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Illustration de Carla Vernile sur l'entrée au collège
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Passage au collège: “ça va bien se passer” !

Mis à jour le 26/07/2024
Étape charnière de la scolarité d’un élève et de la vie d’un enfant, le passage en 6e alimente de nombreuses angoisses chez les CM2. D’un cocon bien connu où ils sont les plus grands, ils sautent dans l’inconnu où ils seront les plus petits, devront gagner en autonomie et se faire de nouveaux amis… La 6e, c’est aussi parfois le temps du premier téléphone portable, pratique mais soulevant de nombreuses questions. Comment faire en sorte que ce passage au collège se passe sereinement ? Enseignant, CPE, psychologue, parents et enfants nous livrent leurs conseils et leurs impressions.

« Le jour de la rentrée au collège, j’étais super stressée, se rappelle Zoé, aujourd’hui en 6e au collège La Favorite à Lyon 5e. Je voulais absolument être dans la même classe que ma meilleure amie et quand
ils ont appelé mon nom, j’ai vu des personnes que je ne connaissais pas et j’ai vraiment eu peur de ne pas me faire de nouveaux amis
. »

En 6e au collège Charles de Foucault à Lyon 8e, Gaspard aussi se demandait à quelle sauce il serait mangé le jour de la rentrée: « J’ai été stressé jusqu’à ce que je découvre ma classe. Là, y a eu un peu de joie, parce que j’étais avec un de mes copains, du coup j’étais pas tout seul. »

Olivia, elle, passera en 6e en septembre. Une perspective qui la rend très anxieuse. « Je connais pas le collège et je vais être la plus petite, confie-t-elle d’une petite voix, l’inquiétude se lisant dans ses
grands yeux bleus. C’est grand comparé à l’école… Je me suis dit: je vais me perdre dans les couloirs, comme on change tout le temps de salle. Je serai avec mes copains, mais quand je change de salle, pas toujours… J’ai pas envie d’être toute seule. »

Même peur chez Chloé, qui attend sa rentrée dans un collège de la Croix-Rousse : « Avant il y avait ma sœur, je pensais que je serais avec elle, mais en fais non. Ça m’enlève quelque chose… »

La peur de se retrouver tout·e seul·e

Quitter le cocon de l’école primaire pour se retrouver dans un univers inconnu où ils devront apprendre à être autonomes : voilà un grand chambardement pour les CM2. Face à tous ces changements, une peur englobe toutes les autres : ne pas être avec ses copains et se retrouver seul.

Dans cette perte de repères, « c’est rassurant de connaître des gens au collège », nous dit Zoé. Pour Aurore Plat, psychologue à Lyon, « c’est une façon de limiter le stress de l’inconnu en y mettant un peu de connu. Pour cela, les enfants peuvent demander à être avec un ou deux copains de Primaire. »

Les collèges le savent bien et jouent le jeu, la plupart du temps. Dans celui de Gaspard, « ils ont fait exprès de mettre six élèves de l’école dans chaque classe de 6e pour pas qu’on soit seuls. » Chloé, elle, s’est vu demander à la fin du CM2 avec qui elle voudrait être en 6e.

Et à celles et ceux dont les copains ne vont pas dans le même collège, Aurore Plat rappelle : « Si, jusqu’ici, ils ont su se faire des amis, il n’y a pas de raison qu’au collège ce soit différent. Ça peut causer un peu d’anxiété : c’est normal. Mais se faire de nouveaux amis, rencontrer l’autre, ça peut passer par des choses assez tranquilles : parler à la personne qui est à côté de soi, lui proposer de manger ensemble au self, lui demander ce qu’il ou elle aime… »

Pour un passage au collège en douceur

Mettre du connu dans l’inconnu, « ça peut aussi être de visiter le collège en amont », reprend la psychologue. Les établissements organisent à cet effet portes ouvertes et rencontres entre 6 e et CM2.

« On leur fait visiter, on explique le rôle de chaque adulte: le professeur principal, le CPE… Les CM2 des écoles de notre secteur participent aussi au cross avec les 6e. Tout ça permet de moins appréhender la rentrée parce qu’on aura passé un moment sympa dans le collège », raconte Manon, CPE dans un collège de Lyon 5e.

