­reux de Falbala: quand il lui parle, il bafouille.” Preuve en est que les livres peuvent aider à recon­naître le senti­ment amou­reux et peut-être même à se l’ap­pro­prier: “C’est quand même ça la litté­ra­ture: poser des mots sur quelque chose qu’on a ressenti et où l’on se dit “mais ça, c’est exac­te­ment moi!”” affirme Céline Galtier. 

Des parents à la bonne distance

Senti­ment déli­cieux, l’amour n’en contient pas moins une part plus doulou­reuse lorsqu’il n’est pas partagé. “Le chagrin d’amour fait revi­si­ter la ques­tion de la perte oedi­pienne et entraîne des senti­ments du côté de la dépres­si­vité”, souligne le pédo­psy­chiatre Joseph Tenen­baum. Que faire alors en tant que parent pour aider son enfant? Pour le spécia­liste, il convient d’ac­cueillir cette émotion, d’être à l’écoute si l’en­fant souhaite se confier. “Je ne sous­cris pas à l’idée qu’il faut à tout prix parler. Parfois il y a des choses qu’il vaut mieux taire, vivre et éprou­ver soi.

Ce qui importe, pour le spécia­liste, c’est d’être atten­tif et de garder sa porte ouverte à l’en­fant, comme dans les autres domaines de sa vie. “C’est l’en­fant qui fait bous­sole. Chez certains, leur person­na­lité va les pous­ser à s’épan­cher faci­le­ment et on les écou­tera. D’autres préfé­re­ront vivre leur chagrin dans leur coin et c’est à respec­ter aussi en tant que parent. A moins de ressen­tir une véri­table détresse: l’en­fant pleure très souvent, ne veut plus aller à l’école, ne prend plus plai­sir à jouer, ne s’ali­mente ou ne dort plus, pendant une durée qui excède plusieurs jours.” Sans aller jusqu’à ce cas de figure extrême, “le senti­ment peut être doulou­reux, on ne peut pas empê­cher qu’il le soit, mais on peut être à côté de l’en­fant. Le chagrin d’amour est une expé­rience matu­ra­tive car elle pousse à apprendre à faire avec son manque.” Autre­ment dit, c’est une épreuve qui, parti­ci­pant à la construc­tion psycho­lo­gique de l’en­fant, va l’ai­der à gran­dir. Cela explique­rait pourquoi nombre d’adultes se souviennent aujourd’­hui avec préci­sion – et avec une certaine émotion –  de leurs premières amours.

A l’image de Véro­nique qui a encore quelque part chez elle le brace­let offert par Alexandre en colo­nie de vacances. Ou de Chris­tophe, qui a gardé intact le souve­nir du premier baiser échangé furti­ve­ment sous le préau de l’école avec cette fille plus grande d’une tête que lui… Ces amours d’en­fance, tout sauf petits, font partie de nous, logés quelque part entre notre cœur et la case souve­nirs de notre cerveau.

© Camille Gabert

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