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L'appli TI3RS contre les violences conjugales
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Violences conjugales: une maman crée l’appli TI3RS pour des échanges sécurisés entre parents séparés

Mis à jour le 04/10/2023

Après des années de violences conjugales, Eva Ngalle a quitté Lyon et son ex-conjoint. Maman d’un garçon de 8 ans, elle a créé l’application mobile TI3RS pour sécuriser les échanges entre les parents séparés dans le cadre de violences. Accompagnée par deux incubateurs lyonnais, Eva développe en ce moment son appli, qui protège aussi bien le parent que les enfants exposés aux violences.

TI3RS est la première application de communication pour les parents séparés en contexte de violences conjugales. Comment en avez-vous eu l’idée ?

J’ai vécu 8 ans avec un homme violent. Je pensais qu’en partant la violence s’arrêterait, mais non. Comme on a un petit garçon de 7 ans, on est obligé de se parler pour organiser les week-end, les vacances… Cette communication passe par le téléphone, où ont lieu menaces, harcèlement et insultes. Moi, j’avais peur de mon portable à chaque fois qu’il sonnait. Pour se protéger, chacun fait avec les moyens du bord. Il y en a qui ont deux téléphones, d’autres qui le bloquent. Certaines qui se sentent obligées de répondre et d’autres qui demandent à leur entourage de leur lire les sms en filtrant les menaces. Moi-même j’ai déjà demandé à mon avocate. Mais le dimanche, l’avocate ne travaille pas… Quant aux associations, elles sont débordées. On se retrouve donc vite démunis.

Quelles solutions propose alors l’appli TI3RS ? 

Un numéro fictif est créé à l’inscription qui permet de ne pas acheter un autre téléphone. Pour ne plus être à la merci de l’autre parent qui envoie 50 messages dans l’heure, on peut choisir quand recevoir les notifications : le soir quand les enfants sont couchés, quand on est seule ou entourée de sa psychologue ou ses amis… Un système filtre les insultes et les menaces qui sont remplacées par des étoiles pour prévenir la violence verbale et psychologique. On peut aussi télécharger un historique des conversations qui, lui, ne sera pas filtré pour l’utiliser dans les démarches juridiques. Car le plus dur une fois qu’on a porté plainte, c’est d’apporter des preuves. Le plus souvent, c’est une capture d’écran des messages reçus. Sauf qu’il faut en faire assez pour prouver que ce n’est pas un fait isolé, mais que c’est tous les jours. Dès fois on demande trois ans d’échanges ! Avec TI3RS, l’historique constitue un seul document clair. 

L’appli TI3RS entend aussi protéger les enfants…

La plupart du temps, les enfants sont au milieu, ils sont l’objet du chantage. Souvent, comme ils sont le seul lien qui reste, ils font passer les messages: “Tu diras ça à ta mère, tu diras ça à ton père…” Mais ce n’est pas leur rôle. L’appli servira donc aussi à les en sortir. Et puis les enfants sont des éponges, ils sentent quand on n’est pas bien. Mon fils sait très bien qu’à chaque fois que son père m’appelle, il va m’insulter. Dès que mon téléphone sonne, il me dit “réponds pas” et il est hyper mal à l’aise. Alors savoir que les parents ont un lieu pour communiquer en toute sécurité, ça les rassure.

L’application fonctionne par un abonnement de 9, 90€ par mois. Les femmes seules avec enfant peuvent-elles le payer ?

J’ai posé la question à 127 personnes et la moyenne qu’elles étaient prêtes à payer pour la paix c’est entre 15 et 25 € par mois. Je tiens aussi à rappeler que la violence conjugale touche toutes les classes sociales. Mais les personnes accompagnées par des associations avec lesquelles j’ai un partenariat pourront en bénéficier gratuitement. J’aimerai aussi proposer l’appli aux assurances et aux entreprises dans le cadre de la RSE*. Les employeurs commencent à s’engager contre les violences familiales. C’est une bonne chose car parfois nos collègues sont les seules personnes qu’on côtoie si on est complètement isolés.

Aujourd’hui, la levée de fonds a atteint 16000 € et vous espérez un lancement de l’application en septembre 2023. Vous devez être fière de vous.

Oui. Quand 42 000 personnes me disent que mon idée est super, après avoir été dévalorisée pendant longtemps, ça fait du bien de voir que ce n’est pas soi le problème. Et mon fils est trop fier, c’est super! J’ai eu un prix dans une soirée à Lyon; il a filmé mon passage et quand je suis descendue de la scène hyper stressée il m’a fait un gros câlin ! Quand j’ai reçu le prix Coup de cœur du Jury, il était très ému, c’était trop joli. Ça fait sens car c’est lui qui a inspiré le projet.

*Responsabilité Sociale des Entreprises


Plus d’informations sur l’appli TI3RS: ti3rs.fr/application

Propos recueillis par Louise Reymond • Illustration © Camille Gabert

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