« Moi, j’ai pas peur parce qu’on a visité l’établissement et on a même participé à un cours », affirme Jeanne, la meilleure amie de Chloé. Pour Zoé aussi, la visite du collège fut salutaire : « Pendant les portes ouvertes, la 6e qui lui faisait visiter était là depuis six mois : ça a été rassurant pour Zoé de voir comme elle était à l’aise », raconte sa mère Émeline.

Le futur collège de Chloé et Jeanne organise, lui, des projets passerelles avec l’école primaire, au cours desquels les CM2 viennent présenter leur livre préféré aux 6e, et inversement.

Et quand arrive le jour de la rentrée, pas d’inquiétude : « La 6e, c’est une année pour acquérir des repères, calme Marie, professeure de français à Lyon 7 e. On désigne des binômes de travail pour qu’ils s’épaulent, on se promène avec eux dans l’établissement pour qu’ils se repèrent… Pour les rassurer, je leur fais lire des textes qui évoquent la rentrée au collège : Pénac, Pagnol, Sartre… »

S’acclimater à un nouveau système

Vient ensuite le temps de s’approprier son emploi du temps et de gagner en autonomie dans son travail… « Ça fait beaucoup de changements, raconte Gaspard. Au début, je regardais tout le temps mon emploi du temps. Mais maintenant, je le connais par cœur. Il y a juste les semaines paires et impaires où c’est un peu difficile. »

La 6e, c’est aussi souvent le temps des premiers trajets en autonomie, ce qui angoisse beaucoup Olivia, qui redoute le métro toute seule. Faire d’abord les trajets en famille est un bon moyen de rassurer l’enfant, qui prendra vite l’habitude.

Illustration passage en 6e par Carla Vernile
En route vers le collège, ça va bien se passer ! © Carla Vernile

Si la 6e va avec son lot de nouveautés, les temps modernes ne font rien à l’affaire : « Le numérique prend de plus en plus de place, regrette Marie. En musique, par exemple, ils doivent s’enregistrer, envoyer un fichier… Certains professeurs ne mettent plus que les devoirs en ligne sur Pronote. Pour les 6e, c’est un paramètre en plus à maîtriser. »

Afin de permettre aux parents de les accompagner, certains collèges proposent des permanences pour apprendre à utiliser les outils numériques pédagogiques. Marie s’inquiète enfin des complications qu’induiront les groupes de niveaux, effectifs dès septembre 2024 pour les 6e et les 5e:

« Ils auront une classe référente et deux groupes pour le français et les maths, avec des salles et des profs différents… Il va falloir accompagner les 6e dans ce nouveau fonctionnement, en choisissant les bons mots pour qu’ils ne se sentent pas catégorisés s’ils sont dans le groupe des moins bons… »

Des équipes pédagogiques qui veillent

Manon en convient: « Tous ces changements, c’est assez brutal pour les 6e. Avant, ils étaient des enfants; maintenant, on leur apprend à être des citoyens, à prendre conscience que leurs actes ont des conséquences… » Mais que les élèves se rassurent: « Les deux premiers mois, ils prennent leurs marques, on est très tolérants, reprend la CPE. C’est normal d’avoir un temps d’adaptation. »

Ex-surveillant dans un collège lyonnais, Adrien se rappelle la chétivité des 6e. « Quand ils arrivent, ils ont l’air complètement perdus, compatit-il. Les premières semaines, le but c’est de les rassurer, qu’ils se sentent épaulés. » Pour certains, la prise d’autonomie peut prendre plus de temps.

