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Groupe d'enfants funambules sous un chapiteau de cirque
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Ateliers de pratique du cirque: en piste, les enfants !

Mis à jour le 10/10/2023

À Lyon, les spec­tacles de cirque ne manquent pas, très souvent acces­sibles aux enfants. Les univers qu’ils proposent nour­rissent l’ima­gi­naire des plus jeunes, qui de plus en plus, se mettent eux aussi à pratiquer les arts du cirque, en cours hebdo­ma­daires. Disci­pline complète qui s’adresse à tous et à toutes, le cirque permet aux enfants de déve­lop­per leur motri­cité et leur sens du spec­tacle, dans un mélange de valeurs fortes : la persé­vé­rance, la soli­da­rité et l’in­clu­sion.

À partir de la mi-mai, le cirque va enva­hir la métro­pole de Lyon, grâce au festi­val des utoPistes qui revient, après 5 ans d’ab­sence. Des spec­tacles et des perfor­mances seront à décou­vrir du centre-ville lyon­nais à Saint-Genis-Laval, en passant par Villeur­banne et même sous un chapi­teau à Vénis­sieux, future ville d’im­plan­ta­tion de la très atten­due Cité inter­na­tio­nale des Arts du Cirque (CIAC) dont l’ou­ver­ture est prévue en 2027.

Portés par l’ar­tiste circas­sien Mathu­rin Bolze et sa compa­gnie MPTA basée à Lyon, les utoPistes marquent le temps fort de la diffu­sion du cirque sur le terri­toire, par leur program­ma­tion déployée sur trois semaines et les diffé­rentes formes qu’ils donnent à voir dans les 14 lieux parte­naires du festi­val.

Cette belle actua­lité des arts du cirque nous donne l’oc­ca­sion de mettre un coup de projec­teur sur la pratique dite « amateur », en ateliers, qui remporte un franc succès chez les enfants, dès 3 ans. C’est proba­ble­ment parce que contrai­re­ment à d’autres disci­plines unique­ment spor­tives ou artis­tiques, le cirque propose juste­ment les deux.

« Le cirque est inté­res­sant, parce que ça mêle le physique et l’ar­tis­tique« , confirme David Massot, direc­teur du Cirque Imagine dont le chapi­teau se dresse depuis 2012 à Vaulx-en-Velin, pour y propo­ser des spec­tacles avec sa troupe et des cours pour enfants de 3 à 13 ans tous les mercre­dis.

Cette double dimen­sion physique et artis­tique est aussi essen­tielle pour Claire Leroy, coor­di­na­trice de l’école de Cirque de Lyon qui, fondée à la fin des années 90 et instal­lée dans la MJC Méni­val de Lyon 5e, dispense des cours hebdo­ma­daires pour enfants de 3 à 15 ans : « On n’est pas dans une approche spor­tive, gymnique ou hyper perfor­ma­tive. On asso­cie toujours la pratique à la ques­tion de la repré­sen­ta­tion sur scène et à la dimen­sion artis­tique. »

C’est pourquoi les deux écoles proposent à leurs élèves de présen­ter un spec­tacle à la fin de l’an­née qui, loin d’être une simple resti­tu­tion de ce qu’ils ont appris en cours, revêt au contraire les atours d’une vraie repré­sen­ta­tion sur scène.

enfants assis les uns sur les autres façon  petit train
En plein atelier de cirque des 5–7 ans à l’école de Cirque de Lyon – MJC Méni­val © Tom Augendre

Une diver­sité de pratiques enri­chis­sante

L’autre atout des arts du cirque, c’est leur plura­lité qui permet aux enfants, à la fois de tout tester, mais aussi d’al­ler vers ce qu’ils préfèrent et où ils se sentent à l’aise. « Le cirque a une très grande diver­sité de disci­plines et d’ap­proches : n’im­porte qui peut y trou­ver son compte. De l’acro­ba­tie au jeu de clown, on peut trou­ver sa place, même si on n’est pas hyper physique« , affirme Manon Tabar­din, respon­sable des pratiques amateurs à l’école de Cirque de Lyon.

