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Éduca­tion aux médias et à l’in­for­ma­tion: un enjeu citoyen à l’école

Publié le 01/03/2024
Chaque année en mars se tient la Semaine de la presse et des médias à l’École. L’occasion de se pencher sur les enjeux de l’éducation aux médias et à l’information (ÉMI). Dans la métropole lyonnaise, professeurs et journalistes s’engagent pour dévoiler aux élèves les coulisses du métier et les arcanes de l’info. Un enseignement qui grandit alors que se propagent la défiance à l’égard des journalistes et les fake news dans un environnement numérique de plus en plus complexe.

Yeux ronds et sourires timides : en voyant arri­ver trois jour­na­listes dans leur classe ce vendredi de février, les enfants sont impres­sion­nés. Ils n’at­ten­daient ce matin qu’une seule jour­na­liste, fami­lière de cette classe de CE2 : Audrey Radondy. Voilà quelques mois que l’in­ter­ve­nante, membre du Club de la presse de Lyon, mène à l’école Jules-Guesde et dans d’autres écoles de Villeur­banne des ateliers radio dans le cadre d’un projet initié par la Ville.

L’enjeu : offrir aux enfants une éduca­tion aux médias et à l’in­for­ma­tion (ÉMI). Avec les CE2 de Jules-Guesde, cela passe par la créa­tion d’une émis­sion scien­ti­fique. Et ce matin, c’est la séance d’en­re­gis­tre­ment : les élèves vont inter­vie­wer Matthieu Ville, anima­teur à Planète Science. Rete­nue par une grève SNCF, Audrey s’est fait rempla­cer par un confrère : Gérald Bouchon, jour­na­liste radio.

En guise d’in­tro­duc­tion, l’homme raconte son métier, le média pour lequel il travaille, Lyon demain – « Ah mais j’con­nais ! », s’ex­clame un élève. Un autre lève le doigt : « Vous avez déjà écrit dans des maga­zines? Avant jour­na­liste, vous étiez quoi ? Vous avez déjà inter­viewé des enfants ?  » Gérald Bouchon répond, l’en­fant écoute, les yeux grands ouverts dans lesquels pointe déjà une nouvelle ques­tion… Mais c’est l’heure de l’in­ter­view !

Les enfants ont préparé leurs ques­tions pour Matthieu Ville ; ils la posent tour à tour au micro de Gérald qui leur donne le top départ pour parler, « comme dans un studio radio » : « Vous avez déjà rencon­tré Thomas Pesquet ? Est-ce qu’on peut vivre sur d’autres planètes ? »… De sa plus belle voix, l’ani­ma­teur raconte l’uni­vers, la station spatiale inter­na­tio­nale, la gravi­té… Capti­vés, les enfants ont encore plein de ques­tions, mais timing oblige, il faut boucler l’émis­sion. Gérald Bouchon les féli­cite : « Ce matin, vous avez été jour­na­listes; vous avez posé des ques­tions à un spécia­liste. »

éducation aux médias et à l'information
Les élèves attendent leur tour pour poser leur ques­tion © Pierre Ferran­dis

L’édu­ca­tion aux médias et à l’in­for­ma­tion à l’école

Depuis la décla­ra­tion de Grün­wald de l’Unesco en 1982, « les systèmes poli­tiques et éduca­tifs ont l’obli­ga­tion de promou­voir auprès de leurs citoyens une compré­hen­sion critique des phéno­mènes de commu­ni­ca­tion que sont les médias » et ainsi de déve­lop­per une ÉMI dès l’école.

En France, c’est le Clémi (Centre pour l’édu­ca­tion aux médias et à l’in­for­ma­tion), fondé en 1983, qui coor­donne l’ÉMI dans le système éduca­tif. Ses missions : former les ensei­gnants, produire des outils péda­go­giques à leur usage et coor­don­ner les projets dans les écoles afin d’ap­prendre aux élèves « une pratique citoyenne des médias pour se forger un esprit critique  ».

