Destiné aux curieux en quête d’émotions, le festival des 7 collines, à Saint-Étienne, fête ses 20 ans. Focus sur une programmation pluridisciplinaire et enthousiasmante avec son directeur, Jean-Philippe Mirandon.
Le festival Les 7 Collines réussit le pari d’être pointu, audacieux et populaire. Qu’est-ce qui fait son ADN si particulier ?
Notre volonté est de faire découvrir au public des propositions singulières dans les domaines du cirque, de la danse et de la performance. Nous proposons beaucoup de spectacles inédits en France. Les formes sont modernes mais absolument pas élitistes et s’adressent à un large public, y compris familial.
Vous bénéficiez d’une aura nationale et d’un public chaque année plus nombreux. Comment expliquez-vous cette adhésion ?
En 20 ans, une confiance s’est installée. Je crois que les spectateurs reviennent parce qu’ils savent qu’ils risquent d’être agréablement surpris.
Il n’est pas rare de découvrir aux 7 collines des spectacles novateurs, programmés ensuite dans des salles prestigieuses. Comment effectuez-vous votre travail de défrichage ?
C’est un travail de fourmi. Cette année, nous avons étudié mille projets, dont la moitié à l’étranger, avant d’en sélectionner une vingtaine. On s’appuie sur des réseaux comme l’Office national de diffusion artistique, le festival Tamz Im August de Berlin, le FTA à Montréal… On fouine aussi hors des circuits habituels. Et c’est vrai que nous sommes très fiers de faire émerger des compagnies.
La programmation fait la part belle au cirque. Quelles surprises nous réserve la 20e édition ?
Le cirque est un domaine où l’on trouve beaucoup de formes nouvelles, au service d’une histoire, d’une poésie. C’est pourquoi, dans un esprit très rassembleur, nous programmons Les 7 doigts de la main. C’est du grand show qui tient en haleine les spectateurs avec des performances acrobatiques, mais aussi de la danse, du chant. Nous recevrons également la compagnie Oktobre, qui mélange cirque et magie nouvelle dans une dimension plastique magnifique et avec un langage parfaitement maîtrisé. La très chouette compagnie Inextremiste propose une narration complètement déjantée et fait (un peu !) peur au public avec un niveau technique exigeant. De même, je suis heureux de faire découvrir le spectacle Croisé, interprété par de jeunes circassiens qui sortent de l’École nationale de cirque de Montréal. Avec eux, tout devient ustensile de cirque et prétexte à acrobaties. Ils créent des ambiances et le propos est exigeant. Nous accueillerons aussi le cirque Hirsute, qui présentera sa toute dernière création de haute voltige aérienne. Un spectacle tout à fait jeune public.
Quelles expériences proposent les deux spectacles participatifs des performers ?
Le performer Éric Joris permettra aux spectateurs de vivre une expérience de réalité virtuelle en s’équipant de lunettes vidéo et d’un casque audio. Il propose trois immersions, dont la plus adaptée aux enfants est un voyage dans l’univers d’Alice au pays des merveilles. Le spectateur sort du cadre habituel de la représentation. Ses sens sont mis en éveil au profit d’une perception singulière de son environnement. L’artiste plasticien Frank Bölter a aussi une proposition très originale qui s’appuie sur les ressorts de l’enfance. Il invitera le public à fabriquer avec lui un bateau en Tetra Pak, la matière des boîtes de lait. Une fois découpé, plié et collé, ce navire de 10 mètres de long ira voguer sur le lac Grangent.
Marionnettes, danse et musique seront aussi de la partie…
Oui, avec notamment la troupe sud-africaine Via Kalehong. À travers la danse et le chant, elle nous plonge dans l’univers des townships et dégage une énergie vitale communicative. Il n’est pas rare que les spectateurs viennent danser avec elle à la fin du spectacle. Côté musique, en tête d’affiche, nous recevrons Suzanne Vega. Dans le parc du musée de la Mine, les familles pourront découvrir des marionnettes géantes et les manipuler.
Le festival s’invite dans d’autres villes que Saint-Étienne, pour quelles raisons ?
Depuis 4 ans, nous avons souhaité placer le festival dans une dynamique d’agglomération, avec des spectacles dans d’autres villes comme Andrézieux-Bouthéon ou Firminy. Cela crée une synergie très positive. Mais le point d’ancrage reste bien à Saint-Étienne, la ville des 7 collines.
Propos recueillis par Aude Spilmont.