Ce que confirme l’ar­tiste Mathu­rin Bolze : « Avec toutes les disci­plines du cirque, l’avan­tage est qu’on va pouvoir aller cher­cher celle qui nous corres­pond le mieux : quand on fait du hand on fait du hand, mais quand on fait du cirque, on peut faire du jonglage, des portés…« 

Alors quelles sont ces disci­plines explo­rées en ateliers de cirque? Si la jongle­rie, le trapèze et les acro­ba­ties viennent tout de suite à l’es­prit, il faut savoir que c’est loin d’être les seuls agrès et pratiques propo­sés. Jona­than Audic, profes­seur à l’école de Cirque de Lyon, les classe en quatre grandes familles:

« Les équi­libres sur objet, avec la boule, le mono­cycle, le fil ou le rouleau améri­cain; les aériens avec le trapèze, le tissu, la corde lisse et des trucs plus atypiques comme le mât chinois, mais c’est plus pour les grands ados; la mani­pu­la­tion avec la jongle­rie et enfin les acro­ba­ties et les portés. » Pour les plus petits (3 à 5–6 ans, selon l’école), il s’agira avant tout de motri­cité en jouant « sur la ques­tion de l’équi­libre et de la coor­di­na­tion avec la mani­pu­la­tion d’objets« , précise Manon Tabar­din.

Au Cirque Imagine aussi, il est ques­tion de parcours et de roulades « pour déjà comprendre comment sentir ses mouve­ments et les contrô­ler« , mais égale­ment de prémices de jongle­rie : « Ils vont attra­per les objets, essayer de se les passer d’une main à l’autre; ce sont des choses très basiques, mais très impor­tantes car elles permettent de déve­lop­per sa motri­cité et le geste: ce qu’on veut faire et arri­ver à le faire!« , décrie David Massot.

On est aussi étonné d’ap­prendre que, quelle que soit l’école, un p’tit bout de 5 ans peut s’ini­tier au tissu, cette longue écharpe rouge autour de laquelle on s’en­roule pour grim­per et enchaî­ner les figures à plusieurs mètres du sol!

Chez les plus jeunes enfants, ça commence à 50 centi­mètres du sol et avec la tech­nique du « hamac »: « On fait un nœud qui leur permet de s’as­seoir et on leur montre comment, en écar­tant un petit peu les jambes, ils peuvent bascu­ler. Ce sont les jambes avec le tissu qui les retiennent. Au départ, ils sont perdus parce qu’ils sont à l’en­vers et loin du sol, mais petit à petit ils comprennent où ils se situent dans l’es­pace, » explique David Massot qui, dans la même idée, leur propose aussi de « faire le cochon pendu » au trapèze.

des pieds d'enfant monté sur le dos d'une petite fille à quatre pattes en cours de cirque
Porté à l’école de Cirque de Lyon – Lyon Méni­val : la porteuse est en bas, la volti­geuse en haut © Tom Augendre

Le sens du spec­tacle

Cette démarche d’ou­ver­ture et de décou­verte des agrès est la même chaque année envers tous les enfants, quel que soit leur niveau. « Même si un élève a trois ans de cirque derrière lui et que ce qu’il aime, c’est faire du trapèze, on va lui propo­ser chaque année de faire autre chose, témoigne Jona­than Audic. Le but, c’est qu’à sa sortie de l’école, il sache à peu près faire de tout, même si sa pratique prin­ci­pale reste le trapèze. »

C’est aussi pour ne pas le canton­ner dans un rôle car, dès le deuxième trimestre, les enfants commencent à travailler le spec­tacle de fin d’an­née. Et là, ils profitent juste­ment d’avoir testé tous les agrès pour choi­sir ce qu’ils vont montrer sur scène.

Jona­than les accom­pagne avec bien­veillance, en leur deman­dant d’abord de quoi ils ont envie puis en véri­fiant si cela corres­pond à leurs capa­ci­tés réelles : « Je fais toujours atten­tion à ce qu’ils soient à leur avan­tage. Par exemple, un enfant de 11 ans qui n’ar­rive pas à monter au tissu alors que c’est son rêve, je lui dis de conti­nuer de travailler et que ce sera pour une prochaine fois.« 