Contrai­re­ment à la Suisse, l’ÉMI, en France, n’est pas une matière à part entière car « elle est ratta­chée à l’édu­ca­tion à la citoyen­neté, qui est l’af­faire de tous, explique Iris Iriu, réfé­rente Clémi de l’Aca­dé­mie de Lyon. Si on la flèche vers une matière, elle est limi­tée à l’ac­tion d’un profes­seur et non plus éten­due à un projet citoyen qui permet de travailler en équipe  ». L’ÉMI est donc saupou­drée dans les programmes, dès la mater­nelle.

Pour appor­ter aux enfants une connais­sance des médias et mettre en valeur la liberté de la presse et la légi­ti­mité du jour­na­liste, «  le Clémi s’est construit sur la péda­go­gie Frei­net, retrace Iris Iriu. L’ins­ti­tu­teur promou­vait les jour­naux dans les classes pour que les élèves expé­ri­mentent leur liberté d’ex­pres­sion dès le plus jeune âge.  » C’est ainsi qu’aujourd’­hui, le Clémi aide à la créa­tion de médias scolaires, en parte­na­riat avec les ensei­gnants et les asso­cia­tions de jour­na­listes. Et Iris Iriu l’af­firme : « À Lyon, on a un énorme inves­tis­se­ment des ensei­gnants !  »

Pratiquer un média scolaire pour comprendre l’info

Ludique et concrète, la pratique d’un média est idéale pour initier le jeune public à l’info. Pour les plus petits, « on peut mettre en place un bulle­tin de classe où les élèves rendent compte d’une sortie, propose Iris Iriu. Ça permet de travailler des compé­tences d’écrit, mais aussi d’hon­nê­teté jour­na­lis­tique – rappor­ter ce qu’on a vu sans affa­bu­ler – et de déon­to­lo­gie : qu’est-ce qu’on peut dire ? Est-ce que je peux dire que tel cama­rade a mangé ses crottes de nez ? Quel impact cela aura sur lui ? Ce sont des ques­tions qu’ils se pose­ront plus tard quand ils publie­ront sur les réseaux sociaux. »

À l’école Jules-Guesde, Audrey Radondy ne partage pas seule­ment sa passion de la radio avec les CE2 : elle sème les graines d’une utili­sa­tion consciente de l’info. « L’es­prit de cet atelier est de leur faire décou­vrir et pratiquer la radio, témoigne-t-elle. Ce faisant, on les sensi­bi­lise sur le fait qu’on ne peut pas dire n’im­porte quoi ni croire quelqu’un sur parole, qu’une rumeur n’est pas une infor­ma­tion. Ce n’est pas parce qu’un cama­rade me dit qu’il y a grève lundi que c’est vrai. Il faut véri­fier l’info en multi­pliant les sources.  »

Les enfants à La Fabrique de l’info

Pratiquer un média, c’est enfin comprendre comment est fabriquée l’in­for­ma­tion. Tel est le credo de La Fabrique de l’info, un cycle consa­cré à l’édu­ca­tion aux médias et à l’in­for­ma­tion nourri d’ate­liers, de confé­rences et de rencontres proposé gratui­te­ment par la biblio­thèque muni­ci­pale (BM) de Lyon. « L’idée est de ques­tion­ner la fabri­ca­tion de l’info en mettant les enfants en situa­tion de produc­tion d’une infor­ma­tion », présente Anne-Cécile Hyver­nat, fonda­trice et coor­di­na­trice du cycle au sein des BM de Lyon.

D’abord à desti­na­tion du grand public, La Fabrique s’est ouvert en 2018 aux scolaires, de la primaire au collège. La biblio­thèque accueille ainsi les élèves lors d’ate­liers pratiques comme « Fabrique ton post Insta / ta vidéo TikTok » pour montrer comment créer et manier une info en partant des pratiques des enfants.

Le cycle leur permet enfin de rencon­trer des jour­na­listes, qu’ils soient issus d’as­so­cia­tions inter­na­tio­nales comme We Report ou de médias locaux comme Rue89Lyon. Des échanges essen­tiels pour plon­ger dans la réalité du métier, pas toujours bien comprise par les enfants. « Souvent, les inter­ve­nants leur demandent la diffé­rence entre Hanouna et un jour­na­liste du 20h, rapporte Anne-Cécile. Ils ne font pas d’em­blée la distinc­tion entre un influen­ceur et un jour­na­liste, entre une opinion et une infor­ma­tion… »

