Ne dites jamais à Véronique Desroches que les marionnettes c’est dépassé, que 3 petits tours et puis s’en vont ! Depuis 19 ans, elle prouve le contraire à chaque édition des Têtes de bois, le festival qu’elle a créé. Elle ne propose pas de simples spectacles de marionnettes à un très jeune public. Il s’agit bien ici de théâtre à part entière, avec une inventivité dans l’écriture, dans la scénographie, qui dépasse largement le cadre d’un castelet. Cette année, le rendez-vous aura les atours d’un bestiaire, enluminé sous des formes variées.
Dans un drôle de fournil, un conteur pétrit histoires, marionnettes et décors avec de la farine, du levain et une belle pincée d’imagination. Ainsi jaillissent tout chauds des souris, un ours, un tigre… Les 3–6 ans vont se jeter sur la fournée des Petits pains de la compagnie Rouges les Anges.
Adapter une nouvelle d’Oscar Wilde, en musique et sans paroles, avec des chiffons, du fil de fer et des boîtes de sardines, c’est le défi relevé par la compagnie Racagnac. Un pari gagné, notamment grâce au décor et aux machineries, faits de bric et de broc. Le Prince heureux et sa brocante poétique charmeront les jeunes spectateurs (de 6 à 9 ans).
À l’arrivée de la micheline qui vient de déposer la jeune Esmée, Mamie Queenie n’est pas au rendez-vous des vacances. Selon les dires de son mari, elle est partie rejoindre le cirque Sur la corde raide. La complicité nouvelle qui va se nouer entre ces deux êtres, autour d’une absence, est mise en scène avec des petites marionnettes sur table, très réalistes. Installés dans une sorte de petite arène aux gradins de bois, les spectateurs ont l’impression d’être invités à partager, autour d’une table, ce précieux moment d’intimité. La compagnie Arts et Couleurs a adapté, tout en finesse, un récit de Mike Kenny, abordant l’absence d’un être cher (de 6 à 12 ans).
Dans Le Ciel des ours, c’est un déluge de genres. La virevoltante compagnie Teatro Gioco-Vita jongle joyeusement avec les genres : un théâtre d’ombres, des danseurs portant de grands masques (inspirés de Wolf Erlbruch), des images projetées, un clown, un pantin, un violon… pour conter des histoires d’ours ; un joli bazar, et surtout un théâtre d’illusion, offert par de vrais saltimbanques (de 3 à 8 ans).
Côté expo, lever de rideau sur une collection de théâtres de papiers qu’achetaient les familles, d’abord dans l’Angleterre du début du XIXe, puis un peu partout en Europe, pour mettre en scène à la maison leurs propres pièces avec des personnages découpés.
Vincent Jadot