Le spec­tacle, très impor­tant dans la vie de l’école, s’écrit au maxi­mum avec les enfants. « J’es­saie toujours de faire en sorte que les choses viennent d’eux« , confie Jona­than. Avec les plus petits, il trouve un thème, par exemple les pirates, et brode autour : « Qu’est-ce que feraient des pirates? Il peut y avoir une attaque, un nettoyage du pont, on va avoir des objets détour­nés comme des voiles… »

Autant de pistes pour les aider à imagi­ner des numé­ros. À partir de 9 ans, ce sont les enfants qui montent leur spec­tacle : « Nous, on les aide à rester sur les bons rails pour conti­nuer leur numéro. N’im­porte qui peut venir avec des idées, il n’y a pas besoin d’avoir une tech­nique mons­trueuse. » Ce qui compte, c’est de racon­ter une histoire : « En cirque, il y a l’as­pect tech­nique et physique de la figure, mais aussi l’as­pect artis­tique: quand je viens sur scène, ce n’est pas pour faire un paquet de figures et faire ma sortie.« 

Au cours des répé­ti­tions, Jona­than ne cesse de rappe­ler aux enfants qu’ils sont sur scène. Cela déter­mine leur place­ment : les tapis de sol consti­tuent l’es­pace scénique, quand des plots déli­mitent les coulisses. Cela vaut aussi pour leur atti­tude : « On n’entre pas sur scène les doigts dans la bouche ou en courant, sauf si demandé dans le spec­tacle! »

Même approche au Cirque Imagine : « Il y a toujours une histoire, une théma­tique, la dernière fois, c’était le cinéma« , lance David Massot. Et comme à l’école de Cirque de Lyon, les profes­seurs sont « à l’écoute des idées avan­cées par les enfants. » La parti­cu­la­rité est que les cours sont prodi­gués par les artistes profes­sion­nels de la troupe, qui se produisent dans les spec­tacles joués sous le chapi­teau.

David y voit deux avan­tages: « profi­ter de leur tech­nique et de leur expé­rience, mais aussi décou­vrir la vie d’un artiste de cirque. Pour nous, l’école de cirque, c’est un peu ouvrir les portes de notre maison : ça permet aux élèves de nous rencon­trer, de nous poser des ques­tions. On a des artistes qui viennent du monde entier, c’est enri­chis­sant! »

En outre, les cours comme le spec­tacle de fin d’an­née, ont lieu sous le chapi­teau, qui dans l’ima­gi­naire de chacun·e et à tout âge, renvoie immé­dia­te­ment au cirque. « Le cirque se fait partout aujourd’­hui, dans la rue ou les théâtres, et c’est formi­dable, mais le chapi­teau reste un marqueur impor­tant des arts du cirque, et tech­nique­ment c’est un avan­tage parce qu’on a 10 m de hauteur!« 

deux enfants se tiennent les poignets avant de se lancer dans un porté, en cours de cirque
Prépa­ra­tion avant de se lancer dans un porté à deux © Tom Augendre

Des valeurs fortes

Dans les deux écoles, des valeurs très fortes sont encou­ra­gées et déve­lop­pées, à commen­cer par la soli­da­rité. Cela tient au groupe, forti­fié tout au long de l’an­née. Pour cela, Jona­than Audic passe par le jeu: « De septembre à février, dans chaque cours de 1h30, on prend 20 à 30 minutes pour faire un jeu. On en a plein, avec toujours des enjeux colla­bo­ra­tifs et d’écoute. Ce sont des choses qui vont struc­tu­rer le groupe, car via ces jeux, on intime une bien­veillance: on donne envie aux enfants de s’en­trai­der. »

Cette bien­veillance leur est utile lorsque le profes­seur leur demande de faire des retours sur les numé­ros de leurs copains, « de manière critique et juste, pour les faire tous avan­cer. »

Pour David Massot, chez qui l’as­pect troupe est histo­rique­ment très impor­tant, le fait d’avoir souvent « des petits exer­cices à deux, trois ou quatre enfants, néces­site de pouvoir comp­ter les uns sur les autres et de se respec­ter. » Il insiste aussi sur la persé­vé­rance et le goût du travail.