Montrer les coulisses du métier…

C’est pour endi­guer cette confu­sion que le Club de la presse de Lyon s’est engagé en 2022 dans un vaste programme d’ÉMI. « Après le Covid, on s’est demandé ce qui nous réunis­sait dans notre convic­tion, à quoi servait un club de presse, retrace Raphaël Ruffier-Fossoul, vice-président de l’as­so­cia­tion. Il nous est apparu que l’édu­ca­tion aux médias et à l’in­for­ma­tion était le fond de notre action. » En 2022, le Club de la presse de Lyon crée alors les Assises de l’ÉMI; en 2023, il forme ses premiers membres pour inter­ve­nir au sein des écoles, collèges et lycées.

Là encore, les ateliers sont ludiques et concrets, comme ce jeu de rôle où Raphaël Ruffier-Fossoul plonge des collé­giens dans une enquête sur l’ori­gine des produits d’un marché de Noël. « Certains jouent les commerçants, les autres jouent les jour­na­listes et apprennent à poser les bonnes ques­tions pour obte­nir des réponses, décrit-il. Ça marche bien : ils comprennent assez vite la diffé­rence entre commu­ni­ca­tion et jour­na­lisme.  » Un jeu qui sert en creux à faire comprendre « l’in­té­rêt du métier de jour­na­liste » aux élèves.

Car montrer les coulisses de la profes­sion, c’est aussi l’oc­ca­sion de réaf­fir­mer le rôle du jour­na­liste et la liberté de la presse, souvent ques­tion­nés. « Ce besoin d’ÉMI a émergé aussi quand on a réflé­chi à cette confiance perdue entre les médias et les lecteurs, confie Raphaël Ruffier-Fossoul. On a beau­coup dit après les Gilets jaunes que les jour­na­listes ne repré­sen­taient pas la popu­la­tion. Alors c’est impor­tant que dans tous les quar­tiers, on aille explique le métier. »

Éducation aux médias et à l'information
Audrey Radondy en plein atelier radio avec les CE2 © Lydie Sanz

… pour rebâ­tir la confiance envers les jour­na­listes

Quand Audrey Radondy commence à initier les enfants à la radio en 2015, l’édu­ca­tion aux médias et à l’in­for­ma­tion en est encore à ses prémices. « Avec les atten­tats de Char­lie Hebdo, ça a pris une autre ampleur, se rappelle-t-elle. On a reçu beau­coup de demandes d’in­ter­ven­tion dans les établis­se­ments scolaires. Il y a eu comme une prise de conscience qu’il faut davan­tage expliquer aux élèves le fonc­tion­ne­ment des médias et le métier de jour­na­liste, qui est de véri­fier l’info et rappor­ter diffé­rents points de vue pour se forger une opinion éclai­rée. »

C’est à cette époque que Najat Vallaud-Belka­cem, alors ministre de l’Édu­ca­tion natio­nale, réaf­firme par décret la néces­sité de l’ÉMI à l’école. À ce moment-là aussi que la BM de Lyon étend La Fabrique de l’info à la jeunesse, avant de l’ou­vrir aux scolaires en 2018, à « l’époque de Trump et des réali­tés alter­na­tives  ».

Car parfois, la défiance envers les jour­na­listes sort de la bouche des enfants. « Lors d’une rencontre début février à Rillieux, j’ai demandé à des CM2 s’ils pensaient que les jour­na­listes disaient la vérité : ils ont répondu “non”, rapporte Raphaël Ruffier-Fossoul. Et quand on leur demande “Est-ce que Google vous dit la vérité ?” ils répondent: “Oui, pourquoi il nous menti­rait ?” »

La soif de curio­sité des enfants

Alors les jour­na­listes expliquent: la diffé­rence entre une opinion et une infor­ma­tion, la déon­to­lo­gie « qu’ils doivent à leurs lecteurs, insiste Audrey Radondy. J’ai envie de leur montrer que la majo­rité des jour­na­listes font leur métier correc­te­ment pour infor­mer au mieux et qu’ils sont utiles. » Heureu­se­ment, la curio­sité des enfants est un terreau fertile:

