Vous rêvez d’une grande exposition qui puisse nourrir la curiosité de tous les membres de la famille ? Courez voir L’art et la machine au musée des Confluences ! Grâce à 178 pièces exceptionnelles mises en valeur comme des bijoux dans un écrin, Hélène Lafont-Couturier et ses équipes font la démonstration passionnante que depuis le XIXe siècle, les machines et les arts plastiques n’ont cessé de dialoguer pour s’enrichir mutuellement.
Tout au long du parcours, le public s’interroge en écarquillant les yeux : s’agit-il du travail d’un artiste ou d’une vraie machine ? Prenez la Citroën D.S. revisitée par Gabriel Orozco. De profil, son célèbre design rend cette voiture reconnaissable entre toutes, mais de face, la transformation opérée par l’artiste, qui l’a réduite d’un tiers dans le sens de la largeur, la propulse illico au rang d’œuvre contemporaine.
Impressionnants, l’aéroplane Demoiselle de Santos-Dumont et la réplique du planeur de Lilienthal côtoient l’hélice de Breguet et le monocycle à cavalier intérieur de Jackson, qui ont fasciné Marcel Duchamp au point de créer sa fameuse Roue de bicyclette. Les tableaux qui s’enchaînent, magnifiés par de douces lumières, célèbrent les grandes forges et laminoirs qui peuplent les usines, tandis que Claude Monet et Auguste Chabaud saluent le développement du chemin de fer. De la machine en mouvement au mouvement artistique, il n’y a qu’un pas, comme le prouvent la Compression de voiture de César ou La Cloche assemblée par Tinguely (jamais montrée en France), qui sonne à intervalle régulier.
Au centre de l’exposition, un espace de cinéma drive-in composé de 20 extraits au choix – des Temps modernes de Charlie Chaplin à Hugo Cabret de Scorsese – aimante les jeunes visiteurs, qui ne sont pas au bout de leurs surprises. Sagement alignés, les ancêtres de l’appareil photo et de la caméra rappellent le chemin parcouru pour arriver au Smartphone. Soudain, la lumière se fait plus crue et les œuvres-machines encore plus spectaculaires.
La Station vampires aux allures de vaisseau spatial assemblée par Rigobert Nimi, la voiture de sport Giulietta accidentée et sauvée de la casse par Bertrand Lavier, la mobylette sous cage d’acier ornée d’un néon Chagrin imaginée par Claude Lévèque, ou encore la bicyclette géante conçue en matière végétale par Titos Mabotta, entourent l’œuvre monumentale Méta-Maxi de Tinguely. Avec ses 12 mètres de long et plus de 4 mètres de haut, cette sculpture-machine, quasiment inconnue, faite de mécanismes en tous genres qui s’animent toutes les 20 minutes, adresse un clin d’œil malicieux au monde industriel.
Ainsi s’achève en beauté ce fabuleux voyage dans le temps, qui imprimera durablement la mémoire des petits et des grands.
Blandine Dauvilaire