« Je dis souvent : “Pour avoir un petit résul­tat, il faut beau­coup travailler”. Aujourd’­hui avec la télé-réalité et les youtu­beurs, les enfants pensent que la vie est facile, mais on sait très bien que ce n’est pas ça la vie. Au cirque, on les remet face à la réalité : “Tu veux faire ça au trapèze? Tu peux, mais il faut aller étape par étape, il faut bosser!” »

Mais David n’ou­blie pas qu’il est aux commandes d’une école de loisirs : « Les enfants doivent se faire plai­sir. Alors on met au point avec eux des objec­tifs attei­gnables, ce qui les pousse à se dépas­ser un peu. Ils sont hyper satis­faits après, quand ils réus­sissent. Le cirque déve­loppe la confiance en soi. » Jona­than valide l’idée de four­nir des efforts, mais récuse toute idée de perfor­mance qui implique­rait de la compé­ti­tion entre les enfants.

L’idée est que chacun·e trouve sa place, quels que soient son âge, son sexe et son niveau : « On peut commen­cer le cirque à n’im­porte quel âge, j’ai moi-même débuté à 21 ans! » confie-t-il.

petit garçon debout sur un trapèze sous le chapiteau du cirque Imagine
Petit garçon en pleine concen­tra­tion pendant son exer­cice au trapèze © Cirque Imagine

Une place pour tous les corps

On peut aussi faire du cirque quel que soit son corps, ce qui est moins vrai dans d’autres disci­plines. L’ar­tiste Mathu­rin Bolze qui, enfant, a commencé par faire de la gym, dit avoir trouvé dans le cirque le moyen de « déve­lop­per sa propre person­na­lité, quand la gym nous demande d’être des corps plutôt parfaits et plutôt normés. »

Même s’il recon­naît et loue l’as­pect colla­bo­ra­tif de la pratique circas­sienne, il pointe aussi « la ques­tion du singu­lier, du travail avec ses défauts et ses habi­le­tés » propre au cirque : « Quelqu’un qui a une laxité parti­cu­lière pourra en faire sa ligne de force en deve­nant contor­sion­niste. »

Profes­seure agré­gée d’EPS, et respon­sable de l’option cirque du collège Les Battières (Lyon 5e), Lénaïk Zavatta voit dans cette disci­pline un moyen « d’ha­bi­ter son corps« , notam­ment chez les adoles­cents, c’est-à-dire « accep­ter d’avoir ce corps, commen­cer à l’ai­mer et, en paral­lèle, se rendre compte qu’a­vec ce corps on arrive à faire des choses. Petit à petit, il y a de l’éner­gie qui circule dans ce corps et même dans la tête, on pose un regard doux sur soi et ce qu’on est. »

Elle pense à l’une de ses élèves en surpoids qu’elle a vue s’épa­nouir au fil des ans, grâce à la jongle­rie : « Même si c’est une disci­pline poin­tilleuse, qui néces­site énor­mé­ment de répé­ti­tions, on n’est pas obligé d’al­ler puiser dans des ressources motrices; l’objet mani­pulé permet de déve­lop­per un langage de corps qui résonne avec ses ressources. » Pour cette élève en parti­cu­lier, cette pratique a été « un levier: elle a trouvé sa petite zone d’ex­pres­sion. » Elle a trouvé sa place.

Lire aussi notre repor­tage en cours de cirque au collège Les Battières, Lyon 5e.


École de Cirque de Lyon / MJC Méni­val, 29 av. Méni­val, Lyon 5e. Tél. 04 72 38 81 61. ecole­de­cirque­de­lyon.com
Cours le mercredi, les soirs après l’école ou le samedi matin : 3–5 ans (1h30), 5–7 ans (1h15), 7–10 ans (1h30), 9–13 ans et 11–15 ans (1h30). Tarifs : 208€ pour les 3–5 ans, 290€ pour les 5–7 ans, 295€ à partir de 7 ans (+ 8€ adhé­sion MJC et 22,10€ licence cirque).
Cirque Imagine, 5 av. des Canuts, Vaulx-en-Velin. Tél. 04 78 24 32 43. cirquei­ma­gine.com
Cours le mercredi : 3–6 ans (1h), 6–8 ans et 9–13 ans (1h30). Tarifs : 200€ pour les 3–6 ans, 300€ pour les 6–13 ans.


Photo d’ou­ver­ture : © Cirque Imagine

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© Cirque Imagine

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