« Autant il y a une forte défiance des adultes envers les jour­na­listes, autant on constate aussi une forte attente de les rencon­trer, chez les grands comme chez les enfants, rapporte Anne-Cécile Hyver­nat. Ils leur posent plein de ques­tions : “Combien tu gagnes ? Est-ce que t’as déjà inter­viewé Mbappé ?” »

Raphaël Ruffier-Fossoul abonde : «  Ils comprennent vite quand on leur explique qui on est. Ils sont très en demande de connaître le métier et posent plein de ques­tion sur notre manière de travailler. Ces rencontres sont aussi l’oc­ca­sion de nous remettre en ques­tion, pour­suit le jour­na­liste. L’info circule aujourd’­hui sur des réseaux sociaux où on est peu présents. Beau­coup de jeunes ne connaissent pas les médias tradi­tion­nels et s’in­forment sur ces médias sociaux, dont l’in­té­rêt est de garder les utili­sa­teurs à l’in­té­rieur des plate­formes. »

Un monde numé­rique complexe propice aux fake news…

Cet envi­ron­ne­ment numé­rique révo­lu­tionne en effet la produc­tion et la circu­la­tion de l’in­for­ma­tion. À Lyon, l’as­so­cia­tion Fréquence écoles, qui accom­pagne les jeunes à « s’épa­nouir dans les mondes numé­riques », déve­loppe depuis 30 ans une éduca­tion aux médias numé­riques.

« L’ÉMI est fonda­men­tale, mais ce n’est qu’une partie de l’édu­ca­tion au numé­rique, affirme Chris­tophe Doré, respon­sable des inter­ven­tions au sein de l’as­so­cia­tion. Les enfants confondent info et actu. Pour eux, l’info, c’est le jour­nal de 20h qu’ils ne regardent pas. Donc ils pensent qu’ils ne s’in­forment pas. Or, surfer sur Inter­net, c’est déjà être face à un tas d’in­for­ma­tions. »

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Alors l’as­so­cia­tion inter­vient auprès des cycles 3 (CM1–6e) pour leur expliquer ce qu’est Inter­net, ce qu’est un algo­rithme, son rôle dans un média social… Et la diffé­rence entre médias tradi­tion­nels et médias sociaux, ces plate­formes en ligne (blogs, réseaux sociaux, etc.) où chacun devient émet­teur d’une infor­ma­tion.

Sans jour­na­liste pour véri­fier la véra­cité des faits et la fiabi­lité d’une source, désin­for­ma­tion et mésin­for­ma­tion ont alors champ libre sur les réseaux sociaux. A fortiori à l’ère de la bataille de l’in­for­ma­tion: «  Les réseaux sociaux sont de plus en plus instru­men­ta­li­sés pour diffu­ser de fausses infor­ma­tions, avec des inté­rêts bien compris derrière », soupire Raphaël Ruffier-Fossoul.

… Et aux deep­fakes

À cela s’ajoute l’es­sor des intel­li­gences arti­fi­cielles (IA) qui va de pair avec celui des deep­fakes (hyper­tru­cages). Au point que le 6 février 2024, Meta, maison mère de Face­book et Insta­gram, a annoncé qu’elle allait iden­ti­fier les images géné­rées par l’IA sur ses réseaux sociaux afin de lutter contre la désin­for­ma­tion.

« Aujourd’­hui, avec les deep­fakes, même les images peuvent mentir. C’est ce que les élèves ont le plus de mal à comprendre, rapporte Chloé Bertaina, profes­seure docu­men­ta­liste et profes­seure d’ÉMI au collège Jules-Miche­let à Vénis­sieux. Il faut culti­ver l’es­prit critique face à ce flot d’in­for­ma­tions pour qu’ils comprennent que tout ce qu’ils voient sur Inter­net n’est pas toujours vrai. Je le vois bien chez mes 6e : ils ont une seule source d’in­for­ma­tion: Télé­gramme, Youtube ou TikTok… »

Alors la profes­seure décrypte avec eux les images : «  Je leur dis que si eux savent faire une vidéo TikTok, n’im­porte qui peut fabriquer un montage sur Inter­net.  » Et les invite à réflé­chir au fonc­tion­ne­ment d’une fake news : « On se demande pourquoi les fausses infos se propagent mieux sur Inter­net que les vraies, décrit-t-elle. Ils se rendent compte que la fausse info est sensa­tion­nelleAlors que la vraie est rare­ment spec­ta­cu­laire : elle demande de la nuance, du temps de réflexion… »

