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École inclusive, scolariser les enfants handicapés
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École inclu­sive: les moyens de son ambi­tion ?

Mis à jour le 04/04/2024
L’école inclusive est censée garantir une scolarité normale aux élèves handicapés. Or aujourd’hui, nombre d’entre eux ne bénéficient pas d’une scolarisation adaptée et continue. Belle promesse sur le papier, l’école inclusive souffre d’un système complexe où Éducation nationale et Maison départementale des personnes handicapées peinent à s’articuler. Ce qui laisse les familles en souffrance et les enseignants démunis.

En France, le code de l’édu­ca­tion veille à la scola­ri­sa­tion de tous les enfants sans distinc­tion. Mais c’est en 2005 que la loi Handi­cap consacre « le droit pour chaque enfant à une scola­ri­sa­tion en milieu ordi­naire, au plus proche de son domi­cile, et un parcours scolaire continu et adapté ». Pour cela, la loi instaure l’obli­ga­tion d’ac­ces­si­bi­lité de l’école et crée notam­ment le poste d’ac­com­pa­gnant d’élève en situa­tion de handi­cap (AESH).

La loi de 2013, vient renfor­cer davan­tage le prin­cipe d’in­clu­sion scolaire en réaf­fir­mant que l’école doit s’adap­ter pour accueillir chaque élève. Ainsi, tout enfant porteur d’un handi­cap moteur, senso­riel, cogni­tif ou psychique doit pouvoir trou­ver sa place en école ordi­naire et s’y épanouir parmi les autres enfants. Telle est l’am­bi­tion de l’école inclu­sive.

En presque 20 ans, le nombre d’en­fants handi­ca­pés à l’école a plus que triplé

Depuis 2005, le nombre d’élèves handi­ca­pés en milieu ordi­naire a explosé : 134000 en 2004, ils étaient près de 430000 en 2022. Mais à y regar­der de plus près, la France est encore loin d’une scola­rité conti­nue et adap­tée pour tous ces enfants. Une situa­tion poin­tée en 2022 par la Défen­seure des droits : en 2021, « 20 % des saisines du Défen­seur des droits rela­tives aux droits de l’en­fant concer­naient des diffi­cul­tés d’ac­cès à l’édu­ca­tion des enfants en situa­tion de handi­cap ».

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Batailler pour une scola­rité adap­tée

Ces diffi­cul­tés, Cédric Barbiero les connaît bien. L’été dernier, lui et sa femme ont bataillé pour obte­nir une scola­ri­sa­tion adap­tée à leur fille, Lya, porteuse de triso­mie 21. L’équipe de suivi de scola­ri­sa­tion, réunis­sant ensei­gnant, direc­trice, psycho­mo­tri­cienne et ortho­pho­niste, préco­ni­sait une classe Ulis. Après six mois d’at­tente, la réponse de la Maison dépar­te­men­tale et métro­po­li­taine des personnes handi­ca­pées (MDMPH) tombe enfin: l’Ulis est refu­sée. « C’est rare pour une triso­mie 21 ! », s’ex­clame Cédric.

À la place, la MDPH noti­fie une scola­ri­sa­tion en milieu ordi­naire avec 15h d’AESH. « En mater­nelle, Lya avait 24h d’AESH indi­vi­duelle. Là, on lui demande de fran­chir le cap du CP, avec moins d’heures  », souligne le père éber­lué. À trois mois de la rentrée scolaire, les parents de Lya ont tenté de s’ex­pliquer avec la MDMPH, en vain. Son histoire a alors fait le tour des médias locaux.

Fina­le­ment, la famille a obtenu la noti­fi­ca­tion pour une Ulis… loin de chez elle. Des places étaient pour­tant libres dans une Ulis adap­tée à proxi­mité de leur domi­cile, d’après le père. « Les enfants porteurs de triso­mie sont plus vite fati­gables. C’est toute une orga­ni­sa­tion à repen­ser pour éviter à Lya des trajets qui l’épuisent  », défend Cédric qui blâme «  un système mal fichu  » et « décon­necté de la réalité de la vie d’une famille avec un enfant handi­capé  ».

