La question du genre est au centre de l’actualité. Certaines personnes ne se reconnaissent ni fille, ni garçon, et leur enfance, voire leur adolescence, s’en trouvent difficiles à vivre.
À la demande des parents, des interventions chirurgicales font très tôt basculer l’enfant dans un sexe ou l’autre. Mais une fois devenus adolescents ou adultes, certains vivent très mal cette intervention décidée sans leur consentement par définition puisqu’elle est intervenue très tôt dans l’enfance.
D’autres enfants restent dans des caractéristiques génétiques qui ne les font se sentir ni fille ni garçon et peuvent demeurer ainsi à vie. Comment la loi peut-elle reconnaître cette situation ?
En France, l’état civil des personnes se définit par rapport aux nom, prénom, date et lieu de naissance, et sexe. Pour la Cour de Cassation, la mention « sexe neutre » ne peut être inscrite dans les actes d’état civil. En effet, il n’existe que deux mentions relatives au sexe, masculin ou féminin, et cette binarité poursuit un but légitime nécessaire à l’organisation sociale et juridique de la société française.
Même si la loi ne définit pas la notion de « sexe », la binarité existe dans le Code civil, notamment dans l’article 388 qui défi- nit la minorité comme étant l’individu de l’un ou l’autre sexe qui n’a point encore l’âge de 18 ans accomplis.
Une circulaire du 28 octobre 2011 envisage toute- fois la situation des enfants intersexes en pré- voyant la possibilité de différer la mention du sexe à titre exceptionnel et avec l’ac- cord du Procureur de la République, si ce sexe peut être déterminé dans un délai d’un ou deux ans. Il s’agit donc d’un simple différé, aucun texte n’autorisant une dispense définitive.
Il en va autrement à l’étranger. En Allemagne, une loi de 2013 permet de ne pas renseigner le champ relatif au sexe en le lais- sant vide : les intéressés peuvent ensuite, au cours de leur vie, faire le choix d’un sexe ou garder la men- tion sexe non renseignée. L’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Inde, le Népal, la Malaisie, la Thaïlande ont admis la créa- tion d’une troisième catégorie à l’état civil : sexe neutre ou autre cas. En Australie, le « genre neutre » n’est toutefois admis qu’après un examen minutieux du dossier médical.
Par Nathalie Caron
avocate au barreau de Lyon et membre de la commission de droit des mineurs.