Le spectacle :
Danse ce solo d’Akram Khan, le chorégraphe raconte l’enfant qu’il a été et l’homme qu’il est devenu. Dans un décor en mouvement, le danseur grimpe jusqu’à la cime des d’arbres fabuleux, s’amuse avec un éléphant Bengali et danse sous la mousson.
Interview :
Dans quelques jours, Dominique Hervieu donnera le coup d’envoi de la 17e biennale de la danse. Une édition particulièrement généreuse, puisque sur les 37 spectacles programmés, dix sont accessibles aux enfants. Rencontre avec une directrice qui ne cesse d’œuvrer pour l’éducation artistique et convie les familles à explorer tous les registres dansés possibles. Par Blandine Dauvilaire.
Quelles sont les caractéristiques de cette 17e biennale ?
Elle s’appuie sur un dialogue entre les répertoires populaires comme la comédie musicale, le cabaret ou le battle de hip-hop, et la danse sérieuse et savante. Je suis contente qu’en temps de crise les artistes sachent répondre au tragique par la générosité et le désir de partage. Je pense que cette biennale sera pop, tout en étant vraiment ancrée dans notre histoire actuelle.
Le défilé du 18 septembre aura pour thème « Ensemble ».
Ce défilé, unique en France, est un modèle de mixité sociale. Le titre rend hommage aux 12 groupes (5 000 participants au total) qui élaborent un langage commun avec la plus grande diversité sociale et identitaire. C’est exemplaire. Pour le final, Yoann Bourgeois interviendra de manière très poétique. Puis le public dansera la rumbatarentelle. (Pour assister au défilé : réservation gratuite obligatoire sur le site www.biennaledeladanse.com).
La programmation de cette biennale fait la part belle aux familles.
Nous avons ouvert largement l’éventail des styles en proposant des choses pointues et d’autres plus accessibles, comme la très belle danse de Thierry Malandain qui présente une version de La Belle et la bête. C’est un conte un peu surréaliste dans l’esthétique de Cocteau, avec 22 danseurs sur le plateau et des costumes somptueux. Peu de chorégraphes savent raconter des histoires comme lui. Dans cette version il évoque la solitude du créateur. Les différents niveaux de lecture permettent de toucher les enfants comme les adultes (dès 12 ans).
Le groupe acrobatique de Tanger renoue, lui, avec ses racines marocaines.
Ces artistes issus de la grande famille du cirque arabe réalisent des acrobaties tout en rotation, c’est un vocabulaire qui se perd et qu’ils veulent réhabiliter avec le spectacle Halka. On sera dans quelque chose de sensible, simple et très humain (dès 9 ans).
Yan Duyvendak propose une comédie musicale déstabilisante.
Sur le plateau, il réunit 12 chanteurs-danseurs de comédie musicale formés à Broadway et 20 danseurs du Conservatoire national supérieur de musique et danse de Lyon. Il choisit de garder le glamour de la comédie musicale mais avec des textes très politiques et très pessimistes (en anglais surtitrés en français). Cela crée un sentiment étrange qui met mal à l’aise, à l’image du Titanic qui sombre pendant que les gens continuent à chanter et danser. Cette pièce coup de poing nous oblige à prendre parti (dès 12 ans).
Avec Franito, l’inénarrable Patrice Thibaud rend un hommage burlesque au flamenco.
Ce grand artiste est pour moi un danseur au même titre que Louis de Funès, ce sont des gens qui ont une palette d’expressions folle avec leurs corps. Il va loin mais toujours dans l’humour. Ici, il joue une mère accompagnée de son petit garçon interprété par le danseur Fran Espinosa. C’est plein de clins d’œil aux grandes figures de l’art espagnol et très drôle (dès 7 ans).
Les fabuleux jongleurs du Collectif Petit Travers présentent leur nouvelle création : Dans les plis du paysage.
Cette fois ils vont jongler dans un espace découpé par des voiles qui font apparaître et disparaître les interprètes. Cela crée différentes profondeurs de champ et rajoute à la magie de leur art. Ils travaillent sur l’adéquation entre musique et jonglage avec une exigence folle, c’est exceptionnel (dès 9 ans).
Denis Plassard crée la surprise en faisant appel à des marionnettes.
Son spectacle est un ovni. Trois marionnettes géantes créées par Émilie Valantin sont manipulées par 3 danseurs qui font corps avec elles. Sur le thème des 7 péchés capitaux, le chorégraphe leur fait faire des choses totalement loufoques, elles sont accompagnées par deux musiciens de beat box et une chanteuse. L’ensemble est très harmonieux, c’est du jamais vu (dès 10 ans).
Akram Khan fait un merveilleux cadeau aux enfants en adaptant pour eux son célèbre solo Desh.
Chotto Desh -qui signifie petit Desh- est un bijou. Dans ce conte initiatique, le chorégraphe évoque l’Angleterre (où il est né) et le Bangladesh (pays de ses parents). C’est en anglais surtitré en français. Des images extrêmement poétiques surgissent grâce à la vidéo, la gestuelle est très fluide, il y a des trouvailles magnifiques. C’est vraiment une perle (dès 7 ans).
À la croisée de la danse, du théâtre et des arts plastiques, Stéréoscopia de Vincent Dupont rend hommage au peintre Jacopo Chimenti.
Vincent Dupont propose aux enfants de vivre une expérience immersive inédite. Équipés de casques audio, ils sont reliés à la respiration des deux interprètes qui évoluent sur scène et aux bruits des objets qui les entourent. C’est un travail fort et hypnotique (dès 9 ans).
Dans Et Juliette, Marion Lévy s’intéresse à l’héroïne de Shakespeare.
Marion campe le personnage de Juliette, depuis l’enfance jusqu’à la passion amoureuse. Sa gestuelle est un hymne à la danse. C’est un spectacle très réussi entre le conte, le théâtre et la danse (dès 5 ans).
Particulièrement attendu, le Battle of styles va enflammer le palais des sports.
Le hip-hop est la forme de danse la plus populaire aujourd’hui. Dans ce battle décalé, 4 crews vont s’affronter : nos Pockemon Crew lyonnais, les Saxonz allemands, des danseurs du ballet Preljocaj, qui ont accepté de relever le défi et d’anciens danseurs de la Forsythe Company qui sont des génies du mouvement. Au deuxième tour du battle, les danseurs sélectionnés pourront repêcher quelques danseurs du groupe qui a perdu. À la fin on aura donc des crews totalement mixtes. C’est un laboratoire de métissage et c’est aussi un hommage aux danseurs, parce qu’il n’y a pas de chorégraphes. C’est de la danse pure (dès 7 ans).
Cette biennale propose aussi des rendez-vous privilégiés pour les familles.
L’idée est de venir partager une pratique en famille autour de trois spectacles : Franito de Patrice Thibaud, Stéréoscopia de Vincent Dupond et Chotto Desh d’Akram Khan. On s’amuse à mimer, faire des échauffements et danser ensemble. Cette expérience crée de nouvelles relations parents-enfants, elle fonde un rapport à l’art positif et émouvant qui est très précieux.
Enfin, le public va découvrir au musée des Confluences l’exposition Corps rebelles.
Cette exposition retrace avec beaucoup d’images et de vidéos 100 ans de danse contemporaine. Les visiteurs vont découvrir ce métier, approfondir leur rapport à l’art et comprendre que la danse est totalement en phase avec le temps dans lequel elle évolue. C’est comme si les grands enjeux de société s’incarnaient dans des corps. Et cette dimension sensible parle à tout le monde (en famille).