Il déplore aussi des délais anxio­gènes : régle­men­tai­re­ment, la MDPH a jusqu’à quatre mois pour instruire les dossiers. Or, ce délai est rare­ment tenu. « Des parents attendent encore leur noti­fi­ca­tion à la rentrée  », assure Cédric. Pour lui, la noti­fi­ca­tion tombée en plein été, quand l’Édu­ca­tion natio­nale est fermée, n’a pas permis d’ins­crire Lya à temps. Elle a donc fait sa rentrée deux semaines après ses cama­rades.

La nébu­leuse d’un système complexe

Ce parcours du combat­tant est la réalité de nombreuses familles. «  Dès lors qu’on a un enfant handi­capé, on nous met dans un système paral­lèle avec des rouages abscons et un mille-feuille admi­nis­tra­tif décou­ra­geant », s’agace Cédric.

Alors au sein de son asso­cia­tion de sensi­bi­li­sa­tion aux handi­caps DNA, il a initié un groupe de travail sur les défis de la scola­rité des enfants handi­ca­pés. Plusieurs parents et deux asso­cia­tions se sont asso­ciés à la démarche. Ils dénoncent « un système bureau­cra­tique complexe et parfois peu réac­tif » qui use les familles et une orga­ni­sa­tion frag­men­tée qui entrave la coor­di­na­tion entre la MDPH, les écoles, les services de santé et les familles.

La diffi­cile arti­cu­la­tion entre MDPH et Educa­tion natio­nale

En France, l’école inclu­sive repose sur deux acteurs. D’un côté, les MDPH, pres­crip­trices, instruisent les dossiers de demande d’aide à la scola­ri­sa­tion. Une équipe pluri­dis­ci­pli­naire évalue les besoins de l’en­fant et formule une propo­si­tion. C’est ensuite à la Commis­sion des droits et de l’au­to­no­mie des personnes handi­ca­pées (CDAPH) de statuer.

L’Édu­ca­tion natio­nale joue elle le rôle d’opé­ra­teur : elle met en œuvre les pres­crip­tions des MDPH. Sauf que… dans un rapport paru en mai 2023, le séna­teur Cédric Vial pointe un manque d’ar­ti­cu­la­tion entre ces deux acteurs qui «  nuit in fine à une prise en charge cohé­rente des enfants. »

De cette galaxie en silo découle aussi une complexité admi­nis­tra­tive qui pèse sur les familles, soumises à des démarches lourdes dont les enjeux et la redon­dance génèrent stress, épui­se­ment et senti­ment d’iso­le­ment. Certains parents blâment enfin le manque de trans­pa­rence des MDPH. Leur présence étant refu­sée en CDAPH, ils ont le senti­ment que leur dossier est étudié sans tenir compte de la réalité quoti­dienne de l’en­fant, abou­tis­sant parfois à des noti­fi­ca­tions contraires aux préco­ni­sa­tions des profes­sion­nels qui, sur le terrain, l’ac­com­pagnent depuis la mater­nelle.

Au sein de la MDMPH de Lyon, Pascal Blan­chard, vice-président à la Métro­pole de Lyon délé­gué au handi­cap et siégeant à la CDAPH, tient à expliquer les rouages de l’ins­ti­tu­tion, « souvent consi­dé­rée comme le bouc émis­saire, déplore-t-il. Les dossiers sont instruits par une équipe pluri­dis­ci­pli­naire d’éva­lua­tion, compo­sée d’agents de la Métro­pole, de soignants et d’ad­mi­nis­tra­tifs, en s’ap­puyant sur le Code de l’ac­tion sociale et des familles. La loi impose que des asso­cia­tions parti­cipent à la CDAPH et j’y tiens.  »

L’élu nous assure enfin l’im­por­tance de l’avis des profes­sion­nels qui suivent l’en­fant, en parti­cu­lier de l’en­sei­gnant réfé­rent, formé aux troubles du handi­cap. « En revanche, ils n’ont pas forcé­ment les compé­tences pour juger ce qui relève de la psychia­trie  », plaide-t-il.

L’école inclu­sive se réduit-elle à des tableaux Excel ?