Pas de panique : « Ils ne sont pas seuls. Notre rôle, c’est de les accompagner, informe Manon. On veille autant sur leur réussite scolaire que sur leur épanouissement personnel. Si on voit qu’un élève n’arrive toujours pas à se repérer en milieu d’année, s’il est largué sur la méthodologie, c’est peut-être qu’il y a autre chose derrière : un trouble dys, une volonté d’éviter la classe… »

Alors pour bien suivre les élèves, Manon organise fin septembre des rendez-vous avec chaque professeur principal pour évaluer leur acclimatation. « Tous les ans, on a des élèves particulièrement perdus, ça nous fait sourire, s’amuse Marie. On se dit : “Il ne va jamais y arriver”, et en fait, ils y arrivent toujours ! »

Le subtil chemin vers l’autonomie

Pour y arriver, l’accompagnement des parents est primordial. « Un 6e , c’est encore un enfant, rappelle Aurore Plat. C’est important que les parents soient présents pour l’aider dans la méthodologie, notamment dans les premiers temps. »

Cela passe par vérifier ensemble son sac, l’aider à s’organiser, consulter avec lui Pronote, où sont communiqués devoirs et emploi du temps… Déjà en CM2, Émeline donnait l’habitude à Zoé de s’avancer sur ses devoirs afin qu’elle ne se sente pas submergée au collège : « On a essayé de l’accompagner au mieux, mais aussi de la laisser faire. »

Car la prise d’autonomie, « c’est aussi comment le parent va laisser la place à l’enfant de grandir et comment l’enfant va s’en saisir », ajoute la psychologue. Un subtil équilibre, pas toujours facile à trouver pour les parents.

« On ne sait pas trop comment se positionner à ce moment-là, avoue Émeline. Quand il y a un oubli de matériel, on se dit : “J’aurais dû vérifier le cartable”, alors que non : elle se rend compte qu’elle a oublié quelque chose ; la prochaine fois, elle y pensera. Il faut essayer de les responsabiliser, en douceur. »

Pour être aiguillés, Manon invite les parents à ne pas hésiter à demander des rendez-vous aux équipes pédagogiques. « La fin du premier trimestre est un bon moment pour faire un point sur ce que l’enfant a bien ou moins bien intégré et voir ensemble comment progresser, conseille enfin Marie: “Tu nous as prouvé que tu étais capable de ceci ; est-ce que tu pourrais maintenant gérer tout seul ton sac ?” »

Téléphone or not téléphone ?

Avec le passage au collège se pose souvent la question du premier téléphone. Zoé, elle, a eu le sien en août, juste avant la rentrée. Si Émeline était d’abord réticente, elle y a aussi vu le moyen de s’assurer que sa fille est bien rentrée à la maison quand elle est au travail.

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À la condition d’un usage cadré: « J’ai un temps d’écran de deux heures et un contrôle parental, c’est très sécurisé, présente Zoé. J’ai juste les messages, j’ai pas Whatsapp, mais c’est très bien comme ça : je peux très bien parler avec mes amies. Mes parents sont contre les réseaux sociaux, car ils ont peur que je me fasse harceler. »

Cette question du téléphone et du harcèlement se pose dès le CM2 à de nombreux parents. Pour Coralie, la maman de Gaspard, « c’est un gros sujet, car il y a le groupe Whatsapp de la classe dont le collège se désengage. Or, dès la 6e, il y a du harcèlement… On veut qu’il y soit confronté le plus tard possible. »

Illustration de smartphone par Carla Vernile
© Carla Vernile

En guise de repère, Aurore Plat rappelle la loi du 7 juillet 2023, qui fixe l’âge minimum d’inscription sur les réseaux sociaux à 15 ans. Elle cite également un rapport d’experts qui préconise d’interdire le téléphone aux moins de 11 ans, puis de donner un téléphone sans Internet en-dessous de 13 ans.

Amélie, elle, préfère attendre qu’Olivia passe en 4e. « En revanche, il ne faut pas que ça creuse la sociabilité avec les copains qui, eux, ont un téléphone », pointe-t-elle.

La mode et le groupe à l’adolescence

Car au collège, « c’est la classe d’avoir un Iphone, presque tous les élèves de 6e en ont un, rapporte Manon. Ils sont sur Snapchat ou sur Tiktok où il y a la dernière danse à la mode. » Et même dans l’école de Jeanne et Chloé, « la moitié des CM2 ont déjà des téléphones, ils vont sur les réseaux sociaux », témoigne Chloé.

