Qui sont les jeunes aidants ?
Ce sont des jeunes de 7 à 25 ans, confrontés à un problème de santé au sein de leur famille ou de leur entourage : un parent, un frère, une sœur ou un conjoint, auquel ils vont apporter une aide quotidienne du fait de sa perte d’autonomie.
À La Pause Brindille, on accueille des enfants confrontés à différents problèmes de santé. Il peut s’agir de maladies dégénératives comme le cancer, chroniques comme le diabète ou bien psychiques telles que la bipolarité ou la dépression. Certains sont confrontés au handicap, qui peut être mental ou moteur, ou encore à l’addiction.
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Leur soutien peut être moral – être la personne qui maintient le lien – ou logistique – faire les courses, le ménage, les repas, s’occuper du petit frère ou de la petite sœur… Certains gèrent aussi le traitement de la personne, en cas de diabète par exemple. Ces jeunes ont un rôle de petite maman au sein de la famille.
Quels impacts sur leur vie ?
Ce sont des enfants qui vont acquérir beaucoup de maturité. Elle est à double tranchant : ils sont responsabilisés trop vite donc ils perdent leur insouciance, en revanche ils acquièrent une autonomie et des qualités relationnelles comme l’écoute, l’empathie et une bienveillance naturelle envers les personnes fragiles.
Souvent d’ailleurs, ils s’orientent vers les métiers du soin. Dans les groupes de parole qu’on anime avec les enfants, beaucoup veulent devenir psychologues. À La Pause Brindille, on essaie de faire que ces enfants se recentrent sur eux, leurs désirs, leurs besoins, leurs choix… C’est un vécu qui peut être lourd à porter avec d’importantes répercussions sur leur vie sociale et émotionnelle, avec du stress et de l’isolement.
On a souvent de jeunes adultes épuisés, en bout de course alors qu’ils ont la vie devant eux. Il est donc important de faire de la prévention santé le plus tôt possible pour que l’enfant ne s’enkyste pas dans cette situation et soit épaulé pour construire aussi sa propre vie sans craquer, tomber dans des dépressions ou des addictions.
D’où votre campagne de sensibilisation…
Ces jeunes aidants sont très nombreux en France : on les estime à plus d’un million, bien qu’il n’existe pas de réel chiffrage national. Dans l’Académie de Lyon, ils seraient environ 60 000 élèves. Or ces jeunes ne sont pas identifiés, donc ils ne sont pas accompagnés. C’est pourtant une population à risque qui a besoin d’être soutenue.
Chacun peut aider. D’abord en s’informant dans une logique de détection, car ce sont des jeunes qui souvent ne parlent pas de leurs problèmes. Il s’agit de se demander qui autour de nous peut être dans ce cas, leur deman- der comment ils vont vraiment, de quoi ils ont besoin… Si on est enseignant, s’intéresser à ses élèves, surtout si on sait qu’ils ont une situation familiale particulière. Et accueillir leur parole.
Beaucoup de jeunes ont osé parler et n’ont pas reçu l’écoute suffisante, par manque de sensibilisation de ces adultes-là. Il faut ouvrir un espace où ils se sentent légitimes de parler, puis orienter ces jeunes vers des dispositifs de soutien.
Comment détecter les jeunes aidants ?
Un jeune distant qui a tendance à s’effacer ou est souvent fatigué peut nous inviter à creuser. À l’inverse, cela peut être des jeunes qui ont des réactions de colère ou en forte demande d’attention. Pour détecter comme pour aider, c’est important de proposer des espaces d’échanges, d’écoute et de répit : des espaces où on peut se construire comme un adulte épanoui.
La Pause Brindille déploie en ce moment le dispositif Ambassade Brindille pour créer des safe places dans les collèges et les lycées : des espaces d’échanges animés par des jeunes. À ce jour, on a deux lycées partenaires, à Amplepuis et la SEPR à Lyon. C’est plus laborieux avec les collèges, qui nous disent ne pas avoir de jeunes avec de tels problèmes. Pourtant, on sait très bien qu’ils sont nombreux parmi les 8–12 ans. Il y a encore en France une vraie méconnaissance autour du sujet des jeunes aidants.
La Pause Brindille, 28 rue Paul-Chenavard, Lyon 1er. En savoir plus sur la campagne, participer ou faire un don: par tél. au 06 19 52 46 21. Par email à contact@lapausebrindille.org. Sur internet à lapausebrindille.org ou sur Tiktok. Instagram : @lapausebrindille.
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