Dans certains cas pour­tant, le rapport du Sénat « relève des failles dans l’ins­truc­tion des dossiers et dans la formu­la­tion des pres­crip­tions » de certaines MDPH, dues à « une analyse de la situa­tion de l’en­fant décon­nec­tée de son envi­ron­ne­ment  ». « Un média­teur de la MDMPH m’a dit qu’ils traitent des tableaux avec du scoring », s’in­digne Cédric. Pascal Blan­chard s’ins­crit en faux :

« Il est hors de ques­tion de faire l’im­passe sur la qualité d’ins­truc­tion d’un dossier. Tous sont analy­sés de façon spéci­fique et non comme des tableaux Excel. En revanche, les quatre mois régle­men­taires pour trai­ter un dossier sont souvent dépas­sés  », concède-t-il. À ce jour, il faudrait en moyenne six mois à la MDMPH pour instruire un dossier, « en sachant qu’on a de plus en plus de demandes », souligne l’élu. En 2022, la CDAPH de Lyon a rendu 12 471 déci­sions concer­nant la scola­ri­sa­tion d’en­fants handi­ca­pés, soit 5 % de plus que l’an­née précé­dente.

« Il n’y a pas de places en IME, tu demandes l’Ulis; il n’y a pas de places en Ulis, tu te retrouves en milieu ordi­naire avec une noti­fi­ca­tion pour une AESH… Sauf qu’il n’y a pas assez d’AESH »

Cédric Barbiero

Le manque de moyens à tous les étages

Tandis que les demandes d’aides à la scola­ri­sa­tion augmentent, les moyens des MDPH, eux, n’ont pas été revus depuis 2005. Sur le terrain, le séna­teur Cédric Vial observe bel et bien que « faute de moyens […], certaines MDPH en sont réduites à “gérer des fichiers Excel” ». Ce manque de ressources s’étend aussi à l’Édu­ca­tion natio­nale et dans le secteur médico-social : dans les classes Ulis comme dans les IME, les places sont chères et la liste d’at­tente atteint deux à trois ans dans certains insti­tuts.

Ce qui entraîne par défaut des prises en charge inadap­tées: « Il n’y a pas de places en IME, tu demandes l’Ulis; il n’y a pas de places en Ulis, tu te retrouves en milieu ordi­naire avec une noti­fi­ca­tion pour une AESH… Sauf qu’il n’y a pas assez d’AESH », résume sarcas­tique Cédric Barbiero.

À Vaulx-en-Velin, Jacques* a fait les frais de cette pénu­rie dans l’école mater­nelle de son fils. Pendant trois mois, « un enfant sur trois n’a pas eu l’AESH auquel il avait droit, rapporte-t-il. La direc­trice s’ar­ran­geait comme elle pouvait en affec­tant les AESH à ceux qui en avaient le plus besoin.  »

Son fils autiste en a ainsi béné­fi­cié, avant que la direc­trice doive « se résoudre à désha­biller Pierre pour habiller Paul  » et qu’il perde ses heures. Las d’at­tendre une réponse de l’Aca­dé­mie de Lyon, Jacques s’est alors tourné vers les médias. Lorsqu’il échange enfin avec le recto­rat, on lui confie que « tout ce que je pour­rais obte­nir pour mon enfant, ce serait au détri­ment de quelqu’un d’autre. »

AESH, cheville ouvrière précaire de l’école inclu­sive

De fait, l’aug­men­ta­tion des demandes asso­ciée au manque de places dans les IME et Ulis abou­tissent à une hausse des besoins en AESH: en 2023, 288 100 noti­fi­ca­tions ont été déli­vrées pour 125 000 accom­pa­gnants. Ariane De Lattre est AESH dans une école à Ville­franche-sur-Saône, où elle s’oc­cupe de trois enfants en CP. « On est quatre AESH à temps complet, mais la direc­trice se tord les boyaux pour répar­tir les heures noti­fiées par la MDPH, témoigne-t-elle. On est tous de bonne volonté. Mais on est bien obligé de se dire qu’on n’y arrive pas, on n’est pas assez. »

L’AESH accom­pagne les enfants handi­ca­pés dans les actes de la vie quoti­dienne et dans les acti­vi­tés d’ap­pren­tis­sage. Il peut être mutua­lisé auprès de plusieurs élèves, ou indi­vi­dua­lisé pour un élève requé­rant une atten­tion soute­nue et conti­nue.

