Pour cette rubrique éphémère publiée jusqu’en décembre, nous avons retrouvé des enfants qui ont posé en Une de Grains de Sel dès les débuts de sa diffusion. Ces filles et ces garçons, aujourd’hui adolescents ou jeunes adultes, forment la génération Grains de Sel. Ce mois-ci, nous avons discuté avec Camille, étudiante en fac d’anglais à Grenoble et passionnée de cinéma depuis toujours.
Qui es-tu, Camille ?
J’ai 20 ans et je suis en 1re année de Langues, Littératures et Civilisations étrangères et régionales (LLCER) en anglais, à Grenoble, pour devenir prof. Auparavant, j’ai fait du droit à Lyon, mais cela ne m’a pas plu.
Pourquoi ?
Le droit n’était pas mon vrai choix. Je n’avais pas bien classé mes vœux sur Parcoursup qui débutait juste. J’ai quand même eu ma 1re année, intéressante culturellement, mais quand on est entré dans le vif du sujet, en 2e année, je ne me suis pas vue continuer. Je crois que les gens de ma génération ne veulent pas se forcer à faire des études qui ne leur plaisent pas. Soutenue par mes parents, j’ai préféré arrêter.
Comment te sens-tu aujourd’hui ?
Ma vie a changé du tout au tout en septembre, car pour la première fois, j’ai quitté Lyon pour habiter seule. C’était un peu compliqué… Même si je n’ai que deux ans d’écart avec les autres étudiants, ça fait quelque chose de repartir en 1re année. Mais j’ai des acquis, je connais bien le système de la fac, je sais qu’il faut travailler seul, sinon on ne s’en sort pas. Aujourd’hui, je suis très contente, j’adore mes cours.
Qu’est-ce qui te plaît dans ces études d’anglais ?
J’adore cette langue ! J’ai eu la chance de pas mal voyager quand j’étais petite. Et surtout, mes parents, qui étaient gérants de vidéo-clubs, sont de vrais passionnés de cinéma. Ils m’ont montré des films en V.O. très tôt.
T’ont-ils transmis leur passion ?
Ah oui ! Entre leur boulot et le quartier Lumière où nous habitons depuis toujours, ma vie tourne autour du cinéma. Comme une sorte de fatalité. Je vais au cinéma chaque semaine. J’adore l’esthétique de Wes Anderson, Almodovar et Wong Kar-wai. J’ai fait Les sorties d’usine du Festival Lumière, avec Coppola, Tarantino… Je ne me ferme pas de porte pour un jour travailler dans ce milieu, sans savoir encore comment. Je vis cette passion comme une vraie chance, que j’aimerais un jour transmettre moi aussi.
Te souviens-tu de cette prise de vue pour Grains de Sel en 2010 ?
Oui, d’autant que c’était dans la voiture de collection de mes parents, une R8 rouge, qu’ils n’ont plus aujourd’hui. On avait roulé longtemps pour trouver un endroit désert, en pleine campagne. Je me souviens qu’on rigolait beaucoup avec mon frère. Je portais des bottes de cow-boy et un blouson en cuir, c’était la classe !
Quel lien entretiens-tu avec Lyon ?
Lyon fait partie de mon identité. Aujourd’hui, je prends plaisir à y revenir le week-end, et j’ai un petit pincement au cœur quand je repars le dimanche soir. J’adore le quartier Lumière où toute ma famille habite, l’ambiance familiale, le marché sur la place, l’Institut Lumière, ce lien entre l’ancien et le moderne.
Où te vois-tu dans 10 ans ?
J’aimerais pouvoir vivre à l’étranger dans les dix prochaines années, peut-être à Amsterdam, ville pour laquelle j’ai eu un gros coup de cœur. Mais je suis sûre que je reviendrai à Lyon pour fonder une famille.
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Baby, you can drive my car
La voiture familiale se révéla si inspirante aux yeux du photographe Xavier Schwebel, qu’elle donna lieu à deux couvertures de Grains de Sel. Sur la première, datée de juin-juillet-août 2010 (n° 58), Camille est accompagnée de son petit frère Dimitri, alors âgé de 4 ans. Sur la seconde, datée de novembre 2011 (n° 70), elle est assise sur la banquette arrière en cuir, jetant un coup d’œil à travers le pare-brise comme pour mesurer le chemin parcouru.
Par Clarisse Bioud