Après avoir testé, l’an dernier, la loca­tion de vête­ments d’oc­ca­sion pour enfants, Annouck Blan­chouin les propose aujourd’­hui à la vente, dans sa boutique Loca Loca située en bas des Pentes de la Croix-Rousse. Quand on sait qu’un jeune enfant ne porte en moyenne un vête­ment que sept fois, on ne peut que soute­nir l’ini­tia­tive de cette Lyon­naise de cœur à l’en­ga­ge­ment commu­ni­ca­tif.

Rien ne prédes­ti­nait Annouck Blan­chouin, aujourd’­hui âgée de 26 ans, à s’en­ga­ger dans la lutte contre l’im­pact envi­ron­ne­men­tal de l’in­dus­trie textile. Étudiante à l’IAE de Lyon, il a fallu une année de césure parta­gée entre le Canada et la Nouvelle-Zélande, pour que la jeune Haute-Savoyarde au large sourire conta­gieux se pose LA ques­tion qui a tout changé pour elle : « Qu’est-ce qui fait sens pour moi et comment puis-je mettre mes compé­tences en vente, mana­ge­ment et marke­ting, au service d’une société qui me corres­ponde davan­tage ?  »

Elle opère alors un virage à 360 degrés et se docu­mente sur tout ce qui touche à l’im­pact envi­ron­ne­men­tal. « Le secteur agroa­li­men­taire béné­fi­ciait déjà d’une belle dyna­mique, alors je me suis tour­née vers celui de l’in­dus­trie textile où je voyais la prochaine étape possible de l’évo­lu­tion des modes de consom­ma­tion  », explique l’en­tre­pre­neuse, qui fut profon­dé­ment choquée par l’ef­fon­dre­ment du Rana Plaza en 2013 au Bangla­desh : « Ce drame a réveillé les consciences et mis en lumière les marques qui faisaient les choses correc­te­ment et les autres…  » La jeune femme se dit aussi « effa­rée que la fabri­ca­tion en coton bio soit présen­tée comme le “plus” d’une marque et non la norme.  »

Habiller et rhabiller les enfants lyon­nais

Cons­ta­tant qu’un vête­ment n’est que très peu porté au cours des premières années de l’en­fance, Annouck décide de les propo­ser en loca­tion aux parents, à Lyon où existe « un très bel écosys­tème de mode éco-respon­sable. » Sa rencontre avec l’équipe de We Dress Fair, spécia­liste local de l’in­for­ma­tion et de la sensi­bi­li­sa­tion à la mode éco-respon­sable, est déter­mi­nante : « Ils m’ont accom­pa­gnée person­nel­le­ment, profes­sion­nel­le­ment et maté­riel­le­ment en me prêtant leur boutique de la rue des Capu­cins pour que j’y orga­nise des pop up stores les dimanches et lundis.  » Ainsi naît Loca Loca en juin 2020. Le concept plaît, mais la marge réali­sée ne suffit pas à garan­tir la renta­bi­lité du projet d’An­nouck qui décide alors de le réorien­ter. « Ce n’était pas tant la loca­tion qui comp­tait, mais faire que les vête­ments soient le plus possible réuti­li­sés et loca­le­ment. Je suis donc passée à la vente de seconde main.  » Car la jeune femme n’en revient pas : « Seule­ment 25% des femmes achètent de l’oc­ca­sion et 50% souhai­te­raient le faire mais ne passent pas à l’acte.  » Pourquoi ? Le plus souvent parce que ce type d’ha­bit est jugé sale, en mauvais état et mal présenté. Déter­mi­née à prou­ver le contraire, Annouck installe sa boutique là où tout a commencé pour elle, rue des Capu­cins (Lyon 1er). Pour la meubler, elle récu­père un comp­toir-caisse dans un stock indus­triel, les portants d’une ancienne expo au musée des Tissus, des branches d’arbres dans le jardin de ses parents… Ses cintres sont français, même si elle doit y mettre le prix : « Si tu les achètes en Chine en prenant l’ex­cuse que tu fais de la seconde main, ça n’a vrai­ment pas de sens…  »

Les vête­ments propo­sés, de la nais­sance à 6 ans, viennent d’un spécia­liste limou­sin de la seconde main, mais aussi et surtout de pièces rache­tées au kilo, et contre des gonettes, auprès de parti­cu­liers reçus sur rendez- vous. Les habits doivent être lavés et ne présen­ter aucune tache ou trace d’usure. Annouck accepte toutes les marques, sauf celles de la grande distri­bu­tion dont les prix sont trop bas pour lui permettre de marger. Une fois en boutique, les prix varient de 3 à 30 euros, expliqués en détail sur chaque étiquette. Infor­mer, sensi­bi­li­ser, faire sens toujours… Comme le fait d’ac­cueillir à la vente, dans sa boutique, les jouets recon­di­tion­nés d’Enjoué*. Une bonne idée, en plus du grand tableau en ardoise qui aide les enfants à patien­ter pendant le shop­ping de leurs parents.
Le résul­tat est si convain­cant que certains parents n’osaient pas entrer au début, pensant qu’il s’agis­sait d’une nouvelle marque de vête­ments trop chers pour eux. Sur la devan­ture, Annouck a donc ajouté la mention expli­cite « Seconde main pour les bébés et les enfants ». Voilà qui fait sens.

Lire notre article dans Grains de Sel n°159.

Loca Loca6 rue des Capu­cins, Lyon 1er.
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h.