Petits salaires et forma­tion insuf­fi­sante des AESH

Fonda­men­tal, le métier souffre pour­tant d’un manque d’at­trac­ti­vité, avec des contrats précaires et un salaire moyen entre 750 et 850 euros par mois. Prenant en charge tout type de handi­cap en sous-effec­tif, les AESH exercent dans des condi­tions de travail pénibles. « L’autre jour, un enfant a fait une crise, il voulait taper tout le monde, raconte Ariane. Il a fallu le conte­nir physique­ment, j’en ai eu des cour­ba­tures.  »

« On est un peu les gardes-fou: on est là pour que le système ne parte pas complè­te­ment en caca­huète.  »

Ariane De Lattre, AESH

Des situa­tions d’au­tant plus compliquées que les AESH ne sont pas ou peu formés. En poste depuis trois ans, Ariane a reçu seule­ment l’an­née dernière la forma­tion de 60 heures obli­ga­toire depuis 2018. « Je l’ai trou­vée peu concrète, éloi­gnée du terrain, commente-t-elle. On nous parlait du monde parfait où chaque enfant a son AESH et son quota d’heures, alors que la réalité est tout autre.  »

Une forma­tion par ailleurs insuf­fi­sante pour comprendre une grande diver­sité de handi­caps, allant de l’au­tisme au multi­dys. Pour­tant, l’ac­cueil des enfants porteurs de handi­cap à l’école repose à ce jour majo­ri­tai­re­ment sur ces accom­pa­gnants: « On est un peu les gardes-fou, résume Ariane. On est là pour que le système ne parte pas complè­te­ment en caca­huète.  »

Les moyens limi­tés de l’Édu­ca­tion natio­nale

Et pour cause: censée mettre en œuvre les condi­tions de l’école inclu­sive, l’Édu­ca­tion natio­nale « se heurte aux moyens limi­tés dont elle dispose pour appliquer les pres­crip­tions d’aide humaine », constate le rapport du Sénat. Consé­quence : les pres­crip­tions ne sont souvent pas respec­tées. Abou­tis­sant parfois à la désco­la­ri­sa­tion des enfants. Selon une étude menée en septembre 2023 par l’UNAPEI auprès des 330 asso­cia­tions de son réseau, sur 2103 enfants accom­pa­gnés, 28 % sont scola­ri­sés 0 à 6 heures par semaine et 23 % n’ont aucune heure.

Sur le terrain en effet, des familles se heurtent au refus de certains ensei­gnants d’ac­cueillir l’en­fant sans son AESH. Erika Espa­rel-Lampi­las en a fait l’ex­pé­rience avec sa fille Romy, 6 ans. Autiste, elle a été orien­tée en milieu ordi­naire avec 18h d’AESH indi­vi­duelle. Cette dernière n’ayant pas été recru­tée à temps, 1h30 est prise sur le temps d’AESH d’un autre élève. Le reste du temps, la direc­trice refuse d’ac­cueillir l’en­fant, « à cause de son incon­ti­nence  », rapporte la mère.

Pendant trois mois, Romy quitte donc l’école juste avant la récréa­tion. « Elle ne compre­nait pas pourquoi elle n’avait pas le droit de rester et de jouer avec les autres enfants  », se désole Erika. Il est pour­tant illé­gal de ne pas accueillir un enfant à l’école, celle-ci étant un droit et obli­ga­toire de 3 à 16 ans.

Trans­for­mer l’école pour accueillir et accep­ter le handi­cap

Face à ces dérives, le rapport du Sénat appelle l’Édu­ca­tion natio­nale « à assu­mer son rôle en matière d’ac­ces­si­bi­lité  » sans se repo­ser exclu­si­ve­ment sur les AESH. Cons­ta­tant un « défi­cit de culture péda­go­gique sur l’in­clu­sion scolaire », il recom­mande de renfor­cer la forma­tion des person­nels de l’Édu­ca­tion natio­nale à la prise en charge des élèves handi­ca­pés. Une sensi­bi­li­sa­tion néces­saire pour certaines familles qui font parfois face au manque de bien­veillance et aux discri­mi­na­tions.