« Il y en a, elles parlent que des vidéos Tiktok et Youtube, on se sent un peu exclues des conversations, enchaîne Jeanne. À chaque fois qu’on met une chanson qu’on aime bien, ils nous regardent bizarrement comme si on avait des goûts démodés. »

À un âge proche de l’adolescence où ils se cherchent, les collégiens sont sensibles aux modes, qu’ils tentent de partager avec le groupe par besoin d’intégration. « Le groupe à ce moment-là a son importance: c’est comment je m’identifie aux autres pour me rassurer », explique la psychologue Aurore Plat.

Manon en est témoin : « On s’habille comme les autres… Pour les garçons, c’est souvent l’injonction à être un dur, donc on arrête de travailler, car c’est la honte. Ils s’apparentent à des jeunes de la téléréalité ou certains influenceurs… »

Pour certaines filles, avec les prémices de l’adolescence, « il y a parfois du maquillage, des armes de séduction qu’on exploite pour se mettre en lien… Il faut être vigilant à ce que ça ne dérape pas sur les réseaux sociaux », alerte la psychologue. CPE et surveillant rassurent cependant ; les 6e sont encore épargnés par ces problématiques.

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Pour accompagner sa fille dans l’adolescence, Émeline s’est, elle, tournée vers son libraire : « Il m’a conseillé le livre Corps, amour, sexualité : les 100 questions que vos enfants vont vous poser, que je recommande. Zoé est aussi abonnée au magazine Julie qui est plutôt bien sur ces questions. »

Les 3e, figure admirée et crainte

Mais surtout, les 6 e copient les 3 e , figure admirée du grand. « Dans la cour, les 6e observent les 3e et ils intériorisent le fait que grandir, c’est se comporter comme eux, quitte à copier des comportements de domination, rapporte Adrien. On essaie de faire en sorte qu’ils ne tombent pas là-dedans. »

C’est que les 3e suscitent autant d’admiration que de crainte chez les petits nouveaux. Pour Zoé, « la première règle au collège, c’est de ne jamais être seule. Car parfois, des plus grands peuvent venir nous embêter, faire des blagues pas drôles… »

« Je crois que ce qui me fait peur au collège, c’est de passer du plus grand au plus petit, confesse Chloé. En CM2, quand t’es le plus grand, tu te sens supérieur, alors que quand t’es petit, c’est comme si t’étais faible… » Qu’elles se rassurent : les 3 e ne s’intéressent en général pas beaucoup aux 6e.

En cas de problèmes, « il ne faut jamais hésiter à aller parler au surveillant ou au CPE, insiste Adrien. Si un élève se sent menacé, s’il se fait embêter, il sera toujours notre priorité. » Jeanne, elle, reste philosophe : « Ça sert à rien de stresser d’être le plus petit, parce que dans quelques années, on sera les plus grands. »

Passage au collège: grandir et s’épanouir

Car le collège, c’est enfin le lieu où l’on grandit. « Le premier pas est compliqué, mais une fois qu’on y est, ça se passe bien, relativise Manon. L’inconnu fait peur, mais il y a aussi l’excitation de devenir grand. » Le collège, ça peut aussi être un nouveau départ, comme ce le fut pour Zoé:

« Je préfère vraiment le collège, car j’ai été beaucoup harcelée en primaire. Je savais que le collège ne saurait pas ce qu’il s’était passé, maman m’avait dit que ce serait un nouveau chapitre. La 6 e s’est très bien passée. Je me sens beaucoup mieux et je me suis fait plein d’amis ! »

Gaspard, lui aussi, s’est affirmé : « Il est plus ouvert, il a plus d’avis sur certains sujets… C’est une petite étape de voir ses enfants grandir », sourit Coralie avec une pointe de nostalgie. Voilà de quoi rassurer Olivia, Chloé et Jeanne : « Au début, on est stressé de savoir dans quelle classe on sera. Mais dans tous les cas, on se fait de nouveaux amis », affirme Gaspard. « Essayez de profiter de votre vie au collège: ça va très bien se passer, ajoute Zoé. Le collège, c’est génial ! »

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Illustration de Carla Vernile sur l'entrée au collège
© Carla Vernile

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