Après La Panthère des neiges réalisé avec l’écrivain Sylvain Tesson, le photographe animalier Vincent Munier porte son regard sur les forêts françaises et plus particulièrement sur celle des Vosges où il a grandi. Pour l’exposition En forêt qui débute mi-février au Musée des Confluences, il partage les images d’une faune familière que l’on connaît pourtant si mal. « Mon travail est une ode à la beauté animale, à ses animaux qu’on a tant mis de côté. Ce sont nos contemporains et on les ignore », déplore le photographe qui nous invite alors à les admirer.
On entre dans l’exposition comme on entre en forêt: dans une pénombre et un silence qui fait la lumière sur les animaux bruissant au fond des bois. Quelques hululements, un bruissement d’ailes, le brame du cerf qui retentit soudain… La forêt est autour de nous en tapisserie, mais aussi dans les clichés en noir et blanc de Vincent Munier: Grand-duc, renard roux, pic noir, biches et cerfs élaphes y sont comme des ombres fugaces dérobées à la nuit tombée. « Imaginez attendre des heures sous une bâche le passage fantomatique du cerf, raconte avec passion le photographe. Parfois, on attend si longtemps qu’on ne sait plus si l’apparition est réelle ou si c’est un rêve. »
S’effacer pour contempler les animaux
Cette contemplation, le visiteur s’y abandonne devant un film de vingt-cinq minutes, prises de vues nature et sans musique de la vie de la forêt. Pépiement de la mésange sur une branche au matin glacé, évapotranspiration des arbres dans les rayons rasants de l’aube, rencontre de la biche et du cerf dans la brume… Petit à petit, le visiteur devient ce photographe ébloui devant le miracle animal, partageant « cette sensation incroyable qu’on peut avoir face à un Grand-duc à cette heure crépusculaire. »
Dans la dernière partie de l’exposition, des pièges photographiques installés comme des petites boîtes à cinéma – dont plusieurs à auteur d’enfant – permettent d’épier la martre des pins se roulant dans la mousse forestière ainsi que le lynx et le loup, grands prédateurs des forêts en bonne santé. Tout dans cette exposition invite à l’état contemplatif, tant regarder les animaux consiste à s’effacer. « Notre espèce prend tant de place, fait tant en bruit… Or, nous ne sommes pas seuls », rappelle Vincent Munier.
« Parfois, je perds la foi face à tout ce qu’il se passe. Mais si j’ai un espoir, ce sont les enfants. Il faut absolument qu’ils aillent en forêt s’émerveiller, rappelle le photographe qui a passé ses premières nuits dans les bois à l’âge de 12 ans. L’école de la forêt est la meilleure des écoles pour apprendre à regarder et se rappeler qu’on a besoin des autres êtres vivants. Pas seulement pour des raisons écologiques, mais aussi pour leur beauté. »
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Les animations En forêt des vacances de février
En échos à l’exposition En forêt avec Vincent Munier, le musée des Confluences organise trois événements jeune public pendant les vacances d’hiver les 20, 21 et 22 février. Dans le spectacle L’appel de la forêt, la compagnie TaCtus et la dessinatrice Marion Cluzel adaptent le chef d’œuvre de Jack London. Tout en musique, bruitage et illustrations faites en direct, ils content aux enfants dès 6 ans l’histoire de Buck, un chien domestique parti en expédition dans le Grand nord canadien, qui va peu à peu ressentir l’appel du monde sauvage…
Mercredi 21 février, les fans de Hayao Miyazaki se régaleront avec la projection du sublime Princesse Mononoké (dès 10 ans). Cette fable écologique plonge le spectateur dans le 15e siècle japonais où les animaux tentent de protéger la forêt décimée par les hommes. À l’issue de la séance, la géographe Mauricette Fournier expliquera comment le film a contribué à une prise de conscience environnementale à sa sortie en 1997.
Autre projection le lendemain jeudi 22 février avec Il était une forêt de Luc Jacquet. En 1h18, les enfants dès 10 ans voient naître et vivre une foret tropicale. Tous les secrets des arbres leur sont révélés, avant une rencontre passionnante avec Bastien Boussau, chercheur au CNRS et spécialiste de l’évolution des êtres vivants. De quoi passer des vacances en forêt au musée des Confluences !
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