«  On nous a dit que Romy n’avait rien à faire à l’école avec son handi­cap, qu’ils n’étaient pas là pour faire garde­rie »

Erika Espa­rel-Lampi­las

Comme Erika, qui raconte « un trau­ma­tisme profond  » vécu dans l’école de Romy après une violente alter­ca­tion avec la direc­trice. « Elle nous a dit que Romy n’avait rien à faire à l’école avec son handi­cap, qu’ils n’étaient pas là pour faire garde­rie et m’a ordonné de sortir, avec ma fille. » S’en­suit alors un procès, doublé d’une enquête sociale, où l’au­tisme de Romy est remis en ques­tion par l’école, obli­geant la famille à faire appel à une avocate spécia­li­sée en droit du handi­cap. Fina­le­ment, le juge leur avouera que le dossier ne tient pas la route. Et l’avo­cate, que Romy n’est pas un cas isolé : « des dossiers comme ça, elle en a des dizaines sur son bureau. »

Des ensei­gnants dému­nis

De nombreux ensei­gnants s’ef­forcent cepen­dant d’ac­cueillir au mieux les élèves handi­ca­pés. Mais sans forma­tion, sans AESH et face parfois à des enfants qui attendent une place en Ulis ou en IME, beau­coup se sentent complè­te­ment dému­nis. C’est le cas de Natha­lie*, ensei­gnante en élémen­taire à Lyon, qui accueille dans sa classe un enfant porteur d’au­tisme lourd.

Venu de l’étran­ger, il n’a pas encore reçu sa noti­fi­ca­tion MDPH. En atten­dant, il va à l’école ordi­naire, sans AESH. « Il est non verbal avec beau­coup de diffi­cul­tés, il relè­vera certai­ne­ment d’un IME ou d’une Ulis quand la noti­fi­ca­tion va tomber », témoigne Natha­lie. Qui raconte son quoti­dien avec cet enfant qui a atterri par défaut dans sa classe:

« Quand il a des débor­de­ments émotion­nels, je le calme comme je peux. En classe, j’uti­lise des pictos pour qu’il essaie de répé­ter des mots. Mais je n’ai pas du tout la compé­tence ni le temps ! Je suis obli­gée de le lais­ser seul la plupart du temps… C’est dur pour moi, j’ai l’im­pres­sion de ne pas pouvoir l’ai­der, raconte, visi­ble­ment émue, celle qui s’est atta­chée à l’en­fant. Pour les autres élèves aussi c’est dur; ils voient des choses diffi­ciles et je perds du temps de classe à m’oc­cu­per de lui. »

Malgré des collègues soli­daires et inves­tis, Natha­lie ne se sent pas accom­pa­gnée. « Je n’ai pas le senti­ment d’être soute­nue par l’Édu­ca­tion natio­nale. Personne ne vient véri­fier si tout se passe bien, si je fais les choses comme il faut », se déses­père-t-elle.

École inclu­sive: le bateau coule, les familles avec

Pensée dans un idéal d’ac­cep­ta­tion des diffé­rences, l’en­semble dysfonc­tion­nel de l’école inclu­sive exacerbe aujourd’­hui les tensions entre les insti­tu­tions, les familles et des ensei­gnants qui remettent parfois en cause l’in­clu­sion systé­ma­tique en milieu ordi­naire des enfants handi­ca­pés. « Aujourd’­hui comme elle est faite, l’école inclu­sive n’est bien pour personne. Ni pour les élèves handi­ca­pés, ni pour les enfants ordi­naires, ni pour les ensei­gnants, juge Ariane. L’école inclu­sive, on en est très loin. »

Pour­tant, «  l’ur­gence est quoti­dienne: il s’agit de nos enfants qui n’ont pas accès à leurs droits, insiste Jacques. Face à l’iner­tie du système, il ne faut pas hési­ter à retour­ner ciel et terre car on joue la montre. Mais j’ai­me­rai bien connaître le nombre de parents qui renoncent car ça paraît insur­mon­table. » Une émotion parta­gée par Erika : « Il y a la loi, et il y a la vraie vie. Et dans les faits, c’est un peu le Far West pour les enfants handi­ca­pés. Notre vie est un perpé­tuel combat contre des moulins à vent. Or, le déve­lop­pe­ment de nos enfants, c’est main­te­nant que ça se joue, pour qu’ils aient le plus d’au­to­no­mie possible plus tard. »

*Le prénom a été modi­fié à la demande de l’in­té­res­sé·e.

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École inclusive, scolariser les enfants handicapés
Lya Barbiero © Susie Waroude

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