Davan­tage d’édu­ca­tion aux médias et à l’in­for­ma­tion…

Dans son collège, Chloé Bertaina est aussi l’ins­ti­ga­trice d’un projet d’in­no­va­tion péda­go­gique suivi par le Clémi. L’idée: que tous les élèves de 6e aient au moins une heure d’ÉMI par semaine fixée dans leur emploi du temps. Une expé­rience menée dans le cadre du dispo­si­tif Cités éduca­tives du quar­tier Minguettes-Clochettes et qui a permis de monter cette année une web radio avec l’as­so­cia­tion lyon­naise de jour­na­listes Tout va bien.

Parmi les projets qui fédèrent de nombreux ensei­gnants du collège, un podcast sur les métiers des médias dans lequel des élèves de CM2 et de 6e inter­viewent des jour­na­listes de la presse écrite, de la radio, des monteurs vidéo… « On est aux Minguettes en REP+, donc l’ÉMI est très impor­tante. Outre leur faire décou­vrir une diver­sité de métiers, l’enjeu c’est de les mettre au plus vite à la produc­tion de l’in­for­ma­tion pour qu’ils comprennent comment on peut faci­le­ment la mani­pu­ler », défend celle qui plaide pour davan­tage d’ÉMI à l’école.

« C’est un sujet qui n’est pas assez embrassé par la profes­sion. C’est l’af­faire de tout le monde, donc ce n’est l’af­faire de personne, résume-t-elle. L’ÉMI est censée être abor­dée dans toutes les disci­plines, mais sur le terrain, c’est plus compliqué. Les collègues n’ont pas forcé­ment le temps, ne sont pas toujours formés… Pour­tant, les enjeux sont immenses. L’édu­ca­tion aux médias et à l’in­for­ma­tion regroupe telle­ment de champs qu’elle méri­te­rait un programme. »

…et de dialogue parents-enfants !

Mais les jour­na­listes appellent aussi à dédra­ma­ti­ser. « Au lieu de dire que les jeunes sont sur leur portable à voir des fake news, deman­dons-leur leur avis en partant de leur pratique, enjoint Audrey Radondy. Et montrons-leur les choses inté­res­santes qui existent aussi sur les réseaux, comme ce nouveau rendez-vous de France TV C’est quoi l’info ?* »

Une vision à laquelle adhère Anne-Cécile Hyver­nat : « Les adultes pensent que les jeunes ne s’in­forment pas. En réalité, ils sont très infor­més : ils ont des comptes Insta de plus en plus tôt ou sont sur celui du grand frère. Il faut favo­ri­ser le dialogue inter­gé­né­ra­tion­nel pour aller voir ce qu’ils reçoivent comme info et ce qu’ils en comprennent. »

Ainsi la BM propose-t-elle des ateliers pour les adultes, « car les pratiques infor­ma­tion­nelles des enfants viennent souvent de celles des parents  », observe Anne-Cécile Hyver­nat. « La défiance et la désin­for­ma­tion sont assez faibles chez les moins de 12 ans, rassure Raphaël Ruffier-Fossoul. Elle vient surtout des adultes : les enfants n’in­ventent pas que “les jour­na­listes mentent”. C’est pour ça qu’on essaie de faire aussi des ateliers parents-enfant.  »

À l’ins­tar du collège Jules-Miche­let, qui essaie d’im­pliquer les parents dans ses projets ÉMI «  pour qu’ils s’ini­tient à la fabrique de l’info, mais aussi parce que ce que voient les enfants sur Inter­net n’est pas toujours discuté en famille  », rapporte Chloé Bertaina.

Un néces­saire dialogue inter­gé­né­ra­tion­nel, mais aussi citoyen. « C’est pour ça que j’ai toujours accepté d’al­ler dans les classes, confie Raphaël Ruffier-Fossoul. Pour expliquer ce qu’est la liberté d’ex­pres­sion, comment une infor­ma­tion libre permet la démo­cra­tie… . Et répé­ter sans cesse aux enfants que c’est une profes­sion ouverte dans laquelle ils peuvent être les jour­na­listes de demain. »

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© Susie Waroude

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